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Au Liban, le don de cheveux pour les malades du cancer se généralise

LPJ photo cancer femmeLPJ photo cancer femme
Écrit par Assia Mendi
Publié le 28 août 2019, mis à jour le 7 septembre 2019

Depuis plusieurs années, Lebanese Breast Cancer Foundation et Public Matters Lebanon récoltent des cheveux et font fabriquer des perruques pour les femmes atteintes de cancer.  
 

700 dollars. C'est le prix moyen que les femmes ayant perdu leurs cheveux pour raisons médicales doivent payer pour se procurer une perruque en cheveux naturels de qualité au Liban.

En France, depuis le 1er avril 2019, une prothèse capillaire totale avec au moins 30% de cheveux naturels, dont le prix de vente maximum est fixé à 700 euros, est remboursée à hauteur de 250€ par l’Assurance Maladie.

Au Liban, les femmes souhaitant se procurer une perruque en cheveux naturels sont livrées à elles-mêmes. Mais depuis quelques années, une nouvelle pratique se démocratise : le don de cheveux. Confectionner des perruques à partir de ces dons et les distribuer gratuitement, c'est la mission que se sont attribuées la Lebanese Breast Cancer Foundation (LBCF) et Public Matters Lebanon.

 

Comment donner ses cheveux

Public Matters Lebanon récolte les cheveux de deux manières. On peut se rendre dans un salon de coiffure partenaire de l’ONG qui offre la coupe, ou se les couper soi-même. Dans ce cas de figure, il suffit de déposer la mèche dans une enveloppe et de la glisser dans une des caisses mises à disposition dans les magasins du partenaire Joué Club.

La mèche de cheveux doit respecter trois critères : ils doivent être d’une longueur de 27 cm minimum, ils ne doivent avoir jamais fait l’objet d’une coloration et la mèche ne doit pas comporter trop de cheveux gris.

Une fois collectés, les cheveux sont confiés à des perruquiers, en charge de l'assemblage. « Notre partenaire nous facture 20$ la pièce, correspondant au coût de production, au lieu des 70 normalement demandés. », explique Julie Kahwaji, fondatrice en 2017 de Public Matters Lebanon. Les parrains de l'association prennent en charge les frais de fabrication. Quatre dons et un sponsor sont ainsi nécessaires à l'élaboration d'une perruque.

 

« D'énormes progrès en 10 ans »

Depuis 2015, LBCF organise chaque année « I took the cut », une campagne annuelle de récolte de cheveux en collaboration avec L'Oréal Professionnel à l'ABC Achrafieh. Une vingtaine de coiffeurs de l’enseigne se mobilisent le temps d'une journée pour coiffer gratuitement tous les volontaires qui acceptent de donner 20 cm de cheveux minimum, colorés ou non. Plus de 500 dons ont ainsi été récoltés lors de l’édition 2017 de l'opération.

Tout au long de l'année, les donneurs désireux d'aider ont également la possibilité de déposer leurs dons dans les locaux de l'ONG, au Centre médical de l’université américaine de Beyrouth (AUBMC).

Depuis 2012, la LBCF a récolté 587 529$ et est venue en aide à 2571 patients, dont 375 en 2019. « On est allés dans toutes les régions, dans les écoles, les hôpitaux, jusque dans les coins les plus reculés. Tous les Libanais ne sont pas encore sensibilisés à la cause, donc on intervient en distribuant des petits livrets. Il y a eu d'énormes progrès en 10 ans. La pratique se généralise », se réjouit Mirna Hoballah, vice-présdiente de la LBCF, relevant également l’importance des réseaux sociaux, où des dizaines d'internautes partagent régulièrement le hashtag #ItookTheCut.

Un avis partagé par Julie Kahwaji, initiatrice de la campagne « #ShareYourHair » en juillet 2018 sur internet. La campagne prend immédiatement. Pas moins de 400 mèches sont récoltées en quatre mois. « Nous sommes à l'ère des réseaux sociaux. Tout passe par là, c'est indéniable », juge-t-elle.

 

« Dans la tête des gens, une femme sans cheveux perd toute sa féminité »

Mirna Hoballah a été elle-même atteinte d’un cancer du sein. « Quand j'ai appris que je devais faire de la chimiothérapie, j'ai tout de suite pensé à mes cheveux. L’idée de les perdre m'a beaucoup affecté. Dans la tête des gens, une femme sans cheveux perd toute sa féminité », raconte-elle.

La vice-présidente de la LBCF a refusé de porter une prothèse capillaire, estimant que c’était trop « artificielle », mais une grande majorité des femmes malades du cancer rechignent toujours à assumer leur crâne rasé, comme le témoigne Julie Kawhaji. « Après notre première campagne, on s’est rendus compte que le problème ne venait pas des petites filles, mais des mamans. La plupart des dons proviennent de fillettes désireuses de se sentir utiles. Contrairement aux adultes, elles s'affranchissent plus facilement des diktats ».

Maria, 13 ans, qui a répondu à l'appel de la campagne #ShareYourHair avant d’en devenir l’ambassadrice, est l’une de ces petites filles. « Ce n'était pas vraiment difficile. J'ai pu compter sur le soutien de mon entourage, que j'ai à mon tour poussé à se lancer. À chaque fois que je croise une fille que je connais avec de longs cheveux, j'essaie de la convaincre de faire un don ».

 

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Maria, 13 ans, ambassadrice de Public Matters Lebanon

 

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