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THEATRE – La pièce "Les autres bonnes" au Monnot jusqu’au 13 Novembre.

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Écrit par Ella Carmi
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 2 novembre 2016

L'agencement intimiste du théâtre nous plonge d'emblée dans l'ambiance étrange de la pièce.

 

Mise en scène par Hagop Dergaghoussian, la pièce est principalement inspirée de « Comment jouer les bonnes », la préface du livre « Les Bonnes » de Jean Genet qui donne des indications sur le jeu des acteurs. « On peut comprendre ce que dit Genet comme on l'entend et c'est ce que j'ai fait » explique M. Dergaghoussian.

Depuis huit ans, ce dernier a tenté à plusieurs reprises de mettre en scène cette pièce. « Je l'adore en raison de sa fabuleuse mise en abîme mais pour la façon dont les personnages évoluent au cours de la pièce », explique le metteur en scène.

L'intrigue tourne autour de deux bonnes, Solange et Claire, qui lient une relation d'amour et de haine à leur maîtresse, Madame. Pour autant, rien n'est sûr pendant les 75 minutes de la pièce : on ne sait pas qui joue tel ou tel personnage et même s'ils existent.

Comme Genet, le metteur en scène cherche aussi à déstabiliser le spectateur. Il raconte avoir cherché à « recréer sur scène la perversité et les fantasmes, les relations incestueuses et étranges que Genet a créé ». On sent bel et bien l'idée de soumission qu'il y a entre les personnages.

recréer sur scène la perversité et les fantasmes, les relations incestueuses et étranges que Genet a créé

Mais ne vous méprenez pas, ce n'est pas réellement cette relation que M. Dergaghoussian décrit, mais de celle entre les acteurs et le metteur en scène. « C'est le metteur en scène qui commande et les acteurs qui exécutent. Lle casting c'est quoi ? » nous interroge t-il.

L'intrigue en devient aussi plus subtile. La pièce propose une double mise en abyme. La première est celle de Genet, centrée autour des rôles qu'il a créé et de l'alcôve dans laquelle les personnages évoluent. La deuxième est celle de la relation entre le comédien et le metteur en scène développé au travers d'une suite de métaphores.

Au moment où le spectateur commence à s'habituer à toutes ces déstabilisations, le personnage de Madame entre en scène. Il est en fait l'homme qui lisait les didascalies au début de la pièce. Lorsqu'on s'interroge sur son choix, Hagop Dergaghoussian nous explique que « un comédien peut tout jouer mais certains comédiens, qui n'obtiennent pas le rôle qu'ils espéraient, finissent alors souffleurs ». Le souffleur devient le premier rôle, déconstruisant ainsi les codes du théâtre.

Hagop Dergaghoussian aura donc réussi, avec ses acteurs novices et talentueux, à atteindre ce que le théâtre devrait être aujourd'hui selon lui : un lieu où le spectateur s'interroge. « Le théâtre, ce n'est plus raconter une histoire mais c'est le meilleur endroit pour réfléchir. Et avant d'être de l'art, c'est une expérience de vie dont on tire des réflexions » confie-t-il.

 

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