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La faune birmane pourrait bénéficier du coronavirus

Pangolins récupérés lors d'une saisie en ThaïlandePangolins récupérés lors d'une saisie en Thaïlande
Pangolins récupérés lors d'une saisie en Thaïlande
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 11 février 2020, mis à jour le 11 février 2020

Alors que les spécialistes affirment que le coronavirus 2019-nCoV trouve son origine dans des animaux sauvages, de nombreuses voix s’élèvent afin que la Chine passe d’une interdiction temporaire à définitive du commerce de viande et d’animaux dits sauvages, une mesure qui, si elle était adoptée, serait très favorable à la faune et à la biodiversité en Birmanie puisque ce pays est l’une des grandes sources d’approvisionnement du marché chinois légal comme illégal.

Les vétérinaires et chercheurs sur la piste du coronavirus 2019-nCoV suggèrent que la source première de contamination pourrait être des chauves-souris qui auraient elles-mêmes infectées des pangolins, lesquels auraient ensuite transmis le mal à un humain. Si cette chaîne n’est encore qu’hypothétique et sujette à discussion scientifique, la plupart des vétérinaires s’accordent sur le rôle clef que le pangolin aurait joué… le pangolin, une espèce notoirement trafiquée vers la Chine depuis la Birmanie ! Une interdiction complète de la vente de cet animal, et d’autres espèces, seraient donc profitable à la riche biodiversité du pays.

Pour bien des militants en faveur de la biodiversité, la protection de celle-ci est une raison suffisante en elle-même pour une interdiction définitive, mais une raison jusque-là peu entendue par les autorités chinoises puisqu’après l’épidémie du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) et l’interdiction provisoire que la maladie avait provoquée, ce commerce avait repris comme si de rien n’était. Cette deuxième éruption en Chine ajoute les voix du corps médical et sanitaire à celles des écologistes, et la crise internationale comme les pertes économiques pourraient pousser Pékin à agir un peu mieux et un peu plus fort. Selon l’Organisation mondiale de la santé, plus de 70% des maladies infectieuses émergentes touchants les humains trouvent leur source dans des animaux sauvages, et notre espèce n’est pas encore immunisée à ces nouveaux virus, bactéries ou parasites. Il lui a fallu des millénaires pour s’adapter à ceux venant du bétail domestique…

Le problème des autorités est que ce commerce des animaux sauvages mélange allègrement le légal et l’illégal, bien des bestioles ne provenant pas des forêts ou des bois mais simplement d’élevages. De même qu’il existe ailleurs dans le monde des élevages de crocodiles pour leur cuir, ou de moutons, poulets, bœufs ou porcs pour leurs viandes, il existe en Chine des élevages de salamandre chinoise géante, une espèce officiellement protégée dans le pays lorsqu’elle est sauvage, ou de civettes destinées à la consommation. Selon les chiffres officiels chinois, toujours à prendre avec circonspection mais donnant malgré tout une indication, rien que dans la province de Hunan, ce sont la bagatelle de plus de 23 000 sites d’élevages d’espèces dites sauvages qui ont été fermés depuis l’interdiction temporaire du 26 janvier 2020.

Sans interdiction totale de commerce, la gageure, classique dans les trafics d’espèces sauvages, devient de distinguer ce qui relève du prélèvement sur des espaces sauvages de ce qui provient des élevages. Une confusion qui ouvre la porte à tous les abus, n’importe quel commerçant de teck peut en attester. De plus, le marché illégal des espèces sauvages représente une manne de dizaines de milliards de dollars étatsuniens, plus de 20 milliards par an selon une étude de WWF. Et une bonne part de cet argent circule dans l’empire du milieu…

Note d’espoir toutefois, quand la Chine veut, elle peut. Ainsi, lorsque le pays a interdit définitivement les importations d’ivoire, des effets réellement positifs ont pu être observés. En septembre 2020, la Chine sera justement l’hôte d’une réunion internationale majeure liée à la Convention sur la diversité biologique de 1992 qui a pour objectif la protection de la biodiversité dans le monde. Une opportunité pour une décision forte et attendue.

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Publié le 11 février 2020, mis à jour le 11 février 2020

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