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Le cycle de la violence se renforce en Birmanie

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Le bureau administratif d'Oktwin, dans la région de Bago, en proie aux flammes d'un incendie criminel.
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 10 mai 2021, mis à jour le 11 mai 2021

La Birmanie rentre dans un cycle d’intimidation contre intimidation, rétorsion contre rétorsion, entre d’une part les forces de l’ordre et de l’autre les mouvements de résistance armée, en un mécanisme vicieux qui créent des victimes innocentes de part et d’autre.

La vague d’arrestations et d’incarcérations que permet l’établissement de la loi martiale dans plusieurs districts allonge jour après jour la liste des morts et blessés sans explications, comme celle du poète Ko Zaw Tun, interpellé chez lui à Pale, dans la région de Sagaing, samedi dernier et rendu mort dimanche à sa famille. L’auteur, qui signait « Khet Thi »”, avait participé à plusieurs manifestations contre le gouvernement et écrit plusieurs poèmes en faveur de la résistance. Un médecin est lui décédé d’une chute depuis sa terrasse alors qu’il essayait de fuir des soldats fouillant trois appartements du complexe Star City situé à Thanlyin. Plus d’une dizaine de personnes – 14 ou 16 selon les sources – ont été arrêtées lors de cette opération coup-de-poing, sans que l’on sache encore ce qui leur est reproché.

A Myinmu, dans le Sagaing, des soldats ont dispersé une manifestation en tirant sur le groupe. Plusieurs personnes ont été blessées, et des rumeurs d’un mort circule. Et sur les réseaux sociaux, une vidéo montrant un homme se faire tabasser par des soldats est rapidement devenue virale. Sans que le contexte ou les circonstances soient d’ailleurs pour l’instant connus.

Une femme qui cueillait des fleurs blessée dans l’explosion d’une bombe artisanale

Du côté de la résistance, la violence devient aussi une stratégie et un moyen d’intimidation à l’égard de l’immense masse de la population qui ne se manifeste plus et de la frange bien plus restreinte de ceux qui veulent simplement reprendre leur travail et leur vie « normale ». C’est ainsi qu’une dizaine de bombes artisanales explosent désormais quotidiennement dans le pays (treize dimanche 9 mai, par exemple), provoquant de plus en plus de victimes. A Pyay, dans la région de Bago, une femme qui cueillait des fleurs aux abords d’un monastère bouddhiste a été blessée dans l’explosion d’un colis qu’elle a cru perdu et qu’elle a ramassé. A Myingyan, dans la région de Mandalay, un membre de la famille d’un policier a été atteint et hospitalisé suite à la déflagration d’un engin explosif aux abords des logements des policiers locaux. Dans la même ville de deux banques privées ont la cible de bombes artisanales alors que les queues sont toujours longues autour des distributeurs de billets. En avril, une banque privée avait déjà été ciblée dans la même agglomération.

Toujours dans la région de Sagaing, à Wetlet, un restaurant appartenant au patron local du Parti de l’union pour la solidarité et le développement (PUSD), proche de l’armée, a été incendié et détruit. Dans le Sagaing encore, à Taze, plusieurs déflagrations ont eu lieu et de violents affrontements entre des partisans de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) et le PUSD ont nécessité l’intervention des forces de l’ordre. Et de l’ordre de 30 000 personnes auraient quitté Monywa, la plus grande ville de Sagaing, par inquiétude au vu des nombreuses menaces, souvent des deux camps désormais, selon deux de ces fuyards. Dans tout le pays, plusieurs administrateurs de village ou d’arrondissement – les fonctionnaires en charge de la vie quotidienne – désigné par le nouveau gouvernement ont été assassiné par coups de feu ou poignardés. L’un d’entre eux a été enlevé par des inconnus.

Attaques à main armée d’une bijouterie

Et dans cette ambiance de violence peu contrôlée, des espaces s’ouvrent pour les crimes de droit commun. Dimanche 9 mai, trois hommes avec des armes à feu ont cambriolé une boutique vendant de l’or près du marché de Kanbe, dans le district de Yankin, au cœur de Yangon. Les bandits travaillaient-ils pour leur compte ? Pour celui d’un groupe de la résistance ? Rien n’est su pour l’instant, si ce n’est que la police a l’air dépassée sur ce cas précis.

Les autorités ont cependant réagi, et dans un premier temps comme l’essentiel des attaques à la bombe proviennent de deux-roues motorisés, des contrôles de licence et de papiers d’enregistrement ont été effectués, avec a la clef de nombreuses machines saisies car la plupart des Birmans préfèrent ne pas enregistrer leur véhicule. C’est ainsi que dans l’état de Kachin, plus de 200 motos « illégales » ont été saisies. D’après plusieurs témoins, dans cet Etat il en va de même pour les voitures non enregistrées. A Myawaddy, à la frontière avec la Thaïlande, les importations de deux-roues motorisés sont maintenant interdites, et à Pathein, les garagistes ont reçu la consigne expresse de ne plus vendre que des machines dûment enregistrées.

 

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