

La dernière représentation francophone du spectacle mis en scène par Eric Deniaud a été donnée le 14 octobre au Théâtre Tournesol à Beyrouth.
La salle plonge dans l'obscurité. Sur scène, trois marionnettistes, une marionnette et un violoniste apparaissent. Une voix, celle de Roger Assaf, interprète le monologue de la marionnette et nous plonge dans un spectacle intense tant par les réflexions qu'il nous impose que par la magique poésie qu'il nous offre.
La pièce « Paysages de nos larmes », créée par le collectif Kahraba et les compagnies Archipels et Extramuros en France, est issue d'une commande au dramaturge roumain Matéi Visniec autour du « Livre de Job ».
Ce texte biblique actualisé et simplifié pour la pièce parle « d'une relation entre un homme et son créateur », selon le metteur en scène Éric Deniaud. En effet, dans le livre biblique, Dieu est confronté à Satan qui veut le mettre à l'épreuve et évoque alors Job comme seul être qui lui restera fidèle sur Terre. « La question de la dignité humaine au-delà des épreuves et le fait que Job ne se renie pas m'intéressent », explique Eric Deniaud.
Un spectacle intense tant par les réflexions qu'il nous impose que par la magique poésie qu'il nous offre.
Ainsi, dans ce décor de fin du monde, les voiles, les bruitages, les corps et les masques créent une atmosphère sombre. Le personnage de la marionnette raconte alors comment les hommes ont voulu le mettre à l'épreuve en le pillant et réduisant à sang sa famille. Pourtant, comme Job, il croit en l'Homme et en sa bonté.
« Représentez-vous une société en particulier dans votre pièce ? », s'interroge-t-on. « Bien évidemment, nous ne sommes pas innocents, il y a bien en toile de fond ce que cette population du Moyen Orient vit », répond Éric Deniaud. « Nous avons choisi une forme poétique pour laisser le champ d'interprétation ouvert, on ne veut pas forcer le trait du sens », ajoute-il. Lors des nombreuses représentations scolaires que la troupe a pu faire, les adolescents ont questionné la pièce. Et c'est le but selon Eric Deniaud. « Nous avons proposé à chacun de mettre son imaginaire au travail et d'achever le poème », déclare-t-il.
Cette pièce propose un questionnement sur la condition humaine. Elle représente une occasion de se demander si, dans le dépouillement et la violence, l'on peut, comme Job, continuer de croire en l'homme. Et pour la troupe qui joue « Paysages de nos larmes », il semble que la réponse soit positive.




