Terrible accident de train en Odisha dans l’est de l’Inde

Le Premier ministre, le ministre des Chemins de fer, le ministre de l'Éducation, la ministre en chef de l’État du Bengale occidental et celui de l'État de l'Odisha se sont rendus sur place pour faire le point sur l'accident, considéré comme l'un des plus tragiques du pays. Tous les trois ont annoncé des dédommagements financiers pour les familles des victimes. Les diplomates d’un grand nombre de pays ont exprimé leurs condoléances suite à ce tragique accident.

Tweet du président français : 

Le premier accident ferroviaire aussi grave depuis une décennie

Le réseau ferré indien est un des plus importants au monde et relie de nombreuses zones rurales peu connectées autrement. La majorité des trains circulent à pleine capacité tout au long de l'année et plus particulièrement entre mai et début juin qui est la période des vacances scolaires dans la plupart des États de l’Inde. Les trains comportent un nombre important de wagons et transportent des millions de passagers quotidiennement. Il y avait environ 2 000 passagers en tout dans les deux trains qui sont entrés en collision le 2 juin (ndlr : en France, un TGV duplex jumelé, c'est-à-dire avec deux rames, comporte 1032 places assises).

Selon les dernières informations fournies par les chemins de fer du sud-est de l’Inde (South East railways) qui gèrent les voies ferrées dans l’Odisha, il semblerait que le Coromandel Express qui avait quitté Calcutta dans la matinée et qui circulait vers le sud en direction de Chennai se soit dévié sur une voie de service au niveau d’une gare régionale dans laquelle il ne devait pas s'arrêter, au lieu de continuer sur la voie principale. Il circulait alors à pleine vitesse (130 km/h d'après les médias indiens) et est entré en collision avec un train de marchandises à l'arrêt sur cette voie de service. La locomotive est montée sur le dernier wagon du train de marchandises et 21 wagons du Coromandel Express ont déraillé.

Malheureusement, certains wagons sont tombés sur la voie d'à côté et ont heurté les derniers wagons d’un train express se dirigeant à pleine vitesse (110 km/h d'après les médias indiens) en direction du nord, ils ont eux aussi déraillé.

Une enquête approfondie a été ouverte et devra déterminer pour quelles raisons le Coromandel Express s’est engagé sur cette voie de service au lieu de continuer sur la voie principale.

Un haut responsable des chemins de fer a déclaré que l'enregistreur de données (un système similaire à celui des boites noires des avions) pourrait aider à identifier la cause réelle d'une défaillance, sans qu'il soit possible de supprimer une quelconque erreur humaine. Il permettrait également de recréer l'accident, et donc de faciliter l'enquête sur ses causes.

Cet accident tragique rappelle la nécessité de moderniser le réseau ferroviaire indien

Le vaste réseau ferroviaire indien a été construit au 19e siècle, à l'époque coloniale. Depuis, il a été régulièrement modernisé et transporte aujourd'hui environ 25 millions de passagers par jour sur un réseau de voies ferrées de plus de 100 000 kilomètres à travers toute l'Inde. Ces dernières années, le gouvernement indien a investi dans l'achat de nouveaux trains et l’installation de gares modernes, mais selon Prakash Kumar Sen, directeur du département d'ingénierie mécanique à l'Institut de technologie de Kirodimal, dans le centre de l'Inde, “même si les résultats en matière de sécurité se sont améliorés au fil des ans, il reste encore du travail à faire et l'erreur humaine ou le mauvais entretien des voies sont généralement à l'origine des accidents”.

Une pénurie de main d’œuvre dans les chemins de fer indiens

Quelques jours avant l’accident, le conseil des chemins de fer indiens s’était inquiété de la pénurie de main d’œuvre dans le secteur. Prakash Kumar Sen ajoute que “les chemins de fer ont mis en service davantage de trains pour faire face à la demande croissante, mais la main-d'œuvre du réseau chargée de leur entretien n'a pas suivi le rythme. Les travailleurs ne sont pas formés de manière adéquate, leur charge de travail est trop élevée et ils ne se reposent pas suffisamment.”

De nombreuses lacunes dans le contrôle des voies révélées par le rapport du Contrôleur et vérificateur de l’Inde 

L'objectif de l'audit intitulé "Déraillements dans les chemins de fer indiens" était de vérifier si les mesures de prévention des déraillements et des collisions étaient clairement définies et mises en œuvre par le ministère des chemins de fer. Le rapport fait état de "lacunes allant de 30 % à 100 % dans les inspections" effectuées par les voitures de contrôle des voies, qui évaluent les conditions géométriques et structurelles des voies et il révèle que le principal facteur responsable des déraillements est lié à "l'entretien des voies", suivi par "la déviation des paramètres de la voie au-delà des limites admissibles". Le rapport insiste sur la nécessité de mécaniser les inspections et de mettre en place des systèmes de contrôle rigoureux afin de mettre en œuvre les activités d'entretien en temps voulu.

Un système de sécurité pas encore déployé sur tout le réseau ferroviaire indien

Depuis l’accident, le système de sécurité baptisé Kavach, lancé en mars 2022, a aussi fait la une. Kavach a été conçu pour aider les pilotes de locomotives à éviter les dépassements de vitesse et les signaux de passage en danger (SPAD), et à permettre l'exploitation des trains dans des conditions météorologiques défavorables telles qu'un brouillard épais. En appliquant automatiquement les freins si nécessaire, le système assure un meilleur contrôle de la vitesse du train et prévient les accidents potentiels. Selon les médias indiens, le doute plane sur la présence de Kavach sur la ligne ferroviaire de l’accident du 3 juin. Certains prétendent qu’il aurait pu éviter la collision.

Tweet sur le lancement de Kavach :