Une période de fièvre, un virus ou une infection peuvent arriver soudainement en Inde comme ailleurs. Nous vous expliquons les gestes à adopter, ainsi que les particularités de l’hôpital indien.
L’hôpital indien, un lieu qui n’est pas dédié qu’aux urgences
En tant que Français, nous avons tendance à nous garder d’une visite à l’hôpital. Il vous est par ailleurs sûrement arrivé de fixer ce poster « les urgences, c'est pas une évidence ! » dans la salle d’attente de votre médecin traitant français. Afin de désengorger les services hospitaliers qui sont pour la plupart surmenés, le réflexe de l’hôpital n’est pas rendu populaire en France.
Le système indien est tout à fait différent. Pour consulter certains praticiens, vous devrez nécessairement vous rendre dans un hôpital. Ceci vous est conseillé par la plupart des Indiens à la moindre évocation d’un malaise.
En effet, en Inde, il n’y a pas vraiment de juste-milieu. Si le sempiternel “bois de l’eau chaude” est inapplicable à une situation, le second conseil sera toujours celui de se rendre à l’hôpital.
Ne paniquez pas et rendez-vous dans un établissement proche de chez vous, et si possible privé. En effet les hôpitaux gouvernementaux sont souvent bondés, et ne disposent pas de tout le matériel propice aux analyses plus poussées si cela s’avère nécessaire.
Un contexte d’hospitalisation bien loin des normes que nous connaissons en France
Déambulant dans les couloirs, il est impossible de ne pas remarquer les centaines de personnes entassées qui dorment, mangent et stagnent alors que les infirmières et brancardiers tentent de se frayer un chemin au beau milieu de ce dédale.
Cela s’explique par le fait que chaque patient doit être accompagné par un proche sain qui veillera sur lui. Ne vous offusquez pas si le médecin s’adresse davantage à l’accompagnateur qu’au malade, c’est une manière de ménager la personne souffrante.
Si dans un second temps, vous êtes amené à faire des analyses à l’hôpital, munissez-vous d’une somme conséquente de liquide au préalable. Et pour cause, le paiement par avance des soins à chaque étape : après l’auscultation, il vous sera demandé de payer tous les frais d’analyse. Après interprétation de ces dernières, les médicaments ne vous seront pas délivrés automatiquement. Vous devrez vous rendre dans une pharmacie qui se trouve au sein même de l’établissement. Au moyen d’une ordonnance, vous pourrez y acheter les médicaments nécessaires vendus au détail.
Dans le cas où vous seriez interné pour une mise en observation ou un séjour de plus longue durée, vous devrez choisir votre chambre parmi un menu en fonction des places disponibles. Certaines chambres sont partagées par une dizaine de patients. Les accompagnateurs de ces derniers dorment dans les couloirs de l’hôpital. D’autres chambres sont réservées à un seul patient et sont même équipées d’un lit de camp pour accueillir l’accompagnateur. Vous pouvez également choisir une chambre avec ou sans climatisation. Évidemment, le prix varie du simple au quadruple suivant la qualité de la chambre. L’accompagnateur doit s’occuper des soins quotidiens du patient. Il change ses draps avec une infirmière, fait sa toilette, lui donne ses médicaments et lui apporte de la nourriture, puisque cette dernière n’est pas toujours fournie par l’établissement.
Une réalité à ne pas sortir de son contexte culturel.
Le docteur Raja Venkatesh nous accueille aux urgences du Kavery Hospital, à Tiruchirappalli dans le Tamil Nadu, les yeux cernés et un masque vissé derrière les oreilles comme tous ses confrères. Nous lui demandons si une telle foule stagnant dans les couloirs n’est pas un facteur aggravant quant à la propagation de maladies nosocomiales. Ce dernier rétorque qu’il existe peu de cas de maladies nosocomiales dans l’hôpital. Nous vous conseillons malgré tout d’être très vigilants, ayant connu des personnes devant être rapatriées pour cette même cause. Il demeure primordial de favoriser les mesures d’hygiène tout au long du séjour.
Lorsque nous lui demandons si les accompagnateurs représentent une entrave significative à la bonne prise en charge des malades, ce dernier répond que non. Il ajoute à ce titre que les accompagnateurs sont essentiels dans le système hospitalier indien. “Nous ne disposons pas, dans bien des cas, de moyens efficaces pour nourrir et changer les draps de tous les patients. Les accompagnateurs sont le relais des infirmières qui sont déjà débordées. Cela peut vous paraître assez étrange, mais ici, c’est comme ça. Malheureusement le gouvernement ne subventionne pas suffisamment le système hospitalier pour qu’il en soit autrement.”
Nous l’interrogeons sur ce système afin de savoir s’il peut être source de débordements. Ce à quoi le docteur Raja répond “Dans certains cas oui. En Inde, visiter un malade relève du devoir pour les proches et la famille. Par moments, il peut y avoir des foules de personnes amassées dans une chambre pour visiter un patient. Dans ce cas de figure, nous faisons en sorte de restreindre les entrevues afin de maintenir l’ordre et le calme.”
En conclusion, si vous devez aller à l'hôpital en Inde, trouvez quelqu’un pour vous y accompagner, munissez-vous de votre passeport, de liquide et de votre mutuelle si vous en possédez une. À ce titre, il vous sera possible de demander un remboursement des frais après votre séjour. Certaines mutuelles garantissent qu’il ne vous faut rien payer d’avance. Mais face à une urgence, la réticence du personnel à procéder d’une telle manière se fera sentir car cela relève du casse-tête administratif. Finalement, il ne vous restera plus qu'à vous armer de patience !