Le 20 mai 2021, un porte-conteneurs immatriculé à Singapour a pris feu dans les eaux territoriales sri lankaises déversant une partie de sa cargaison de billes de plastique dans la mer. Cela a entraîné une vague de pollution de la côte sud-ouest du pays dont l’ampleur n’a pas encore été évaluée mais dont on estime qu’elle sera dévastatrice. Les autorités de protection du milieu marin du Sri Lanka (Marine Environmental Protection Authority - MEPA) ont porté plainte le 31 mai contre les propriétaires du navire et la police sri lankaise a ouvert une enquête pour déterminer les causes de l’incendie.
Le cargo X-Press Pearl transportait une cargaison de produits chimiques et de matières premières pour la fabrication de cosmétiques depuis Hazira, dans le Gujarat en Inde, lorsqu'il a pris feu à quelque 9,5 miles nautiques du port de Colombo. Outre les 325 tonnes de carburant contenues dans ses réservoirs, le navire était chargé de 1 486 conteneurs. Sa cargaison comprenait environ 25 tonnes d'acide nitrique et 28 conteneurs de granulés de plastique utilisés comme matière première dans l'industrie de l'emballage.
Further particle modelling by Prof Charitha Pattiaratchi and Dr Sarath Wijeratne of the University of Western Australia Oceans Institute, give us a sense of where else these plastic pellets could go in the coming days. 1/ pic.twitter.com/MyKPe9jwtJ
— Oceanswell (@OceanswellOrg) May 31, 2021
Une opération de sauvetage conjointe avec la marine indienne
L’opération de sauvetage est dirigée par la société néerlandaise SMIT qui a envoyé des remorqueurs spécialisés dans la lutte contre l'incendie. Les conditions météorologiques difficiles, la mousson étant arrivée au Sri Lanka et le caractère dangereux de la cargaison ont ralenti l’extinction du feu.
L'équipage a été évacué au début de l’incendie et placé en quarantaine à Colombo. Il a été interrogé le 1er juin par la police sri lankaise.
Dès le début de l’incendie, la marine indienne a prêté main-forte à la marine sri lankaise lors d’une opération conjointe baptisée opération Sagar Aarasksha 2. "L'incendie a finalement été éteint après environ deux semaines à la suite d'une opération internationale concertée", a indiqué, mardi 1er juin, la marine sri-lankaise. "Des experts de la société de sauvetage néerlandaise SMIT sont montés à bord du navire et ont déclaré que les salles des machines étaient inondées. Nos plongeurs doivent encore obtenir l'autorisation pour aller vérifier s'il y a une fuite. Les navires des garde-côtes indiens sont toujours là et nous assistent", a déclaré le capitaine Indika De Silva au journal The Hindu.
Une grande partie de la cargaison, dont 25 tonnes d'acide nitrique, d'hydroxyde de sodium (soude caustique), de lubrifiants et d'autres produits chimiques, semble avoir été détruite dans l'énorme incendie.
80 km de côtes en danger de pollution
Le gouvernement sri lankais a interdit la pêche le long d'une zone côtière de 80 kilomètres (50 miles), de Colombo à Hikkaduwa au sud-ouest de l'île, craignant une contamination par des polluants et des déchets plastiques provenant du navire accidenté. "Nous allons indemniser les propriétaires des 5 600 bateaux touchés par l'interdiction", a déclaré le ministre de la pêche, Kanchana Wijesekera, tout en ajoutant que les fruits de mer actuellement sur le marché étaient propres à la consommation.
Au moins huit conteneurs remplis de granules de plastique sont tombés du navire en feu et se sont déversés dans la mer. “Les microplastiques sont de très petits morceaux de tout type de plastique de moins de cinq millimètres qui peuvent être ingérés par les poissons et se retrouver à leur tour dans le corps humain.” explique Dharshani Lahandapura, la présidente de l'Autorité de protection de l'environnement marin. "Selon les informations disponibles jusqu'à présent, on peut dire que c'est la pire catastrophe de mon vivant", a-t-elle ajouté. Les produits chimiques ont contaminé l'eau, causant probablement des dommages écologiques aux récifs coralliens, aux lagons et aux mangroves et il faudra des décennies pour les éliminer et revenir à l'état actuel de l’environnement marin.
Sri Lanka's Western Province coastal belt is covered in Plastic Pellets known as nurdles.This is an unprecedented marine environment disaster!! Due to pellets, all fishing industry in western half of Sri Lanka & South of India will be severely affected for the foreseeable future pic.twitter.com/dvQfLkn1zY
— Prem ? (@premjourn) May 28, 2021
Le 28 mai, des millions de granulés de plastique ont été rejetées par la mer sur la plage de Kalutara, à 43 kilomètres au sud de Colombo, la veille, c'était la zone touristique et de pêche de Negombo, située à 40 kilomètres au nord de la capitale, qui avait été touchée.
Des milliers de membres de la marine en tenue de protection ont été déployés dans le cadre d'une opération de nettoyage visant à éliminer l'épaisse couche de pollution plastique et de déchets chimiques avec l’aide de bulldozers pour déplacer les déchets.
Le 31 mai, les billes de plastique sont aussi arrivées bien plus au sud de la capitale sur la plage de Weligama qui se situe à environ 140 km de Colombo, selon une Française qui y réside. Elle raconte “J’ai tenté d’organiser une opération de nettoyage de la plage. Mais, malgré l’enthousiasme initial, le matin de l'opération, seulement deux volontaires se sont présentés sur la plage, les autres ayant tous déclaré que le gouvernement avait recommandé de ne pas toucher les déchets.” "Mais, les billes qui arrivent ici ont été nettoyées par la mer, ce n'est pas comme près du site de l'incendie" ajoute-t-elle.
Même si la plage de Weligama n’est heureusement pas touchée avec la même ampleur que les plages de la côte ouest de l'île, notre témoin confie qu’elle a ramassé 3 kg de billes en deux heures dans l'après-midi du 1er juin.
Les responsables ont déclaré qu'un grand nombre de tortues de mer, d'oiseaux et de petits poissons morts pouvaient être vus le long de la côte. Notre témoin de Weligama confirme : "On a retrouvé des poissons et une tortue morts à quelques km de ma section de plage.”