Le gouvernement birman a annoncé ses premières mesures d’aide à l’économie nationale malmenée par la crise du coronavirus, à travers le fond Covid-19 doté de 100 milliards de kyats, soit environ 65 millions d’euros. Cet argent n’est pas automatiquement de l’argent liquide disponible mais plutôt le montant total des aides consenties par des prêts sur un an à un taux d’intérêt très réduit de 1%, alors que l’inflation explose à 9%, des facilites de paiements des impôts sur les sociétés ou même dans certains cas d’exemptions totales de ces taxes. Principaux bénéficiaires de ces mesures exceptionnelles, qui ne concernent que les entreprises détenues par des Birmans, le secteur du textile, de l’hôtellerie et du tourisme et celui petites et moyennes entreprises (PME). Ces mesures sont valables au moins jusqu’à la fin de 2020, et elles pourront être révisées pendant l’année comme prolongées si nécessaire pour l’année prochaine en fonction de l’évolution de la situation économique du pays, a expliqué un porte-parole du gouvernement.
La Birmanie est le pays avec les taux d’intérêt bancaires les plus élevés de tous les pays membres de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) – des taux allant de 7,5% pour les comptes de dépôts à des 12,5% pour des prêts avec caution solidaire et jusqu’à 15,5% pour des prêts sans caution solidaire. Des taux beaucoup trop élevés pour que la population ou même les PME se risquent à emprunter. En outre, les principales banques du pays sont connues pour traîner des « créances pourries » qui les handicapent, le tout dans un secteur bancaires non-consolidés et qui ne répond pas encore aux normes internationales – de très loin ! – malgré un mouvement progressif mais lent vers une meilleure gouvernance et plus de transparence. Cette incapacité du secteur bancaire à pouvoir aider les entreprises en difficulté explique en grande partie la volonté de l’Etat birman de mettre en place des prêts d’urgence à faible taux. Il est d’ailleurs à craindre que les effets de cette crise sanitaire maintenant mondiale n’entraînent plusieurs banques locales vers la faillite.
50% de touristes en moins en 2020
Autres secteurs profondément touchés et en grand danger, ceux de la fabrication textile et du tourisme. Pour la fabrication textile, une vingtaine d’usines ont déjà choisi de mettre définitivement la clef sous la porte, pour certains cas dans l’incapacité au passage de payer l’intégralité des salaires dus. Au moins 10 000 personnes ont déjà perdu leur travail à cause de ces fermetures.
Dans le tourisme, la fermeture des frontières dans de nombreux pays et la réduction drastique du trafic aérien frappent les hôtels et agences de voyage de plein fouet. Le ministère du Tourisme prévoit une baisse de 50% au minimum du nombre de touristes en Birmanie pour l’année 2020. En outre, l’annulation de Thingyan et de Songkran dans la Thaïlande voisine va priver l’industrie du transport et de la restauration de la manne des quelque 4 millions de travailleurs expatries qui normalement reviennent et dépensent durant cette période. Conséquences sur la restauration, par exemple, plus de 200 fermes de crabes de la région de l’Ayeyarwady ont dû fermer temporairement, mettent au chômage technique de l’ordre de 20 000 personnes.
Les aides à venir seront donc les bienvenues et certainement très utiles. Reste à savoir si la communication des mesures et la coordination entre les ministères et les différentes directions concernées sera à la hauteur de l’enjeu. Sur la manière dont tout cela sera organisé en détail, le gouvernement n’a d’ailleurs pour l’instant rien dit.