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Katherine Pancol : “On a l’impression que le monde est à Beyrouth”

Katherine PancolKatherine Pancol
Écrit par Léa Balézeau
Publié le 11 novembre 2018, mis à jour le 13 novembre 2018

Après les trois tomes de Muchachas, l’auteure populaire a publié l'année dernière Trois baisers qui achève cette saga effrénée. Le lecteur y retrouve un microcosme atypique et un style littéraire audacieux.  

 

Lepetitjournal.com Beyrouth : Vous choisissez dans cet ouvrage de redonner vie aux personnages de vos précédents romans. Quelle est la raison de ce choix ?


Katherine Pancol : Je pense que je n’en avais pas fini avec eux. A la fin de Muchachas, il y avait encore beaucoup de questions que je me posais sur eux et il n’y avait que moi qui pouvais y répondre. Maintenant, je pense que c’est fini. J’ai commencé à écrire autre chose.


D'où vient cette idée des trois baisers qui guérissent tous les maux ?

J’écris comme dans un rêve. Quand j’étais petite fille, je me racontais des histoires tous les soir pour m’endormir. Les personnages se développent. Ils existent, ils vivent dans mes rêves et je les raconte. Et là, chaque fois, les personnages revenaient dans mes rêves. Alors je recommençais à leur parler et à me raconter des histoires.

 

Dans cette ouvrage, vous évoquez le thème de la violence faites aux femmes. Etait-ce une volonté de votre part de vous exprimer sur ce sujet ?


Ce n’était pas une volonté. Je raconte l’agression d’une femme à la fin du premier tome de Muchachas. Un jour, j’étais dans un café et j’ai vu une femme se faire tabasser. Quand j’ai voulu m’interposer, il s’en est pris à moi. C’était un homme pas très grand, assez ordinaire. J’ai senti la faiblesse de la femme et la force de l’homme. A ce moment-là, il y a quelque chose en moi qui s’est révolté et j’ai voulu raconter comment on pouvait devenir une femme battue et l’accepter toute sa vie.

 

Vos mots sont empreints de vérité. Vos personnages prennent vie dans l’actualité. Comment faites-vous émerger cette réalité ?


J'ai énormément lu et je continue à lire, beaucoup. Je suis née au Maroc et suis rentrée en France. Pendant longtemps, nous n’avions pas de maison. On allait habiter chez les uns et les autres. La seule chose que je pouvais emmener avec moi en déménageant, c’était les livres. Je lis depuis toute petite. J’ai grandi avec des héros de livres. Les personnages de ces livres sont devenus réels pour moi. Quand je lisais, j’étais tous les personnages à la fois et je pense que cette empathie que j’ai pour les personnages vient de là.

Pour plus de réalité, j’ai fait de vraies enquêtes. Pour le milieu de la mode, j’ai été aidée par Jean-Jacques Picart, un célèbre attaché de presse dans cet univers-là. Il m’a vraiment cornaquée. J’ai fait tout le parcours entre les nouveaux couturiers et les petites mains. C’était passionnant. Il faut rester dans l’atelier, observer, attraper des expressions, des manières de faire, un bouton qui roule, quelqu’un qui dit quelque chose...Je mélange la vie aux livres parce que quand vous vous reposez sur du réel, vous rendez les choses crédibles. Vous pouvez raconter n’importe quoi parce que les gens ont l’impression qu’ils vivent la chose en direct. L’écriture est une histoire de détail et c’est avec le détail que vous captez l’attention des gens.

 

C'est par le biais de Tom et Junior, deux enfants particuliers, que se donnent ces trois baisers. Quelle place accordez-vous à l'enfance ?


Je suis très touchée par les enfants. J’en ai deux et j’aurais voulu en avoir plus. Quand ils étaient petits, je passais mon temps à les regarder. Ce qui est terrifiant quand on est parent, c’est de se dire qu’on a un petit miracle devant soi et il faut faire très attention à ne pas le déformer. Je pense que tout vient de l’enfance et qu’on n’en guérit jamais. Il faut donc réussir à garder le bon et cicatriser tout le reste. J’aime beaucoup Junior qui m’a été inspiré par une petite fille de 9 mois que j’ai observée sur la plage en Normandie et qui disait soleil en chinois. Je suis allée voir ses parents et je les ai invités à dîner. On a mis la petite fille au centre, elle se tenait très droite et suivait la conversation.

 

Vous venez cette année au salon du livre de Beyrouth. Qu’est-ce que vous venez y chercher ? Qu’y avez-vous trouvé ?


J’aime beaucoup le Liban. Javais des amis libanais à Paris et ils m’ont invitée deux fois. Je suis venue deux fois au Salon. Je ne viens pas pour le Salon du livre, je viens voir Beyrouth. Je viens parce que jen ai envie. J’ai une grande liberté, je fais ce dont j’ai envie. C’est comme ça que je reste en vie. Beyrouth est une ville que je trouve incroyable. Il y a une énergie, une joie, un mouvement et en même temps, ce n’est pas simple. On sent que les gens veulent que ce soit le paradis et ça pourrait l’être. A Beyrouth, on a l’impression que le monde entier est là. Il y a toutes les religions, toutes les langues, toutes les races. Beyrouth, c’est une espèce de grouillement de vie, de gens, d’idées et, en même temps, il y a une grande tolérance, une promiscuité bienveillante.

 

Pouvez-vous nous dévoiler ce que vous écrivez en ce moment ?


J’écris sur ce qu’il se passe dans la tête d’une femme quand elle tombe amoureuse. Depuis six mois, à cause de #MeToo, je parle à beaucoup de femmes de désir, d’amour et de rupture. J’écris sur les femmes, sur une fille de 30 ans, sa mère et sa grand-mère. Je prends ces trois générations de femmes et je décris comment ce noyau féminin vit différemment les sentiments amoureux.

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