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Une rentrée scolaire birmane sous la menace des bombes

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Peu d'élèves dans les classes pour la rentrée 2021
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 2 juin 2021, mis à jour le 3 juin 2021

Depuis plusieurs semaines, la question animait les conversations de Birmanie, expatriés comme Birmans : la rentrée des classes aurait-elle lieu le 1er juin comme prévu ?

D’un côté le nouveau gouvernement a annoncé courant mai que la reprise des cours se ferait donc le 1er juin comme traditionnellement en Birmanie, après l’année scolaire blanche 2020-2021 liée à la pandémie de Covid-19 ; de l’autre, le gouvernement extérieur auto-proclamé (National Unity Government, Nug) avait appelé les enseignants à ne pas travailler et les parents à ne pas envoyer leurs enfants à l’école. Le Nug capitalisait sur un mouvement de désobéissance civile (Civil disobedience movement) de fond qui touche fortement les secteurs de l’éducation, de la santé et de la banque – privé comme public -, et nettement moins les autres secteurs même si on trouve partout des grévistes.

Pour ajouter au conflit verbal, l’intimidation, la répression et la violence physique se sont installées dans l’éducation toutes ces dernières semaines. L’intimidation à travers les injonctions du nouveau gouvernement aux enseignants de reprendre le travail et les menaces de représailles à l’encontre de ceux qui n’obtempéreraient pas, l’intimidation de la part des nombreuses milices auto-proclamées qui détruisent les biens – vélomoteurs, maisons… - des professeurs qui n’observent pas le CDM ou se rendent à leur domicile pour les agresser verbalement et les intimider en leur expliquant les malheurs qui les attendent, eux et leurs familles, s’ils continuent à travailler pour le ministère de l’Education.

Des écoles attaquées à la grenade

La répression avec ces milliers d’enseignants – aucun chiffre total officiel fiable disponible, il s’agit-là d’une estimation sur l’addition des listes publiées un peu partout dans le pays… - renvoyés parce que suivant le CDM. La répression encore avec ces dizaines de bombes ou de grenades qui ont explosé aux abords d’écoles dans tout le pays depuis l’annonce de la date de rentrée. Le 1er juin même, une grenade a été lancée dans une école primaire de Kyaikkatha, près de Kyaikhto, dans l’état de Mon. Deux jours plus tôt, le 30 mai, une autre grenade avait explosé dans l’école primaire de Ingabo, dans la même circonscription. Plusieurs proviseurs ont été directement inquiété, leur bureau étant incendié dans certains cas, leur maison dans d’autres. Partout dans le pays, les établissements scolaires sont devenus la cible d’attaques dont les auteurs sont presque toujours non-identifiés même si les médias locaux les associent aux milices anti-gouvernementales.

Violence physique enfin, le 31 mai à Thabaung, dans la région de l’Ayeyarwaddy, lorsqu’un engin explosif a été jeté dans le bureau du directeur de l’école au moment d’une réunion des personnels enseignants : une personne a été sérieusement blessée, sans que la presse locale en dise plus. Rien d’étonnant que dans cette grande violence les parents hésitent fortement à envoyer leurs enfants à l’école.

La moitié des élèves dans les écoles

Du coup, si les établissements scolaires ont bel et bien rouvert le 1er juin – une petite victoire pour le nouveau gouvernement – ce ne sont pas tous ces établissements, certains restant fermés, et ceux qui ont ouvert accueillant beaucoup moins d’élèves que d’habitude – une petite victoire pour le Nug. Les perdants restent malheureusement les enfants qui pour la deuxième année consécutive n’accèdent pas à l’éducation… enfin pour ceux qui n’ont pas les moyens d’une école privée, celles-ci continuant à fonctionner au bénéfice de ceux qui peuvent se les payer, quelles que soient leurs opinions politiques…

« Nous avons une quarantaine d’élèves présents pour la rentrée alors que plus d’une centaine est enregistrée dans notre établissement » constate un directeur d’école du nord de Yangon. Et les enregistrements scolaires s’étaient fait entre le 24 et le 31 mai… Le quotidien Eleven rapporte que « dans certains cas, les enfants, ou leurs parents pour les plus jeunes, ont reçu des appels téléphoniques leur intimant de venir en cours ». Les divers médias locaux qui ont couvert cette rentrée des classes s’accordent sur deux points : à peine la moitié des élèves se sont présentés et la plupart des écoles étaient gardées par de nombreux soldats ou policiers, un déploiement de force impressionnant pour cette première journée.

La peur des bombes n’est cependant pas la seule raison de l’abstentionnisme. Comme le confie une jeune mère « on ne parle plus du Covid-19 mais cela ne veut pas dire qu’il a disparu. Je ne veux pas que mon enfant soit malade en allant à l’école ». Le village de Kyakaw, près de Thaton, dans l’état de Mon, a lui fait exception : l’école élémentaire locale était pleine, enfants et enseignants dans leur longyi officiel, sans aucune force de l’ordre aux alentours. Un message d’espoir.

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