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Matthieu Chedid : « Le Liban, mes racines »

Matthieu ChedidMatthieu Chedid
Écrit par Anna Monnereau
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 6 août 2018

L’artiste est à l’affiche, samedi 4 août, du festival de Baalbeck pour un concert exceptionnel avec sa famille d’artistes et son « frère de cœur » Ibrahim Maalouf en guest star. Il a accepté de répondre aux questions de LPJ Beyrouth.

 

Votre grand-mère, l’écrivain Andrée Chedid, est d’origine libanaise. Est-ce pour cela que vous avez prévu un concert au Liban ?
Oui, c’est une vraie raison car c’est un retour aux origines. C’est pour cela en tout cas que je viens avec ma famille : pour célébrer et renouer avec nos racines.

Pourquoi Baalbeck ?
Je crois que c’est un des plus beaux festivals au Liban et c’est une chance inouïe d'y participer. Cela a pu se faire grâce à mon frère de cœur, Ibrahim Maalouf, qui a fait le lien. C’est un vrai cadeau de jouer dans l'un des plus beaux festivals au monde.

Que vous évoque le Liban ?
Le Liban, c'est mes racines. Cela m'évoque cet accent libanais que j’ai entendu dans mon enfance... Ça fait partie vraiment de mes « madeleines de Proust ». C’est un retour aux sources de venir ici car je me sens profondément libanais bien que je n’aie ni la culture ni l’expérience du pays. Cela va être un grand rendez-vous pour moi.

Quelle relation avez-vous avec le Liban ?
C’est une relation romanesque et littéraire. C’est un pays que je connais surtout à travers les livres de ma grand-mère, ses histoires, sa sensibilité, son regard. J'ai un rapport presque poétique avec ce pays.

Comment décririez-vous votre musique ? Faut-il, comme pour Jimi Hendrix, s’y attarder pour comprendre et apprécier ?
C’est une musique d’expérience et d’expérimentation. En même temps, j’essaie de faire très simple pour que ma musique reste ouverte à tous parce que j’aime profondément faire plaisir aux gens, les faire danser et rêver. Mais c’est avant tout une envie d’alchimie, d’expérience. C’est pour ça que mon studio s’appelle le Labo M: j’ai besoin d’expérimenter, toujours. Et effectivement, je pense que mon univers est particulier donc il faut s’y attarder pour vraiment le comprendre.

Quelle relation avez-vous avec le public libanais ? Comment le décririez-vous et qu’en attendez-vous  ?
Je ne le connais pas très bien mais je ressens comme une vraie ferveur, un enthousiasme et une ouverture d’esprit. C’est ce que j’ai ressenti à chaque fois que j’ai rencontré un Libanais. Les Libanais sont des gens très curieux. On le voit d'ailleurs à travers le monde avec cette diaspora qui se fond dans toutes les cultures. Je me sens assez proche de la sensibilité libanaise qui, pour moi, respire la joie et la célébration de la vie.

 ‘Ibé’ est comme un frère musical 

 

Est-ce que le Liban avec sa particularité, son instabilité et sa crise des réfugiés pourrait vous inspirer une chanson ?
J’en parlerai après ce voyage mais c’est évident que cela va beaucoup m’inspirer, me toucher et me faire encore plus prendre conscience de toute la chance que j’ai. 

Comment s’est faite votre rencontre musicale avec Ibrahim Maalouf ?
J’ai rencontré Ibrahim grâce à Vincent Ségal, un grand violoncelliste avec qui j’ai joué longtemps et qui est toujours en connexion avec des grands musiciens. Il m’a fait rencontrer Ibrahim il y a 15 ou 20 ans, et j’ai eu la chance de le voir évoluer, construire son univers... C’est époustouflant tout ce qu’il a accompli ces dernières années et l’ouverture qu’il a pu créer avec sa musique.

Pourquoi Ibrahim Maalouf participera à votre concert à Baalbeck ? Qu’est-ce que cela représente ?
« 
Ibé » est comme un frère musical. Un frère libanais qui, depuis des années, me propose de venir dans la montagne le retrouver et passer du temps avec sa famille et ses amis. Il est mon lien au Liban. Il est un peu mon guide, c’est une grande chance de l’avoir. Il était impensable de faire ce concert sans sa participation.

Vous vous inspirez mutuellement ?
C’est vrai qu’il y a quelque chose comme ça puisque nous avons des univers parallèles. Je viens plus de la pop française et lui du jazz au départ, mais effectivement, on se retrouve dans plein de domaines. On partage tous les deux cette envie de faire de la musique pour les gens sans jamais la vulgariser et en restant ouvert au plus grand nombre. On a plein de points communs, notamment cette envie de précision, d’excellence et d’aller au bout des choses.

Y-a-t-il des choses sur scène que vous ne pouvez faire qu’avec lui ?
Lorsque l'on se retrouve sur scène seulement tous les deux, en formation guitare-trompette, il y a une complicité évidente. Quand on joue avec un musicien comme lui, il faut laisser de l’espace. J’adore le laisser jouer seul dans l’espace, dans le silence, parce que c’est souvent là qu’on entend toute la subtilité de son jeu. 

Diriez-vous que vos styles musicaux se complètent ?
Ils sont complémentaires parce que l’on retrouve le même fond : le langage du cœur. C’est le plus important, c'est un langage universel. On parle la même langue mais la forme est un peu différente, alors oui on peut dire qu'on se complète bien.

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