Samedi 1er février, l’Alliance Française de Bombay, l’Institut Français en Inde, le Royal Opera House et Avid Learning ont accueilli le projet Khushboo qui réunit autour du célèbre guitariste français Titi Robin, de culture gitane, des instrumentistes et danseurs de musique classique indienne, gitans originaires du Rajasthan. L’ensemble de ses traditions musicales et la synergie de leurs accords étaient une ode à leurs racines communes.
La salle richement décorée et à l’acoustique précise du Royal Opera House, derrière Chowpatty Beach, a accueilli les musiciens sur une scène très sobre. Au centre Titi Robin, une guitare et un buzuk (instrument à corde de la musique arabe et turque) posés à ses côtés.
Le fameux guitariste compositeur gitan français a puisé ses influences musicales dans de nombreux pays comme la Turquie, l’Iran ou le Maroc, nouant des collaborations avec des minorités, comme les Berbères. Ce n’est bien sûr pas la première fois que Titi vient en Inde. Comme il le dit lui-même, ces musiciens sont comme sa famille. Avec Murad Ali Khan, à l’origine de ce projet, ils ont enregistré en 2009 à Mumbai « Laal Asmaan » (Label Blue Frog). Ils ont ensuite tourné mondialement lors d’autres collaborations. Murad Ali Khan est un joueur de Sarangi, un instrument à corde se jouant avec un archet, instrument iconique de la musique classique indienne.
Dans le cadre du projet Khushboo, ils sont accompagnés d’Amaan Ali, joueur de Tabla (percussion indienne) et fils du très célèbre maestro du Sarangi : Ustad Ghulam Sabir Khan, ainsi que de Shuheb Hasan à la voix et à l’harmonium et enfin de Dino Banjara aux percussions.
Une heure plus tard, ils sont rejoints par deux danseuses. La première Mahua Shankar est une danseuse classique Kathak, une danse ancienne traditionnelle du Nord de l’Inde qui raconte des légendes mythologiques grâce à l’expressivité des mouvements des mains, des pieds, mais aussi du visage.
La deuxième, Gulabo Sapera, est une gitane du Rajasthan. Elevée dans une famille nomade de charmeurs de serpent, elle a acquis une renommée mondiale et travaille activement avec Titi Robin depuis les années 1990. Le guitariste compositeur lui a d’ailleurs consacré un livre. Elle est aussi la mère de Dino Banjara. « Oui, lui, je l’ai connu tout enfant ! » Ensemble, ils ont déjà partagé plusieurs tournées mondiales.
Tout au long de la soirée, on a pu s’attarder sur l’originalité de chaque musique, en apprécier les spécificités, les musiciens s’accordant de la place, s'écoutant les uns les autres, tout en s’adaptant au répertoire méditerranéen de Titi Robin. On a ainsi surtout pu apprécier combien ces genres musicaux : les héritages gitans, à la fois européen de Titi et indien rajasthani de Gulabo Sapera et la culture classique de la danse Kathak s’accordaient ! Comme le soulignait Titi Robin, ces musiques qui n’ont pas l’habitude de cohabiter font résonner les racines communes, ces mouvements de population partis de la Méditerranée pour rejoindre le Nord de l’Inde en favorisant les échanges culturels.
On trouve le coffret « Les rives » chez Naïve (2011), qui inclut des enregistrements au Maroc, en Turquie et à Mumbai.