Les administrateurs de quartier de Mandalay ont décidé d’employer la manière forte afin de faire respecter le couvre-feu local qui va de 21h à 4h et a été instauré de même qu'à Yangon et d’autres parties du pays afin « de protéger les citoyens contre le crime et la violence », ont expliqué plusieurs élus de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti au pouvoir depuis 2016.
Est-ce pour lutter contre le crime ? Ou pour limiter la violence ? En tout cas, une vidéo montrant les méthodes d’un groupe d’hommes menés par un administrateur de quartier est devenue virale sur Facebook en une journée en Birmanie. Les images montrent un homme habillé d’une chemise pourpre entourés de plusieurs autres hommes, dont trois portent des bâtons ; une voix externe, celle de celui qui tourne les images, explique qu’il agit comme citoyen-journaliste et qu’il va filmer la scène ; puis on entend la voix de l’administrateur qui sermonne le contrevenant et lui explique qu’il va être puni, puis on voit ce même administrateur frapper très violemment sa victime dans le creux du genou, avec un bruit sec qui se répercute dans les rues vides ; l’homme s’écroule en gémissant.
La scène rappelle beaucoup toutes celles qui circulent depuis des années sur les réseaux sociaux montrant les méthodes de la police indienne qui tabasse régulièrement les gens, sans avoir d’autres raisons que son bon vouloir, les victimes ne présentant jamais le moindre signe extérieur de richesse… Cette violence gratuite s’apparente également à celle de la police française depuis au moins deux ans qui a valu à Paris de se faire rappeler à l’ordre sur les droits humains par l’ONU et par de nombreuses organisations de défense des droits humains telles Human Right Watch ou Amnesty International.
Et de même qu’en Inde ou en France nombres de voix ont tenu à défendre le comportement illégal des forces de l’ordre comme étant une nécessité au vu « du contexte », la vidéo de Mandalay a suscité des réactions pour le moins divergentes : une moitié des commentaires blâmant l’administrateur et son équipe pour leur violence illégale et appelant à ce que tous soient jugés et condamnés pour cet abus manifeste de pouvoir, et une autre moitié prenant la défense de ce même administrateur en estimant que si les gens ne veulent pas être punis – y compris hors du cadre légal - ils n‘ont qu’à respecter le couvre-feu.
Dans tout le pays, la police ou les administrateurs en charge de faire respecter le confinement et les mesures afférentes ont déjà à plusieurs reprises étaient confrontés à des refus d’obtempérer ou des violations des règles de sécurité – y compris par des citoyens étasuniens qui ont abouti du coup en prison pour une peine de trois à six mois d’incarcération – mais avaient toujours jusque-là officiellement respecté la loi dans leurs sanctions. Des cas de délations ou de règlements de comptes entre voisins fondés sur des témoignages frauduleux ont aussi été observés et heureusement déjoué dans ces cas-là. Dans l’affaire de Mandalay, il n’existe aucune indication sur la vidéo quant aux raisons de la victime d’être dehors à un horaire interdit. En Birmanie, le pouvoir des administrateurs locaux est en théorie encadré par la loi mais en pratique souvent discrétionnaire et susceptible de beaucoup d’abus et de corruption, selon qui est en charge du poste.