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LIBAN, LA REVOLTE – Les visages de la contestation (I)

Photo LPJ(38)Photo LPJ(38)
Écrit par Hermine Le Clech
Publié le 10 décembre 2019, mis à jour le 18 février 2021

Installée depuis près de deux mois, la révolution contre la classe politique jugée corrompue et incompétente s’est trouvée des symboles forts et fédérateurs.


Le 17 octobre, le Liban s’enflammait sous la grogne populaire suite à l’annonce d’une « taxe What’s app » par le gouvernement. Depuis, la révolte brille par ses symboles divers et variés. Elle s’est trouvée des visages pour la représenter. Parmi eux, l’on retrouve des personnalités phares. Malak Alaywe Herz, DJ Madi K et Alaa’ Abou Fakr sont devenus les égéries de la « révolution du 17 octobre ».

 

Malak Alaywe Herz, le coup de pied fondateur

Au début de la révolte WhatsApp, Malak Alaywe Herz devient le premier symbole de la contestation. Sous les yeux d’une dizaine de manifestants, elle porte un « side kick » dans l’entrejambe d’un garde du corps du ministre de l’Education, armé d’une kalachnikov.

La symbolique est forte. Le « coup de pied fondateur » de la jeune femme repousse la classe dirigeante, incarnée par ceux qui la protègent. Par son geste, elle consacre aussi l’irruption des femmes dans ce mouvement, dans lequel elles occupent une place prépondérante.

Le moment, capturé en vidéo fait le buzz sur les réseaux sociaux. Street art, pochoirs, autocollant et logos sont déclinés à l’infini. Une semaine après, elle célébrait son mariage « là où tout a commencé », place Riad el-Solh, sous les youyous des manifestants.

 

 

 

 

Madi K, le DJ qui fait danser Tripoli

À Tripoli, l’un des centres névralgiques de la révolution, la place al-Nour danse au rythme des shows de DJ Madi K. Le 19 octobre, Mahdi Karimeh, 29 ans, originaire de la grande ville du Liban-Nord, y installe ses platines. Rapidement, les shows du disc-jockey inondent les réseaux sociaux. Il est adoubé « DJ de la révolution ».

Dans une ambiance festive, DJ Madi K passe en boucle la version arabe de Bella Ciao aux côtés de l’installation en métal formant le mot « Allah » (Dieu). Il a même composé une version techno de l’hymne national.

Parmi les chants et les drapeaux, les protestataires s’arrogent du titre des « plus heureux des peuples déprimés ».

Le DJ a aussi fait danser la place des Martyrs, au centre-ville de Beyrouth, à plusieurs reprises. Le 23 novembre, c’est en face de la version 2.0 du « Poing de la révolution » qu’il a performé, à l’occasion de la fête de l’Indépendance.  

 

 

Ala’ Abou Fakr, le martyr de la révolution

Le 12 novembre, Ala’ Abou Fakr, un jeune militant du Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt est tué par balle par un militaire hors service, lors d’une manifestation à Khaldé, dans le sud de Beyrouth. Sa mort survient après un discours du président Michel Aoun qui a notamment suggéré aux mécontents d’ « émigrer », provoquant un regain de colère.

Le lendemain, les révolutionnaires lui rendent hommage dans tout le pays. Sous les chants de l’hymne national et de la révolution, le cercueil du « martyr de la révolution » traverse la place Riad Solh, au centre-ville de Beyrouth. Des centaines de cierges sont allumées en sa mémoire. Le 14, Ala’ Abou Fakr est enterré dans son village natal de Choueifate. Des centaines de manifestants sont venus des quatre coins du pays lui rendre un dernier hommage. La mort d’Ala’ Abou Fakr marque un tournant dans la révolte.

 

 

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