Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 2

La dengue particulièrement virulente depuis le début de l’année

dengue birmaniedengue birmanie
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 23 juin 2020, mis à jour le 24 juin 2020

Avec 12 morts pour les sept derniers jours, la dengue a en une semaine éclipsé le bilan de la Covid-19 des trois derniers mois, depuis fin mars 2020 et l’identification des premiers cas de cette maladie en Birmanie. Et si maintenant l’on compare le nombre de malades atteint, le décompte officiel de la Covid-19 s’élève à 291 le 23 juin 2020, pour 1480 infections à la dengue depuis février dernier. Et ce n’est malheureusement qu’un début, préviennent les médecins spécialisés… Car la dengue, dont le vecteur est le moustique Aedes aegypti, profite toujours des conditions humides favorables à la reproduction de l’insecte. Les eaux stagnantes, les décharges non contrôlées, les ordures ménagères jetées à la rue sont autant de nids à moustique et donc de vecteur de prolifération de la dengue, ou d’ailleurs d’autres maladies liées aux moustiques et aux insectes de manière plus générale. Et autant les autorités, et pas seulement en Birmanie, ont essayé de lutter efficacement contre la contagion par le Sars-CoV-2, autant elles persistent à négliger dans les faits les mesures de base de collectes et de retraitements des déchets ménagers, de limitation ou de couverture des puits, mares et des canalisations.

Pire, il est bien possible que la lutte contre la Covid-19 a favorise l’épidémie de dengue ! Un récent article de rechercher publié par l’International Growth Centre, une organisation britannique de recherche et de conseil sur les politiques d’environnement et de développement durable, mettait Nay Pyi Taw en garde contre les coûts sociaux, économiques mais aussi sanitaires du « tout contre le coronavirus ». Pour les deux chercheurs à l’origine du papier, « il n’y a pas de sens à créer un fonds d’aide spécial lié à la Covid-19 si c’est en prélevant de l’argent sur d’autres programmes considérés auparavant comme des priorités sanitaires ». Les programmes de contrôles sanitaires notamment étaient classés prioritaires mais les populations n’en ont pour l’instant vu aucun effet et les dépôts d’ordures sauvages ou non collectés continuent à prospérer dans le pays.

De bons conseils mais pas d’action concrète et efficace

Evidemment, les officiels distribuent comme toujours à l’envie bons conseils et recommandations, et comme souvent ceux-ci parfaitement déconnectés de la réalité… Exemple provenant d’un haut fonctionnaire du ministère de la Sante et des Sports : « Les gens doivent jeter leurs ordures comme il faut… ». Sans autre explication. A Yangon, les limites de stockage des déchets ménagers sont presqu’atteintes et la collecte de ceux-ci est approximative, ce qui fait que dans certains quartiers les sacs poubelles – pourtant déposés dans la benne à cet effet – s’accumulent et son éventrés par les chiens et les rats qui prolifèrent, devenant des « maternités à moustiques ».

Les épidémiologistes soupçonnent également que le confinement et la quarantaine, s’ils ont été plutôt efficaces contre la pandémie de Covid-19, ont en revanche favorisé la propagation de la dengue en concentrant de nombreux humains dans des espaces réduits, cibles faciles pour les moustiques qui de piqûres en piqûres ont pu infecter un plus grand nombre de personne. L’épidémie de dengue n’est d’ailleurs pas une problématique nationale mais bien régionale, et toutes les nations ayant eu recours au confinement pour juguler le Sars-CoV-2 se retrouvent maintenant à faire face à la dengue : les premières données sur les cas de 2020 sont alarmantes, avec une hausse de 60% des malades en Indonésie par rapport à 2019, deux fois plus d’infections qu’en 2019 à Singapour, et déjà 52 000 cas avérés en Malaisie.

Plus d’une centaine de morts chaque année en Birmanie

Il n’existe à ce jour aucun traitement vraiment efficace contre la dengue, qui comporte quatre sérotypes et dont les symptômes sont assez similaires à ceux de la grippe… ou de la Covid-19. La plupart des malades s’en sortent avec une forte fièvre (de l’ordre de 40°C), accompagnée d’au moins deux des symptômes suivants : céphalées sévères, douleurs rétro-orbitaires, musculaires, articulaires, nausées, vomissements, adénopathie ou éruption cutanée. Les symptômes perdurent en général de 2 à 7 jours et apparaissent à la suite d’une période d’incubation de 4 à 10 jours après la piqûre d’un moustique infecté.

La dengue sévère, naguère nommée dengue hémorragique, est la complication potentiellement mortelle, marquée entre autres par une détresse respiratoire et des hémorragies profuses. Les signes d’alerte surviennent de 3 à 7 jours après les premiers symptômes, conjointement à une baisse de la température (en dessous de 38°C). Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « on peut alors observer des douleurs abdominales sévères, des vomissements persistants, une hyperpnée, des saignements des gencives, de la fatigue, une agitation, du sang dans les vomissures. La mort peut survenir dans les 24 à 48 heures suivantes de cette phase critique ; un traitement médical adapté est alors nécessaire pour éviter les complications et le risque de décès. On estime que, chaque année, 500 000 personnes atteintes de dengue sévère, dont une très forte proportion d’enfants, nécessitent une hospitalisation. Environ 2,5% d’entre eux en meurent ». En Birmanie chaque année, la dengue emporte plus d’une centaine de vies.

Flash infos