Des élus et membres de parti politiques arakanais, des organisations de la société civile et des groupes de médias ont écrit au président Win Myint et à la conseillère d’état Aung San Suu Kyi pour réclamer la fin de l’interdiction d’internet dans l’état de l’Arakan, interdiction qui a commencé le 19 juin 2019 et persiste depuis dans huit circonscriptions du pays (une, celle de Paletwa, se situant dans l’état de Chin voisin et pas dans l’Arakan).
Dans cette lettre ouverte, trois parties politiques officiels, 64 organisations de la société civile, sept organisations internationales opérant dans l’Arakan et trois groupes de médias s’appuient sur des faits et des chiffres pour affirmer que cette censure gouvernementale à l’encontre du réseau mondial est non seulement inefficace mais même contre-productive. « Le nombre d’incidents, d’escarmouches et de combats au niveau local a doublé pendant cette année, passant de 129, entre juin 2018 à mai 2019, à 273 entre juin 2019 et mai 2020 », explique la missive. En outre, précise encore les protestataires, le nombre de victimes est lui aussi en augmentation : de décembre 2018 à décembre 2019, 199 civils ont été blessés et 101 tués par des militaires de tous bords ; entre janvier et mai 2020, ces chiffres se montent à 344 blessés et 151 morts ! Sans compter les déplacés dont les autorités ont perdu le compte exact et qui constituent donc des victimes faciles pour tous les abus mais aussi des cibles toutes trouvées pour un enrôlement, volontaire ou pas, dans les forces rebelles de l’Armée de l’Arakan.
La lettre conclut que non seulement cette coupure d’internet de plus d’un an – la plus longue à ce jour dans le monde – n’a donc en rien réduit le conflit ou nuit aux rebelles mais que de surcroît elle a rendu les populations toujours plus vulnérables quant à la protection de leurs vies et de leurs biens, et que tout cela dans le contexte actuel crée une instabilité régionale au détriment de tout le monde. Les signataires réclament donc le retour à un système de communication normal, qui selon eux renforcera les liens sociaux et la sécurité des personnes plutôt que l’inverse. Ils n’ont pour l’instant reçu aucune réponse officielle, ni même une réaction des récipiendaires.