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LIBAN, LA REVOLTE – Paroles d’étudiants : la génération rupture (III)

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Depuis le début du mouvement populaire contre le pouvoir, la jeune génération est massivement mobilisée et elle a des revendications. LPJ Beyrouth a interrogé un panel représentatif de six étudiants venus de différents horizons sur cinq thèmes.
 

Contrairement à leurs parents, les jeunes qui investissent les rues constituent la première génération à ne pas avoir connu la guerre civile, dont le spectre réapparaît en période d’incertitude. 
 

« Nous, on n’a pas vécu la guerre. On sait qu’ils ne vont pas nous protéger », affirme Rym, 22 ans, étudiante à l’École de traducteurs et d'interprètes de l’Université Saint-Joseph (USJ) originaire du Kesrouan. « Ils », ce sont les « zaïms », les leaders des partis traditionnels. « Notre génération est beaucoup plus objective. On voit les choses plus clairement. Mes parents sont à l’intérieur. Nous, on arrive à voir les choses de l’extérieur », ajoute-elle.
 

« Mes parents ont vécu la guerre. Il y a toujours cette méfiance envers l’autre. Nos parents n’accepteraient pas forcément un président musulman », explique François, 22 ans, étudiant à l’école de traducteurs de l’USJ, également originaire du Kesrouan.
 

Taline, étudiante en droit public à l’USJ originaire de Choueifat, dans le caza d’Aley, explique de son côté qu’elle est issue d’une « famille non affiliée aux partis traditionnels ». « Mes opinions ne divergent pas de celles de mes parents, mais l’intensité de l’engagement est différente car ils portent encore l’héritage de la guerre civile », ajoute l’étudiante.
 

« On a hérité de la pensée et de l’identité de nos parents, ce qui est normal. Néanmoins, nous sommes de plus en plus instruits par nos études », constate Zeinab, étudiante chiite en sciences politiques à l’American University of Science and Technology (AUST) qui dit s’être éloignée de l’orientation politique et des pratiques religieuses de ses parents.
 

Comment le rapport de ces étudiants avec la politique a-t-il évolué après le début du mouvement ? « Je n’ai jamais été intéressé par la politique. J’ai toujours manqué d’informations sur notre pays et notre histoire. Aujourd’hui, la politique m’intéresse un peu plus », affirme François, et de poursuivre : « je me suis vraiment senti libanais quand je suis allé manifester au centre-ville de Beyrouth. Je me suis identifié à mon pays. On entend tellement que ce pays n’est pas à nous…Maintenant, j’en suis fier ».

Rym, qui dit n’avoir jamais cru « aux partis traditionnels et au système », affirme que « cette révolution change les mentalités ». « Elle a montré aux gens que l’on n’était pas si différent les uns des autres. Nous les jeunes, que les politiques ont essayé d’endormir, on est là ! », s’exclame-t-elle.
 

Avant le début de la « révolution », Khaled, 21 ans, qui poursuit des études en ingénierie à l’Université américaine de Beyrouth (AUB), avait conduit une liste indépendante lors d’une élection universitaire, avant de se ranger derrière le courant du Futur, « le parti le moins corrompu » selon lui.  « Mais maintenant qu’existe un mouvement indépendant, je le soutiens entièrement », explique l’étudiant.
 

Pour Ali, 22 ans, étudiant en informatique originaire des environs de Saïda, dans le Liban-Sud, « cette ‘révolution’ est belle à voir. Elle va certainement construire une idée nouvelle du futur Liban pour les jeunes ». Pour Zeinab, ce qui arrive aujourd’hui lui donne l’espoir d’une société civile, « même si c’est un petit pas ». « Je pense que beaucoup de jeunes sont comme moi. Malheureusement, une grosse partie de la société reste dans le communautarisme », déplore-t-elle.
 

Comment réagissent les parents de ces étudiants face à ce mouvement ? « Mes parents s’identifiaient à des partis. Maintenant, ils commencent à s’en détacher », répond Rym. Les parents de François, eux, sont aounistes. « Mon père est pro-Aoun. Maintenant il remet en question son leader. Ma mère, elle, idolâtrait Michel Aoun pendant la guerre. Elle a participé aux manifestations pro-Aoun. Moi, j’étais de l’autre côté. A la maison, il y a quelques incompréhensions », explique l’étudiant, et d’ajouter : « quand on dit ‘tout le monde veut dire tout le monde’, ma mère répond qu’il y a encore des gens honnêtes. Pour moi, ‘tout le monde’ veut dire vraiment tout le monde ».
 

 

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