La ville de Yangon se ferme de plus en plus dans la peur du coronavirus. Ainsi, après la recommandation de limiter ses déplacements au strict minimum jusque hier 19 avril, le gouvernement régional a établi un couvre-feu de 22h à 4h pour l’ensemble de l’agglomération, avec un outre un ordre de confinement de sept quartiers - à savoir Bahan, Hlaing Thar Yar, Insein, Mayangone, Pabedan, Shwe Pyi Thar et South Okkalapa – dont les résidents doivent se conformer à une discipline sociale limitant leurs interactions avec d’autres personnes. De plus, les groupes de plus de cinq personnes sont désormais interdits.
La directive du ministère de la Santé et des Sports est claire : les déplacements sont autorisés pour aller travailler, acheter des denrées essentielles, se rendre à l’hôpital. Les véhicules traversant ces sept quartiers seront sous contrôles et devront justifier de leurs déplacements. S’il s’agit de véhicules particuliers, ils ne peuvent comporter qu’un seul passager outre le conducteur, sauf s’il s’agit d’une visite à l’hôpital où deux personnes peuvent se déplacer ensemble. Dans tous les cas, les individus doivent porter des masques. Si quelqu’un estime devoir sortir de ces règles, il lui est alors nécessaire d’obtenir une autorisation de l’administrateur du quartier de résidence.
Ces sept quartiers sont mis en confinement parce que ce sont ceux où le plus grand nombre de cas de Covid-19 se sont déclarés dans les derniers jours, donc ceux qui sont les plus contaminés avec aussi le plus fort risque de répandre la contagion si rien n’est fait pour le prévenir.
Les contrevenants au couvre-feu ou au confinement seront immédiatement arrêtés et incarcérés, préviennent plusieurs officiels. L’objectif des mesures est en effet évidemment d’éviter que le Covid-19 se propage mais aussi de juguler autant que possible les nombreux délits qui commencent à être recensés. La semaine du nouvel an bouddhiste, Thingyan, a depuis des années une fonction de « soupape » permettant à la population de se libérer durant quelques jours du carcan social de leur société où le non-dit, le formalisme, le ressentiment et la frustration sont très présents. Or, en lieu de « soupape sociale », c’est un confinement partiel qui se met progressivement en place. Plusieurs observateurs estiment que cette situation est explosive et demande un contrôle sérieux, d’où le couvre-feu. Une menace a en tout cas considérablement augmenté ces derniers temps : les morsures de chiens. Les rues étant plus ou moins abandonnées, les chiens errants se retrouvent en situation dominante et deviennent de ce fait plus agressifs : les attaques sont plus nombreuses et se déplacer dans les quartiers périphériques demandent aujourd’hui d’avoir un bâton long afin d’éloigner tout canin trop aventureux.