Le Forum de Davos (WEF, World Economic Forum) publiait le 2 novembre son tableau de l’égalité des genres, comparant chaque pays selon l’accès féminin à la santé, à l’éducation et à l’emploi par rapport aux hommes.
Pour la Chine, le bilan est sévère : depuis 2008 les chances des femmes régressent chaque année, le pays se retrouvant 100ème place sur 144. À sa décharge, le reste de l’Asie ne fait guère mieux, avec l’Inde au 108ème rang, le Japon au 114ème et la Corée du Sud au 118ème. Un pays sauve l’honneur : les Philippines 10ème mondial, juste devant la France.
En Chine, la pratique d’avortement sélectif qui perdure dans les campagnes, fait que la Chine est lanterne rouge en 2015, avec 113,5 naissances de petits garçons pour 100 filles.
Au travail, la femme « bûche » le plus, pendant 525 minutes par jour, contre 481 pour l’homme. Et de retour à la maison, elle passe 44,6% de son « temps libre » en travail impayé : cuisine, corvées, suivi des devoirs de l’enfant. L’homme y passe 18,9%.
Côté cadres supérieurs féminins (directeurs, managers, profs de fac), la Chine n’est que 105ème voire 109ème en emplois officiels (administration, Parti Communiste, parlements). Les femmes ne sont que 25% des 88 millions des membres du Parti, 4,9% des sièges du Comité central et 4% (un seul siège) au Politburo.
Côté salaire, dans l’internet comme dans la communication, la santé ou les écoles, la femme gagne gaillardement 30% de moins que son collègue, et les annonces d’embauche pullulent, enjolivées de formules du type : « fille, passe ton chemin ! »
Pourtant en Chine comme ailleurs, cette discrimination cause à la nation un manque à gagner, en terme de talents inemployés. Si les hommes chinois acceptaient de laisser les femmes accéder à leurs emplois, la plus-value pour la nation, selon le WEF, atteindrait 2500 milliards de $. En Allemagne et en France, elle serait de 300 milliards.
En revanche, les Chinoises écartées des hautes sphères productives, se rattrapent au centuple, en gérant avec brio les groupes d’affaires qu’elles fondent. Sur 10 femmes milliardaires dans le monde, ne devant leur fortune qu’à elles-mêmes, six sont chinoises. Elles ont appris à se battre, seules ou en s’entraidant, et à surcompenser leur handicap social.