Il y a 78 ans, la France libre finit par céder à Béchara el-Khoury et Riad Solh et accorde au pays du Cèdre son indépendance, célébrée tous les ans depuis cette date le 22 novembre.
Pourquoi célèbre-t-on le 22 novembre au Liban ?
Après la disparition de l'Empire ottoman à l'issue de la Première guerre mondiale, la France, qui a négocié avec la Grande-Bretagne en 1916 le partage du Proche-Orient dans le cadre des accords Sykes-Picot, obtient quatre ans plus tard un mandat de la Société des Nations sur les régions syriennes du Levant, divisées en cinq entités administratives.
L'une d'elles va former l'Etat du Grand Liban, proclamé le 1er septembre 1920 par le général Henri Gouraud, représentant l'autorité française mandataire sur la Syrie, à la Résidence des Pins à Beyrouth. Ses frontières géographiques sont celles du Liban actuel.
Le 23 mai 1926, le haut-commissaire Henry de Jouvenel, successeur de M. Gouraud, promulgue une constitution qui crée les postes de président et de chef du gouvernement. L'état du Grand-Liban devient officiellement une République et prend le nom de République libanaise.
Dans les années 1930, un mouvement politique appelant à la fin du mandat français s'organise autour de deux personnalités, le maronite Béchara el-Khoury et le sunnite Riad Solh. Un bras de fer s'installe alors.
En 1940-1941, pendant la Seconde Guerre mondiale, le Levant est sous l'autorité du régime de Vichy. Lors de la campagne de Syrie, il est envahi par les forces de l'Empire britannique et de la France libre qui entrent à Beyrouth le 15 juillet 1941. Le Liban passe alors, comme la Syrie, sous le contrôle de la France libre, celle-ci ayant promis l'indépendance aux deux pays. Le général Georges Catroux exerce l'autorité sur le Levant en tant que représentant personnel du général de Gaulle.
Le 21 septembre 1943, Béchara el-Khoury est élu Président de la République par la chambre des députés. Riad Solh prend de son côté la tête du gouvernement et annonce son intention de supprimer tous les articles de la Constitution relatifs au mandat français. Le Parlement vote la suppression de ces articles le 8 novembre. Le comité français de libération nationale basé à Alger dénie aux autorités libanaises le droit de modifier la constitution.
Le 11 novembre, le représentant français Jean Helleu fait emprisonner le gouvernement. Béchara el-Khoury, Riad Solh et d'autres personnalités sont incarcérés à la citadelle de Rachaya, dans la Békaa. Le lendemain, des véhicules français sont attaqués et incendiés lors d'une grève de protestation à Beyrouth.
Le 22 novembre célèbre l'indépendance du Liban
Dans la nuit du 21 au 22 novembre, la radio d'Alger annonce que le gouvernement provisoire de la République française a résolu de libérer M. Khoury et de le rétablir dans ses fonctions. Le 22 novembre, retour triomphal à Beyrouth de M. Khoury, M. Solh et ses compagnons. La France libre se résout à accorder l'indépendance au pays. Des scènes de liesse se déroulent les jours suivants dans Beyrouth. La souveraineté du Liban sera officiellement reconnue le 3 janvier 1944, mettant ainsi un terme au mandat français.