Quartier huppé situé sur un promontoire qui s’échappe vers la mer d’Arabie, au nord de la plage de Chowpatty, Malabar Hill offre quelques vues stupéfiantes sur le sud de Bombay et se prête à d’agréables balades au calme, entre jardins et lieux sacrés, dont le fascinant Banganga Tank
Si Malabar Hill tire son nom de visites de pirates en provenance de la côte du Kerala, il est aujourd’hui l’un des quartiers historiques de Bombay où les prix de l’immobilier se sont envolés. Nombre de familles anciennes et huppées de la ville et de personnalités y ont élu résidence à l’instar du Gouverneur du Maharashtra.
La colline offre effectivement des rues résidentielles arborées relativement calmes où les déambulations ne manquent pas de points d’intérêts. Les plus curieux pourront y trouver des petits temples hindous et jaïn cachés mais les lieux incontournables où devront immanquablement vous mener vos pas sont le temple jaïn Shri Adishwarji, le BangangaTank et le Hanging Garden.
Le Banganga Tank
Au bout de la péninsule, vous pouvez rejoindre le tank de Banganga en empruntant un court dédale de ruelles où peu à peu se succèdent les petits temples hindous, jusqu’à atteindre les marches qui descendent vers l’étendue d’eau où se baignent divers oiseaux, oies et familles venues se purifier. Le tank date de 1127 puis fut reconstruit en 1715. Cependant, selon la légende, il serait apparu alors que le dieu Rama, héros du Ramayana, parti à la recherche de sa femme kidnappée, assoiffé et épuisé, ait quémandé de l’eau à son frère. Ce dernier aurait tiré une flèche qui aurait transpercé le sol et fait jaillir les eaux du Gange lui-même ! D’où son nom : Ganga, Gange, et Baan, Flèche. Le grand poteau au milieu du tank serait le vestige de l’arme utilisée.
L’atmosphère, très religieuse, est particulière et, si vous y êtes sensible, assez envoutante. Asseyez-vous sur les marches à différents moments de la journée et parcourez les rues des alentours en entrant dans les différents temples, dont le temple Walkeshwar dédié à Shiva. Vous pourrez peut-être assister à l’immersion de cendres de défunts ou au cérémonial des familles nombreuses se changeant pour arborer leurs tenues de fête et se prêter à quelques séances photos.
Le temple jaïn Shri Adishwarji
Ce temple, à l’abri de palissades peu esthétiques, est néanmoins un véritable petit joyau. Construit en 1904, il se distingue par ses bois sculptés aux couleurs vives, son dôme peint représentant les signes du zodiaque, mais également par une vue magnifique sur le sud de Bombay et les buildings de Nariman Point. On peut d’abord l’apercevoir en passant la porte à droite qui s’ouvre sur une petite terrasse où se trouvent lavabos et écuelles, mais surtout en n’hésitant pas à monter à l’étage et à rejoindre le balcon sud.
Nombres de peintures relatent les principes et histoires du jaïnisme, cette religion sans dieu dont les traits marquants sont le culte d’idoles, la réincarnation et le respect absolu de toute vie animale.
Si vous êtes chanceux, l’un des dévots vous expliquera peut-être la vie de certaines des personnalités marquantes du jaïnisme, cette religion qui concerne 4% des Mumbaikars, mais presque la moitié des menus de la ville !
Le Hanging Garden
Vous pourrez finir votre ballade par un bol d’air (relativement) frais en parcourant les allées du Hanging Garden, un des rares jardins de la ville assez agréable de part sa position en hauteur et où se côtoient des haies taillées en forme d’animaux.
C’est un point de vue prisé pour admirer les couchers de soleil. Les enfants peuvent monter en haut d’une botte géante assez kitsch.
De là, on pourra imaginer la présence proche des Tours du silence parsis. Ces constructions rondes en pierre servent de sites funéraires à la communauté zoroastrienne ayant fui la Perse suite aux persécutions des VIIème et VIIIème siècles. Selon les principes du Zoroastrisme, les corps des défunts ne peuvent être offerts au feu, sacré, ni même à la terre ou à l’eau. Ils sont donc placés en hauteur où les vautours sont chargés de leur disparition. Ce rituel date de 3000 ans mais est aujourd’hui mis en péril par la disparition progressive des rapaces de la ville causée par la pollution. Strictement interdites au public, comme tous les sites religieux Parsis, on peut néanmoins en admirer des maquettes au Musée du Dr Bhau, à Byculla.
Enfin vous pourrez redescendre de la colline par des allées piétonnes, et s’il vous reste du temps n’hésitez pas à poursuivre par la visite du Babulnath Temple, dédié à Shiva, qui fera l’objet d’un article ultérieur !
Bonne balade.
Photos de l'article : Damien S.