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Malgré sa fermeture, le zoo de Yangon veille sur ses animaux

Nourrir les animaux, l'un des grands plaisirs des visiteurs du zoo de Yangon en BirmanieNourrir les animaux, l'un des grands plaisirs des visiteurs du zoo de Yangon en Birmanie
Nourrir les animaux : l'un des grands plaisirs des visiteurs du zoo de Yangon
Écrit par Julia Guinamard
Publié le 26 juillet 2020, mis à jour le 26 juillet 2020

Le parc zoologique de Yangon est fermé au public depuis le 26 mars, pour cause de coronavirus et pour l’instant aucune date de réouverture n’est annoncée. Conséquence : depuis près de quatre mois, sans ses visiteurs, les recettes du zoo sont nulles. Alors que bien évidemment il faut quand même nourrir les quelque 1 400 pensionnaires, d’autant que l’une des grandes habitudes des Birmans était de donner à manger aux animaux : les gardiens vendaient même des bananes pour les cerfs ou les éléphants… pas loin des panneaux recommandant de ne pas nourrir les animaux !

Malgré son manque à gagner et ses coûts fixes, l’entreprise privée Htoo Zoos and Gardens à qui appartient le parc dit qu’elle a tout de même la situation en main : « Nous veillons à la bonne santé des animaux et au risque de pénurie de nourriture. Nous avons passé des contrats d’achat d'herbe, de bœuf, de poulet et d'autres produits nécessaires au zoo. Grâce à ce plan, jusqu'à présent il n'y a pas de pénurie de nourriture », affirme le responsable du zoo au quotidien Myanmar Times. Il poursuit en expliquant que les places d’entrées ne sont pas très lucratives – quelques milliers de kyats par personne, soit 2 ou 3 euros - et qu’à l’ordinaire elles ne comptent pas pour beaucoup dans le budget du zoo. Il précise que la majorité des investissements viennent de l’entreprise elle-même, sans détailler d’où proviennent les fonds et donc sans détailler comment une entreprise privée dont la ressource principale a priori est les billets d’entrée qu’elle vend estime que cet apport est négligeable…

De nouvelles activités pour les parcs zoologiques

Une éventuelle nouvelle ressource pourrait bien être la vente d’animaux. En juin 2020, en effet, le département des forêts du ministère des Ressources naturelles et de la Conservation de l’Environnement – avec qui travaille Htoo Zoos and Gardens - a annoncé par ordonnance que 90 espèces protégées de Birmanie pourront désormais être élevées dans les zoos à des fins commerciales. Tigres, pandas roux ou encore le désormais célèbre pangolin pourront être élevés dans le but d’être revendu à d’autres zoos… ou des hôtels ou des « structures d’éco-tourisme ». D’autres espèces, comme les cerfs aboyeurs, les crocodiles ou les faisans argentés, pourront être élevées pour leur viande ou pour les médecines traditionnelles. En outre, l’ordonnance autorise l’élevage de dauphins de l’Ayeyarwady dans les zoos. Les associations de défense des animaux et de préservation de la nature sont vent debout ! Le directeur de l’organisation non-gouvernementale EcoDev explique : « Nous craignons que le secteur privé abuse de la loi et que ces élevages d’animaux sauvages permettent de faire du commerce illégal car il existe de nombreuses lacunes et faiblesses juridiques en Birmanie sur ce sujet ». Exemple évident : il n’existe pas aujourd’hui de dauphin de l’Ayeyarwady en zoo en Birmanie, donc en élever implique automatiquement d’en prélever dans leur espace sauvage… ce qui est en théorie interdit !

Il est de fait établi que ce sont les cadres légaux mal conçus qui permettent les trafics d’espèces protégées. En Birmanie, l’exemple du teck est archétypal. Parce que ce commerce est encadré mais très faiblement, il est très simple pour les trafiquants d’obtenir des certificats d’origine falsifiés. Et il est ensuite très compliqué en revanche de faire le tri entre le teck légal et illégal, et grâce à ce tour de passe-passe, les trafiquants peuvent vendre sans problème leur bois.

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