Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Partagé, le vélo se rebiffe

bluegogo-velo-ofo-mobike-shanghaibluegogo-velo-ofo-mobike-shanghai
Écrit par Le Vent de la Chine
Publié le 27 novembre 2017, mis à jour le 27 novembre 2017

18 mois : c’est le temps qu’il a fallu pour créer une "bulle", entre la naissance du vélo partagé et l’éclatement de son marché

Ofo et Mobike naquirent au tournant 2016. Mais dès octobre 2017, les investisseurs respectivement menés par Alibaba et Tencent, ont forcé les groupes à lancer des palabres de fusion. Ofo "pèse" un milliard de dollars et Mobike, trois. L’argument pour justifier une alliance peut paraître improbable : occupant ensemble 95% du marché, Ofo et Mobike ne peuvent accéder à la rentabilité que réunis. Cette affirmation confirme un soupçon évoqué depuis des lunes : leurs millions de petites reines déversées dans les rues n’ont pas permis à ces géants d’empocher le moindre fen (份, "centime"), vu leurs tarifs dérisoires (0,5 à 1 ¥/h), voire leur gratuité lors d’incessantes promotions.

Aujourd’hui, les faillites se multiplient. N°6 national avec 700.000 vélos partagés, Bluegogo n’honore plus les demandes de restitution de caution, doit 200 millions de ¥ aux fournisseurs, et avoue 200 millions de pertes d’actifs. Wukong, 3vBike et DingDing ont déjà baissé pavillon. Même des firmes municipales comme Huantou (à Wuhan, 40.000 petites reines) jettent l’éponge… La 1ère cause est la concurrence : plus le parc urbain augmente, plus le ratio d’usager par vélo baisse, initialement autour entre 6 et 10, aujourd’hui sans doute de 2 à 3. Une autre cause est l’incivilité : en six mois, Wukong a perdu 90% de son parc roulant, dégradé ou volé. Aussi, les coûts d’entretien explosent : souvent de basse qualité, les vélos malmenés doivent être réparés – les remplacer est souvent moins cher. Constatant l’anarchie des usagers qui déposent les vélos n’importe où, les mairies imposent à l’opérateur de les déplacer à ses frais vers des sites réglementaires : autant de dépenses exponentielles que la firme ne peut pas répercuter sur l’usager – concurrence oblige.

Les leçons à tirer sont amères : pour ces vélos partagés, il n’y a pas de solidarité partagée. Le modèle d’affaires n’est pas viable en l’état actuel du marché. L’avenir est sans doute déjà là, en pointillé : Ofo et Mobike, une fois fusionnés, vont achever le reste de la concurrence. Dès lors, ils pourront s’organiser : règles d’usage, aires de stationnement, tarifs. Quant à l’usager, il sera forcé de revoir son comportement, car son incivilité pourra lui faire perdre de précieux points de "crédit social" ! 

 

Le Vent de la Chine
Publié le 27 novembre 2017, mis à jour le 27 novembre 2017

Flash infos