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Offre de négociations de paix entre les perdants des élections

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Le général Yar Pyae

Alors que se dessine une victoire électorale écrasante pour la Ligue Nationale pour la Démocratie au terme d’une campagne profondément biaisée où la Commission électorale nationale à avant tout servie à censurer ou empêcher tout discours et communication de l’opposition ainsi qu’à museler et bloquer autant que possible le vote en faveur des paris ethniques locaux, les militaires commencent déjà à tirer les leçons du scrutin : agir dans la légalité mais désormais en parallèle du gouvernement et non plus à ses côtés. C’est ainsi que la Tatmadaw, le nom de l’armée régulière birmane, a annoncé le 9 novembre dernier la formation d’un comité de cinq généraux « 3 étoiles » menés par le général Yar Pyae, proche allié du chef d’état-major Ming Aung Hlaing, et qui représente déjà la Tatmadaw dans les négociations de paix officielles. Le comité aura pour fonction « d’engager des négociations de paix avec les mouvements ethniques combattants », selon les termes du bureau du chef d’état-major. Signe fort, la même déclaration précise que « les négociations seront inclusives, conduites à la fois avec les signataires de l’accord national de cessez-le-feu (NCA) et avec les non-signataires ».

L’annonce a immédiatement trouvé un écho favorable auprès des élus arakanais – les anciens comme les nouveaux, l’Arakan étant le seul lieu où la NLD perd à peu près partout en dépit de fortes restrictions à la bonne tenue du scrutin qui favorisaient le parti gouvernemental. Mais ces mêmes élus ont aussi stipulé la nécessité de normaliser les relations avec le groupe rebelle de l’Armée de l’Arakan (AA) aujourd’hui classé terroriste par les instances nationales birmanes. « Sans la participation de l’AA, aucun processus ou négociations de paix n’ont de sens », a même insisté un député arakanais. Il est en outre important de noter que la discorde est profonde entre les différentes sensibilités politiques arakanaises et que juste avant le scrutin, plusieurs députés de l’Arakan National Party avaient démissionné du parti… et que leur démission avait été refusée !

Mise devant le fait accompli manifestement sans avoir été préalablement consultée, la LND a approuvé la formation de ce comité – elle n’avait guère le choix – en insistant sur « l’importance d’accélérer le processus de paix », de fait au point mort, et même en recul dans certains endroits, depuis quatre ans. Un dirigeant associatif local très en vue a lui aussi soutenu l’initiative, en y mettant son grain de sel : « Pour ce qui concerne l’Arakan, les négociateurs de tout bord doivent impérativement associer la population et la respecter s’ils veulent que le résultat soit positif et pérenne ». L’Arakan compte aujourd’hui environ 235 000 déplacés internes suite aux combats entre la Tatmadaw et l’AA.

Une question demeure : les mouvements ethniques combattants autres que arakanais souhaiteront-ils participer à ces négociations avec l’armée, et ainsi tourner encore un peu plus le dos à la Conférence pour la paix menée officiellement par le gouvernement depuis 2016, ou préféreront-ils reprendre ce processus pour l’instant bloqué ? Un choix stratégique clef les grands perdants de l’élection du 8 novembre sont avant tout les partis ethniques légalistes qui ont voulu jouer le jeu normal du scrutin et qui ont dû faire face à de nombreuses manœuvres douteuses de la part à la fois de la Commission électorale nationale et du gouvernement, avec pour conséquences des résultats très décevants pour ces partis. La conclusion qu’ils tireront de cette expérience sera déterminante pour la paix et l’évolution de la Birmanie durant les cinq ans à venir.

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