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La conférence de Panglong entre avancée et mascarade

Daw Aung San Suu Kyi le 19 août 2020 lors de son discours inaugural de cette quatrième sessionDaw Aung San Suu Kyi le 19 août 2020 lors de son discours inaugural de cette quatrième session
Daw Aung San Suu Kyi le 19 août 2020 lors de son discours inaugural de cette quatrième session
Écrit par Julia Guinamard
Publié le 24 août 2020, mis à jour le 24 août 2020

« Si nous suivons un fil conducteur durant les négociations, une politique que tout le monde approuve émergera », a déclaré Daw Aung San Suu Kyi à l’ouverture de la quatrième session de la Conférence de Panglong sur la paix qui s’est déroulée entre les 19 et 21 août 2020. Aung San Suu Kyi a évoqué trois défis majeurs : parvenir à obtenir des sept groupes armés ethniques qui n’ont pas encore signé l’accord de cessez-le-feu qu’ils le signent enfin, poursuivre le dialogue avec les dix groupes armés qui l’ont signé et amender la Constitution pour une meilleure reconnaissance d’un état fédéral.

C’est sur ce dernier point qu’un début d’avancée a peut-être eu lieu : l’armée régulière – la Tatmadaw - a accepté le concept d’état fédéral pour la Birmanie, après y avoir été opposée durant près de 70 ans. « Avant, personne n'évoquait le fédéralisme. Aujourd’hui, le besoin de s'entendre sur les principes de base du fédéralisme est pris en compte. Les conflits militaires doivent être résolus par la politique », explique un politologue. Ne pas se réjouir trop tôt cependant : le porte-parole de la Tatmadaw a aussi déclaré que pour faire avancer le processus de paix les groupes armés dissidents doivent déposer les armes. Retour à la case départ donc.

Avec les conflits qui persistent entre la Tatmadaw et les groupes armés ethniques, le chemin paraît toutefois encore long avant de parvenir à la constitution d’un réel état fédéral. Et l’absence à cette quatrième session de la conférence de Panglong de huit groupes armés ethniques majeurs rallonge encore cette longueur… Le huitième groupe, l’Armée de l’Arakan (AA), est classée officiellement comme une organisation terroriste par le gouvernement birman et n’était donc pas invité à Nay Pyi Taw pour la conférence. Ce qui explique l’absence des sept autres groupes armés ethniques non-signataires de l’accord de cessez-le-feu : ils se sont abstenus par solidarité avec l’AA.

Dans ce contexte, il semble difficile de faire avancer ces négociations, qui sont pourtant essentielles : « Si nous ne changeons pas de mentalités et d’approche alors nous ne pouvons pas avancer... Nous devons changer de stratégie. La meilleure stratégie est la négociation », a déclaré le président du Nouveau Parti de l’État de Mon, signataire des accords de cessez-le-feu. Mais selon un expert sur les affaires ethniques, toutes ces discussions et discours ne s’attaquent en rien aux éléments concrets et qui fâchent : « Les accords conclus sont très généraux et agréables pour les deux parties, mais en réalité, ils n'ont pas touché les questions sérieuses. De nombreuses discussions et négociations doivent encore être faites ». En outre, selon un autre expert, les moyens pour mettre en place des accords restent souvent flous.

La première conférence de Panglong a été lancée en 1947, entre autres par le général Aung San, le père d’Aung San Suu Kyi, peu de temps avant son assassinat en juillet de cette même année. Les négociations sur les accords de cessez-le-feu ont repris en 2012, mais aujourd’hui les conflits armés entre la Tatmadaw et les groupes armés ethniques font encore rage, particulièrement dans les états de l’Arakan, du Kachin, du Kayah et du Shan.

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