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Le tourisme communautaire se développe dans l’archipel de Myeik

Done Nyaung Hmine tourisme communautaire birmanieDone Nyaung Hmine tourisme communautaire birmanie
Une vue de Done Nyaung Hmine, où désormais les étrangers peuvent séjourner
Écrit par Julia Guinamard
Publié le 18 janvier 2021, mis à jour le 19 janvier 2021

Dans l’archipel de Myeik, sur l’île de Kanmaw, les touristes pourront dorénavant passer la nuit à Done Nyaung Hmine, un village de pêcheurs de la circonscription de Kyunsu. Le 10 janvier 2021, le Premier ministre du Tanintharyi a en effet inauguré cette toute première zone de tourisme communautaire sur une île en Birmanie, annonce le quotidien Daily Eleven. Les visiteurs pourront explorer les criques sauvages et les plages splendides et observer la culture et les traditions des populations locales, constituées de Birmans, de Karens et surtout des célèbres Mokens, ou Salons, un peuple très connu en Birmanie pour ses nombreuses pratiques et traditions liées à l'eau, notamment son nomadisme marin… aujourd’hui en désuétude.

Car ces dernières années, les modes de vie des habitants de l’archipel ont considérablement évolué, en grande partie sous l’impulsion de projets des autorités locales ou nationales, projets parfois vus comme une ingérence des gouvernants dans le quotidien des locaux. Cette ouverture de Done Nyaung Hmine au tourisme – les étrangers pourront désormais y passer la nuit, ce qui leur était normalement interdit auparavant – sous l’égide et - en théorie - au bénéfice des communautés locales ne déroge pas à la règle. Le programme, même s’il est communautaire, a été mené en grande partie par le gouvernement régional, le ministère de l'Hôtellerie et du Tourisme et l'association des entrepreneurs du tourisme. Aux yeux des dirigeants, le tourisme communautaire est « un moyen de sortir les gens de la pauvreté ».

Dans le cas de Done Nyaung Hmine, située à deux heures de bateau de la ville continentale de Myeik, l’idée est d’en faire un centre local d’accueil pour les visiteurs de l’archipel. De courtes croisières naviguant au sein de l’archipel partiront de l’île, appelée - selon les initiateurs du projet - à devenir une attraction touristique à part entière, et plus seulement un lieu de passage pour le déjeuner. « L'île compte les infrastructures adéquates pour devenir une destination touristique », affirme le directeur de l'Hôtellerie et du Tourisme de la région de Tanintharyi.

Depuis 2018, le Tanintharyi a d’ailleurs lancé trois projets pilotes de tourisme communautaire dans les districts de Dawei, de Myeik et de Kawthaung, considérés comme des succès. Avec toutefois toute l’ambiguïté de ces projets communautaires : l’« authenticité » qui constitue l’attraction numéro Un pour les visiteurs et l’essence du tourisme communautaire doit être conservée à tout prix sous peine que le projet échoue ; et dans le même temps, le développement économique entraîne souvent la fin de beaucoup de ces traditions la plupart du temps liées à la pauvreté. Un dilemme malheureusement couramment résolu en vidant le folklore de son sens profond pour n’en garder que le décor et l’apparence en l’aseptisant. Une triste fin pour des traditions que le programme annonçait à l’origine vouloir aider à préserver. En Birmanie, le cas emblématique de cette acculturation est celui des fameuses femmes-girafes Padaung…

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