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La corruption entre au programme scolaire birman

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Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 27 mai 2020, mis à jour le 28 mai 2020

Alors que les écoles devraient rouvrir le 21 juillet prochain au lieu du 1er juin, la date normale, hors-pandémie, de la rentrée des classes en Birmanie, les nouveaux manuels scolaires pour l’année 2020-2021 sont bien sûr déjà revus et publiés, tenant compte des nouveautés du programme, notamment des contenus inédits ajoutés pour adapter le curriculum aux évolutions de la société, et aussi pour participer de la transformation de celle-ci.

Un nouveau contenu qui a d’ores et déjà beaucoup fait parler de lui est l’introduction de l’éducation sexuelle au niveau du Grade 11, l’équivalent de la terminale française dans le cursus birman. Une nouveauté qui n’a pas l’heur de plaire aux conservateurs, qui y voit – comme partout dans le monde, il faut bien le constater – une « incitation à la débauche », doublée localement « d’une atteinte à la culture birmane » (laquelle pratique pourtant la sexualité, sinon elle aurait disparu…). Mais un autre changement n’a pour l’instant susciter aucune polémique, qui pourrait pourtant largement contribuer à transformer « la culture birmane » : l’intégration dans le curriculum de cours sur la corruption, sur ses formes, sur sa nocivité, et donc sur la lutte anti-corruption. Un ajout radical dans un pays où l’argent gris, la petite corruption, est généralisé. Certes, des fascicules contre la corruption ont déjà été distribué en 2018 et 2019, mais il n’était pas demandé que la matière soit enseignée systématiquement. Ce qui est maintenant une requête du ministère de l’Education.

 

« Petits services » et « petits cadeaux » sont partout, y compris à l’école

U Aung Kyi, le président de la Commission anti-corruption, a d’ailleurs rencontré au début de cette semaine le président du Parlement birman, U T Khun Myat – lui-même un juriste de formation -, pour lui remettre 700 jeux de manuels, un pour chaque parlementaire plus quelques exemplaires supplémentaires, « afin qu’ils puissent les lire, en connaître le contenu et le diffuser ». Un jeu consiste en quatre manuels différents (pour l’école primaire, le collège, le lycée et l’université) qui compilent des textes de références et des méthodes pour les enseigner, niveau par niveau. La Commission a travaillé avec le ministère de l’Education pour élaborer ces quatre livres scolaires, qui expliquent ce qu’est la corruption, son côté pernicieux, comment des pratiques sociales ordinaires en Birmanie relèvent de fait de la corruption, en quoi elle n’est pas acceptable et comment elle freine le développement et la liberté dans le pays.

Reste maintenant à savoir comment cette matière sera enseignée : l’école est l’un des hauts lieux de la petite corruption en Birmanie, les parents offrant régulièrement des « petits cadeaux » aux enseignants à de multiples occasions sans que cela soit perçu comme inapproprié, et les enfants de ceux dont les cadeaux sont jugés « trop petits » payant souvent en classe le prix de ce « manque de respect ». Dans la conversation, nombre de parents birmans reconnaîtront facilement que leurs enfants prennent des cours particuliers – en fait ils sont souvent nombreux ensembles – avec leur institutrice ou leur professeur non pas parce qu’ils en ont besoin mais parce que « c’est le seul moyen d’avoir de bonnes notes ». Autant de comportements notoires. L’initiative tant de la Commission que du ministère est louable, il sera intéressant de voir comment elle est évaluée.

 

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