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« Je crois en l’éducation et l'implication des patients »

Hugues Tierny, kinésithérapeute en BIrmanieHugues Tierny, kinésithérapeute en BIrmanie
Hugues Tierny, kinésithérapeute
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 5 juin 2020, mis à jour le 5 juin 2020

Lepetitjournal.com Birmanie : Hugues Tierny, nous savons de vous que vous êtes kinésithérapeute, et par notre expérience personnelle que vous êtes un bon kinésithérapeute... Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?

Hugues Tierny : Je suis né en France mais ma famille a émigré en Belgique lorsque j’avais quatre ans. J’ai donc grandi et étudié là-bas. C’est en Belgique que j’ai obtenu le 30 juin 1994 mon diplôme de kinésithérapeute, après 3 ans d’étude, un diplôme qui aujourd’hui en requiert cinq en Belgique et quatre en France.

LPJ : Les Belges ont un an d’avance alors ?

HT : (Rires) C’est une manière de voir… Ce qui est certain c’est que ce sont des études très complètes autour de ce métier. Il ne m’a donc pas été trop difficile d’obtenir mon équivalence avec le diplôme français. J’ai commencé par un remplacement de trois mois au centre de rééducation fonctionnelle de Deauville, qui accueille beaucoup de gens, des jeunes notamment, pour de la rééducation orthopédique, puis d’autres remplacements de-ci, de-là, suivant la demande ; ensuite à Montpellier, à l’hôpital universitaire Lapeyronnie, pour passer mes stages d’équivalence afin de pouvoir exercer en France ; puis en Lorraine, à Thionville, afin d’acquérir de l’expérience en cabinet ; et encore à Calais, où là encore je bossais en cabinet, à travers deux mi-temps dans deux structures différentes. Tout allait bien mais j’avais des envies de voyage et de découverte, je voulais voir du pays, alors j’ai décidé de partir.

LPJ : Pour où ?

HT : L’île de la Réunion. A l’époque, je ne parlais pas de langue étrangère donc il me fallait une destination francophone. En outre, je voulais continuer à pratiquer la plongée sous-marine. Ma thèse de diplôme portait sur « La plongée sous-marine comme aide à la réadaptation motrice ? ». Je voulais démontrer qu’il y a des avantages physiologiques à plonger, à mettre des gens sous l’eau pour renforcer la verticalité des personnes en fauteuil, par exemple. Avec aussi, et peut-être surtout, l’impact de retrouver du plaisir et une confiance en soi. J’ai facilement obtenu ma thèse…

LPJ : Comment se sont passées ces années réunionnaises ?

HT : Ce furent deux belles années. D’abord, j’avais décidé en partant que ce ne serait que deux ans, que j’ai consacrés à faire des remplacements, de la plongée, des randonnées et des visites des pays voisins. Ensuite, je suis passé du Dom au Tom et j’ai rejoint la Polynésie, Papara et Paea, à Tahiti. J’y suis resté presque six ans. Outre mon travail de kiné, j’y ai aussi peaufiné mon approche pédagogique des choses. J’ai appris la plongée en Belgique avec des moniteurs qui donnaient de leur temps pour aider des jeunes. J’ai voulu faire une sorte de retour d’ascenseur et à Tahiti, je suis devenu à mon tour moniteur de plongée sous-marine et j’ai travaillé bénévolement comme instructeur afin d’aider, ce qui a renforcé mes compétences didactiques. Mais vivre sur île, je trouve que c’est lassant, on tourne vite en rond… C’est une sorte de « prison dorée » loin de tout. Alors en 2004, je pars en Australie, dans l’idée d’y obtenir une licence professionnelle pour pouvoir exercer sur place.

LPJ : Mais l’Australie aussi est une île !

HT : Certes, mais une très grande île, où il y a donc plein de chose à faire. Au final, pour des questions administratives, je n’ai pas pu m’installer là-bas comme j’y songeais mais j’ai en revanche pris des cours intensifs d’anglais, suffisamment pour bien parler cette langue aujourd’hui. Et puis quand il m’a fallu quitter l’Australie, avec mes nouvelles compétences linguistiques et celles de kinésithérapeute et de pédagogue, j’ai trouvé une mission humanitaire avec l’ONG Rizière, une ONG française de Reims qui m’a envoyé à Hanoï pour créer un service de kinésithérapie pédiatrique à l’hôpital Saint Paul. J’ai donc formé des des kinés et des soignants à la kiné avec pour enjeu permanent que les services mis en place perdurent. Après cette mission, je suis finalement resté à Hanoï durant 11 ans, à travailler pour la clinique international SOS et à former et donner des cours dans d’autres hôpitaux de Hanoï. Ensuite, ce sont deux ans d’aller/retour entre l’Asie et la Belgique pour des questions personnelles et j’atterris finalement au Japon, où je reste trois mois dans une école de langues. Puis j’ai eu l’occasion de travailler à Niseko, sur l’île d’Hokkaïdo durant la saison de ski comme kiné et moniteur de Pilates. C’est Olivier Cattin, que je connaissais, qui m’a suggéré de venir m’installer à Yangon car il considère qu’il y a de gros besoins thérapeutiques. Je suis arrivé en Birmanie en décembre 2019 et nous avons lancé l’activité début mars.

LPJ : Vous dites « l’activité », mais laquelle exactement ?

HT : De la kinésithérapie bien sûr, et des techniques de thérapies manuelles, une série de disciplines qui sont entre la kiné et l’ostéopathie. A Hanoï, par curiosité au départ, et ensuite parce que j’ai constaté que cela apportait beaucoup à ma pratique thérapeutique, j’ai commencé en prenant des cours à l’hôpital de médecine vietnamienne traditionnelle. Cela m’a ouvert les yeux sur d’autres approches complètement opposées à la médecine occidentale. Mes profs étaient impressionnants. J’ai par exemple acquis le droit de faire de l’acupuncture, mais pour que ce soit efficace il faut que les aiguilles restent entre 20 à 30 minutes… Sur une consultation de 45 minutes, cela fait beaucoup. En revanche, avec ce savoir, j’ai commencé à travailler en acupression, sur des points intéressants pour les maux de tête, par exemple. Cela m’a fait acheter un super bouquin thaïlandais d’acupression étape par étape et d’utiliser cette technique quand je pensais que c’était la plus adaptée. Du coup, je me suis formé à plein de techniques différentes et aujourd’hui je peux faire un mix de différentes approches selon la situation thérapeutique du patient. La première fois que j’ai essayé cela, c’était avec une jeune femme que je traitais pour des douleurs de dos et de sciatiques récurrentes avec peu de progrès. J’ai essayé l’acupression et elle est repartie sans boiter, avec des progrès vraiment impressionnant dès le lendemain. C’est une des grandes leçons des thérapies manuelles : tout dépend de la situation, rien ne peut être systématique. L’important est de faire au début le diagnostic correct et ensuite de trouver la technique la mieux adaptée. Une fois une personne va bien répondre à une méthode, l’autre fois cela ne va pas bien fonctionner. La même personne, la même pathologie, la même méthode ! Je m’aperçois que les choses changent, les réponses du corps se modifient donc ce qui est difficile est de trouver la technique qui correspond le mieux au patient au moment donné. Tellement de facteurs rentrent en ligne de compte : psychologie, pathologie, anatomie, physiologie, énergie…  

LPJ : Quelles thérapies manuelles avez-vous étudié ?

HT : J’ai appris énormément d’approches différentes. L’acupuncture et la médecine traditionnelle vietnamienne, donc. Mais j’ai aussi suivi beaucoup de séminaires d’ostéopathie, sans avoir achevé la formation complète d’ostéopathe, faute de temps.  Cela m’a permis de constater que certains points d’ostéopathie se retrouvaient en acupuncture… Je me suis aussi formé en Inde, à Sirsa dans l’état d’Haryana, pour des techniques de mobilisation des articulations. Ensuite, à l’université de Bangkok, j’ai appris les méthodes de Mulligan, un physiothérapeute néo-zélandais qui a mis en évidence les concepts de déviation des facettes ou surfaces articulaires dans une articulation. J’ai ainsi obtenu divers certificats sur les manipulations spinale, vertébrale, articulaires, un peu tout le squelette et je suis aujourd’hui « Praticien certifié aux techniques Mulligan ». Je suis aussi devenu professeur de Pilates, en bossant comme un fou car au départ je manquais de pratique. Mais j’y suis parvenu, à la fois comme enseignant des méthodes de base et des méthodes avancées deux ans plus tard. J’ai aussi assisté à des ateliers de nutrition, de mobilisation viscérale et neurologique. En février 2018, c’est une petite révélation avec la découverte de la méthode Niromathé, une approche par stimulation neurodermique. La peau contient énormément de récepteurs et la Niromathé consiste à stimuler ces récepteurs pour leurrer le cerveau et lui envoyer une information différente qui le force à modifier son interprétation d’une situation et donc à rendre de la mobilité au patient et diminuer les sensations douloureuses. Je compte d’ailleurs renforcer mes compétences sur cette technique car mon expérience avec me montre qu’elle est très efficace et prometteuse.

LPJ : Comment se passe une séance de soin avec vous ?

HT : Tout d’abord, je travaille au sein de la clinique Samitivej, qui a maintenant déménagé au 9E/2 Kabar Aye Pagoda Road, dans Mayangone. Mes séances durent en général de 45 mn, mais bien sûr tout dépend des besoins. La première séance est souvent plus longue si j’ai le temps et pas d’autres consultations juste après, pour pouvoir poser des questions, faire des tests, analyser et poser le diagnostic. Je crois en l’éducation des patients et je passe du temps à leur expliquer la pathologie et les possibilités de traitements. Cela permet de dédramatiser le problème, les impliquer dans leurs soins et limiter le risque de récidives également. Après tout c’est leur corps ! Je travaille uniquement sur rendez-vous, du lundi au samedi si besoin. Mieux vaut me contacter par email, sms ou WhatsApp, en n’oubliant pas de donner son nom, et en acceptant parfois un peu de délai pour la réponse. Car bien sûr, si je suis en soins, je ne réponds qu’après la séance. Mais je réponds toujours. Lorsqu’une prescription est nécessaire, je vois avec les médecins sur place car des feuilles de soins sont disponibles pour des remboursements possibles. Dans tous les cas, je fournis une feuille de soins pour le remboursement éventuel des consultations. Pour les horaires, je m’adapte à mes patients car souvent les demandes sont soit tôt le matin, soit tard le soir. Je fais en fonction de ce qui est possible.

Pour contacter Hugues Tierny:
Samitivej clinique

+95 099 5445 2910

physio.hugues@gmail.com

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