Deux enquêtes ont été ouvertes après la mort de deux détenus de 17 ans incarcérés à l’établissement pénitentiaire pour mineurs de Mandalay. Les deux adolescents y purgeaient une condamnation pour vol de deux ans y étaient arrivés le 26 juillet 2020. Ils ont essayé de s’échapper le 31 juillet en pleine journée, à l’heure du déjeuner, avec trois autres détenus. Tentative infructueuse puisqu’ils sont rapidement rattrapés par les gardiens et ramenés en détention. Quelques jours plus tard, les 5 et 6 août, les deux décèdent l’un après l’autre, la cause du trépas n’étant dans aucun des deux cas officiellement établie.
Selon les autorités du centre pénitentiaire, l’un serait mort des séquelles d’une noyade après avoir sauté dans un ruisseau pour s’échapper. Les familles déclarent quant à elles que les corps de leurs enfants étaient couverts d’ecchymoses et de blessures lorsqu’elles les ont vus et elles mettent en cause la responsabilité de la prison pour enfants, disant que les deux adolescents auraient été battus par les autres détenus après leur évasion ratée. Des images de vidéo-surveillance confirment plutôt cette version puisqu’elles montrent les jeunes en train de se battre dans l’enceinte de la prison. Le directeur du centre pénitentiaire a d’ailleurs reconnu les faits prouvés par la vidéo-surveillance mais de son côté le responsable de l’enquête de police a déclaré que les affrontements entre détenus ne sont que de la « spéculation ». Une autre enquête est menée par la Commission nationale des droits de l’Homme (MNHRC), son président a déclaré que les deux adolescents sont morts après avoir été « sévèrement battus », sans préciser si c’était l’unique cause des décès.
La mère de l’un des défunts confie : « Avant de mourir, mon fils a dit qu'il ne pouvait pas vivre dans le centre parce qu'ils étaient parfois battus. Quand certains de leurs amis ont proposé de fuir, il les a suivis. Lorsqu'ils ont été attrapés et ramenés, les gardiens et d'autres jeunes plus âgés les ont battus avec des cannes et des tuyaux ». Selon elle, les médecins de l’hôpital ont observé des lésions cérébrales, une fracture au cou et une côte cassée qui a perforé un poumon. Les parents ont déclaré qu’ils porteraient plainte après la réception des dossiers médicaux faits par le médecin légiste, dossiers qui devraient être rendus le 26 août. Les trois autres détenus sont encore en soins, dont un à l’extérieur du centre, à l’hôpital général de Mandalay.
Comme les prisons birmanes, les centres de détention pour population juvénile font l’objet de controverses sur leurs conditions sanitaires, leur surpopulation, le manque de nourriture et de personnel. Le centre de Mandalay tourne avec 25 employés pour 500 détenus incarcérés, soit plus du double de sa capacité d’accueil qui est de 200