Deux jours après le scrutin, la mission d’observation de l’Union Européenne a présenté son rapport provisoire, se félicitant de l’organisation de ce vote historique tout en soulignant des points à améliorer.
Réussie mais imparfaite, c’est comme cela que l’on pourrait qualifier les élections législatives libanaises au regard de l’UE. Les 132 observateurs ont été déployés dans le pays pendant plusieurs jours. Et le constat provisoire, deux jours après le vote, est plutôt positif. Aucun incident majeur n’a été souligné, la transparence a été respectée. Pourtant ces élections ont été marquées par des heurts et des incidents. L’UE donne les pistes d’amélioration.
Points positifs : proportionnelle, diaspora
Aucun problème majeur, ni irrégularités n’ont été observés par les 132 citoyens européens sélectionnés pour la mission. En équipe de deux, ils ont sillonné le pays pour observer le processus électoral, avant, pendant et après le vote. En tout, près de 500 bureaux de vote, sur 6300 dans le pays, ont été visités. « Les bureaux de vote ont été choisis au hasard et constituent un échantillon représentatif des élections dans le pays », explique José Antonio De Gabriel, chef adjoint de la mission européenne. Certains étaient situés en ville, d’autres en zone rurale et ce, dans toutes les circonscriptions.
Pour l’Union Européenne, les élections législatives libanaises se sont bien passées. La nouvelle loi électorale a introduit le scrutin proportionnel pour une plus grande diversité des candidats et pour la première fois, la diaspora a participé aux élections. « Les élections se sont déroulées généralement dans le calme et en toute transparence » ajoute Elena Valenciano, cheffe de la mission. Les incidents et échauffourées survenus dans tout le pays seraient des actes isolés, selon l’UE.
José Ignacio Salafranca salue le peuple libanais qui s’est déplacé aux urnes. Photo Raphaëlle Talbot
Points négatifs : financement de la campagne, absence de femmes
Seulement 47% des bureaux de vote étaient accessibles aux personnes à mobilité réduite. Il n’y avait pas non plus de bulletin tactile ou en langage des signes pour les personnes non voyantes. L’UE reconnait également que le taux d’abstention était élevé.
Pour Elena Valenciano, la faible participation des Libanais – de seulement 49,2% - peut s’expliquer par une confusion à cause de la mise en place d’une nouvelle loi électorale. Mais « l’abstentionnisme est aussi une façon de s’exprimer », concède la députée européenne. José Ignacio Salafranca, président de la délégation du Parlement européen souhaite que des études d’opinion soient conduites sur le scepticisme de la population quant au nouveau système et aux attentes de la jeunesse libanaise.
Sur la question des femmes en politique, des progrès restent à faire. Si beaucoup d’entre elles ont participé à ces élections en tant que militantes ou citoyennes, elles restent sous-représentées en politique. Seulement six ont été élues au Parlement sur les 128 sièges. L’UE demande une réforme imposant des quotas de femmes en politique.
« Il n’y a pas d’égalité des chances entre les candidats », estime Elena Valencian. La députée européenne se désole de pratiques clientélistes. L’UE souhaite donc une réglementation du financement des campagnes électorales. Certains avaient les moyens de payer des affiches électorales et pour être présents sur les plateaux de télévision. D’autres n’avaient les réseaux sociaux comme seul outil de communication.
L’UE ne dispose pas assez de moyens pour imposer ses préconisations. L’Etat libanais entendra ou pas ses suggestions. Le rapport final sera public. Il sera remis dans deux mois au président libanais Michel Aoun, et au président de la Chambre, Nabih Berry.