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Quand les conducteurs de bus détruisent un outil de travail

Des bus circulent et s'arrêtent sur quatre files, bloquant la circulationDes bus circulent et s'arrêtent sur quatre files, bloquant la circulation
Scène courante à Yangon : des bus circulent et s'arrêtent sur quatre files, bloquant la circulation

La réforme du système de bus de Yangon se poursuit, et elle rencontre toujours autant de résistance de la part de certains usagers, mais surtout de celle des chauffeurs de bus, habitués durant des années à faire un peu n’importe quoi, de la queue de poisson au passage en force, de l’arrêt en double voire triple file au mépris total des autres véhicules, jusqu’au refus de s’arrêter pour embarquer ou débarquer des passagers afin de rester devant un bus d’une autre compagnie… Ces comportements au mieux stupides au pire violents entraînent la mort de plusieurs dizaines de personnes par an et beaucoup d’accidents mineurs faciles à éviter avec un minimum de courtoisie et de respect du code de la route. L’Autorité de régulation des transports de Yangon (YRTA) cherchent donc à changer le comportement de ces chauffeurs, et en bonne pédagogie elle a décidé de manier à la fois la carotte et le bâton. D’un côté, des stages de conduites afin d’améliorer les savoir-faire et les connaissances des chauffeurs, de l’autre l’installation de boîtiers électroniques de mesure des mouvements du bus, que ce soit sa vitesse ou la vélocité avec laquelle le véhicule change de file, freine ou accélère. Un mouchard qui n’a pas l’heur de plaire à tous : nombre de ces outils télématiques ont tout bonnement étaient retirés, débranchés ou détruits, que ce soit juste rendus inutilisables ou carrément démantelés à coup de marteau ou autre objet contendant.

U Aung Nyi Nyi Maw, le directeur de la YRTA, explique ainsi « que nombre de ces machines ont été endommagées volontairement parce qu’elles nous permettent de mesurer et suivre la conduite des chauffeurs. Nous avons déjà repéré des chauffeurs qui s’arrêtent là où ce n’est pas prévus ou qui roulent bien trop vite. Nous les informons, leur faisons passer des tests et ils doivent faire un stage de conduite afin de rectifier leur comportement. Ceux qui ont beaucoup à se reprocher et qui n’acceptent pas d’être surveillés réagissent en cassant les machines. Mais c’est un indicateur en soi-même : un bon chauffeur, respectueux des règles, n’a pas besoin de détruire ces enregistreurs ». La YRTA rapporte une moyenne entre 10 et 20 machines endommagées chaque jour.

Après avoir expliqué et éduqué dans un premier temps, la YRTA passe maintenant au volet répression. Ce sont les conducteurs qui doivent désormais payer pour la réparation des enregistreurs endommagés. Et si la machine est détruite, ils paient alors de l’ordre de 250 000 kyats (environ 150 euros) pour remplacer la machine. « Nous avons tout installé gratuitement, et c’est un service que nous rendons aux compagnies de bus. Si elles ou leurs chauffeurs ne parviennent pas à le comprendre, elles vont devoir apprendre de la manière désagréable, en payant », précise U Aung Nyi Nyi Maw. Un livret d’entretien et de présentation des enregistreurs devrait bientôt être disponible pour les compagnies.

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