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Les temps deviennent durs pour l’industrie de la confection textile

A Hlaing Tha Yar, dans le nord-est de Yangon, des salariés du secteur de la confection textile manifestentA Hlaing Tha Yar, dans le nord-est de Yangon, des salariés du secteur de la confection textile manifestent
A Hlaing Tha Yar, dans le nord-est de Yangon, des salariés du secteur de la confection textile manifestent
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 24 février 2020, mis à jour le 24 février 2020

L’Association des industriels de la confection textile (Myanmar Garment Manufacturers Association - MGMA) vient d’annoncer que près de la moitié de ses membres pourraient être amenés à fermer dès le mois de mars faute de matières premières à cause des mesures prises en Chine pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. Selon l’organisation, certaines usines ont déjà commencé à tourner au ralenti… Mais cette affirmation - et la menace sous-jacente qu’elle contient… - tombe aussi à pic alors que les négociations bisannuelles obligatoires sur la revalorisation du salaire minimum arrivent dans une phase cruciale – celle où il va falloir trouver un accord sur le montant - et au moment où l’Union Européenne (UE) annonce une mission d’inspection en Birmanie afin d’évaluer les progrès effectués en matière de respect du droit et des conditions de travail, et plus généralement sur les questions de droits humains.

Dans un contexte de nombreux conflits sociaux et économiques dans les usines de confections, en particulier celles des zones de Hlaing Thar Yar et Shwe Pyi Thar où les ouvriers et surtout ouvrières ont régulièrement manifesté contre leurs conditions de travail et pour un meilleur salaire, la MGMA craint une forte augmentation de ces émoluments minimum. Surtout que cette réévaluation du salaire minimum ne concerne pas que l’industrie de la confection textile mais en théorie la plupart des activités salariées ; et sachant que 2020 est une année d’élections générales où un geste fort du gouvernement aurait sans doute des répercussions favorables dans les urnes… Pour l’instant, les études et les sondages préliminaires à la réévaluation réalisés par un comité paritaire (représentants du gouvernement régional, des salariés et des employeurs) se sont déroulés correctement partout dans la région de Yangon, avec des dizaines d’usines visitées et plus d’un millier de personnes interrogées. Mais il n’en va pas de même dans le reste du pays, où du retard s’est accumulé dans certaines zones. Conséquence : le gouvernement régional préfère attendre un peu pour annoncer le nouveau salaire minimum, ce qui évidemment alimente craintes et rumeurs, et donne un peu plus de temps aux associations patronales pour essayer de peser…

Des associations patronales aussi sous tension internationale avec l’annonce de l’UE d’une nouvelle mission d’inspection afin d’établir si la Birmanie continue à remplir les conditions pour profiter de son système des préférences tarifaires généralisées (SPG) qui permet l’importation, à taux réduit ou nul, de marchandises provenant de pays en voie de développement, à l’exception des armes et munitions. Le Cambodge, jusque-là bénéficiaire de ce SPG, vient d’en être partiellement évincé. Un coup de tonnerre attendu mais néanmoins violent qui redonne un peu de crédit à la parole de Bruxelles et suscite donc des inquiétudes chez ceux qui sont bien conscients de ne pas tout faire au mieux en matière de respect du droit et des conditions de travail, et plus généralement sur les questions de droits humains. Pour l’industrie birmane de la confection textile, une perte du SPG serait une catastrophe que le secteur n’a pas du tout pris en compte à ce jour, vivant dans l’illusion de pouvoir continuer indéfiniment à mener ses affaires comme bon lui semble.

Si la situation dans l’état d’Arakan n’indique aucune amélioration, un euphémisme !, celle dans le secteur industriel cherche a se donner les moyens de faire mieux. La MGMA a ainsi commencé à travailler avec l’Organisation mondiale du travail sur des méthodes d’auto-évaluation afin que les industriels se rendent compte s’ils respectent ou pas les normes internationales, notamment celles de l’UE et des Etats-Unis, sur les questions de conditions et de droit du travail.

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