Après la démission de Saad Hariri, le mouvement de contestation est entré dans une deuxième phase en changeant de format. La balle est désormais dans le camp du pouvoir, pris en tenaille par la mobilisation qui ne faiblit pas et la dégradation de la situation économique.
Les étudiants prennent le flambeau de la révolte
Trois semaines après le début de la contestation, le mouvement est entré dans une nouvelle phase. Après les barrages routiers, les manifestants ont opté pour des actions plus ciblées contre des symboles de la corruption de l’Etat et de l’administration publique (Banque du Liban, Alfa, port de Beyrouth…). Cet « acte II » de la mobilisation est mené par les étudiants et les écoliers, donnant une nouvelle ampleur à la « thaoura » (révolution, en arabe).
Vers un gouvernement « techno-politique »
Après la démission du Premier ministre Saad Hariri sous la pression de la rue il y a près de deux semaines, la majorité sortante peine à former un nouveau gouvernement, alors que les manifestants réclament un cabinet de technocrates indépendants des partis politiques. Ces derniers jours, l’idée d’un gouvernement « techno-politique », sans poids lourds comme le chef du CPL, Gebran Bassil, a émergé lors des tractations menées par le président Michel Aoun. Le chef de l’Etat lancera les consultations parlementaires en vue de désigner un nouveau premier ministre lorsqu’un accord sera trouvé sur les contours du prochain gouvernement.
Economie : le spectre de l’effondrement
Malgré la volonté du pouvoir et du gouverneur de la Banque centrale de rassurer la population, la situation économique du Liban semble se détériorer. Une semaine après leur réouverture, les banques, restées fermées pendant deux semaines en raison du mouvement de contestation, fermeront leur portes samedi dans le but de contrôler les mouvements de capitaux. A cela s’ajoute les difficultés des secteurs du carburant et des médicaments, déjà paralysés par la limitation de la circulation du dollar. Ces perspectives ont conduit l’agence Moody’s à dégrader la note du Liban et la Banque Mondiale à appeler à la formation rapide d’un nouveau gouvernement.