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Retour sur l’histoire du SO36, club punk emblématique

Enseigne lumineuse du SO36Enseigne lumineuse du SO36
© LPJ_Berlin - Guillaume Tardé
Écrit par Guillaume Tarde
Publié le 12 octobre 2021, mis à jour le 12 octobre 2021

Le club SO36 est passé entre les mains de nombreuses personnes pour devenir un cinéma ou un supermarché. Pourtant, c’est bien le club qui reste aujourd’hui comme un monument de l’histoire punk.

 

L'apparition du mouvement punk

Après la révolution hippie dans les années 1960, un nouveau mouvement apparaît dans les années 1970 avec de nouvelles ambitions et une nouvelle identité : le punk. La culture punk se développe notamment sur le plan artistique, tout d’abord aux États-Unis ou en Grande-Bretagne. Le punk rock revient aux prémices du rock, jugé trop prétentieux, avec pour objectif de permettre à tout le monde de créer un groupe ou une musique. Les Sex Pistols, Ramones et d’autres artistes, deviennent des symboles de la mouvance punk qui ne cache par ailleurs pas des revendications politiques contestataires. Les Sex Pistols ouvrent la voie à la provocation et se font connaître au fil des scandales prenant racine dans l’anarchisme.

 

La musique et les chansons deviennent progressivement des supports de contestation et témoignent d’une envie de changement. L’idéologie punk se pose comme anticapitaliste, et s’inspire de concepts comme l’anarchisme ou l’anti-autoritarisme. La liberté est au cœur du mouvement, et tous les sujets sont abordés comme la politique, mais aussi le sexe qui est évoqué de manière crue dans certains textes et morceaux. Le punk est mouvement de rupture avec la société traditionnelle, qui détourne les codes et met en place des structures alternatives dans de nombreux domaines.

 

À Berlin, le mur qui est un symbole de privation de liberté, n’endigue pas le développement du mouvement punk mais renforce cette mouvance sur le plan artistique. La scène culturelle punk se débride à la fin des années 1970, abandonnant aux représentants officiels les palabres sur la Guerre Froide pour mieux les tourner en dérision autour d’une philosophie alternative. La punk allemande se construit une identité propre, regroupée sous le nom de Neue Deutsche Welle. Différents styles de punk rock voient le jour en Allemagne et plus particulièrement à Berlin. C’est, en effet, dans la capitale que l’on trouve le quartier punk par excellence, Kreuzberg. La mouvance de gauche qui se mêle aux modes de vie alternatifs attire ici des artistes de renommée mondiale comme David Bowie ou Iggy Pop.

 

Les différentes vies du SO36

À Berlin, un lieu s’est particulièrement démarqué avec ce mouvement punk, le SO36 abréviation du code postal de son emplacement : Sud Ost. Pourtant avant cela, le lieu a connu différentes vies et s’il existe encore aujourd’hui, c’est au prix de nombreux efforts pour le maintenir en activité.

 

En 1861, le lieu situé sur Oranienstraße ouvre ses portes pour la première fois comme Biergarten où l’on peut venir boire quelques verres en plein air. Puis, dans les années 1930, le SO36 est transformé pour devenir un cinéma, le « Kino am Heinrichplatz ». La salle de projection fait face à la Seconde Guerre mondiale, mais en 1966 les locaux sont ravagés par les flammes. Le SO36 passe alors de main en main pour devenir un supermarché Penny, qui ne rencontre aucun succès, les habitants n’ayant pas les moyens de faire leurs courses ici.

 

C’est en 1978 que trois jeunes Allemands de l’Ouest décident de récupérer les lieux pour en faire une salle de concert, c’est le début de la renaissance du club. Il ouvre ses portes pour la première fois sous le nom de SO36 à l’occasion du « Mauerbaufestival ». Appartenant à cette nouvelle vague, cet évènement reprend les codes punks, notamment en tournant la construction du mur en dérision.

 

Cependant le club connaît des difficultés seulement quelques mois plus tard. La gestion du lieu et des programmations change de mains et le SO36 perd son ADN. Les plusieurs genres mêlés sans grand succès et l’interdiction d’entrer pour certains punks constituent les prémices de la révolte qui suit. Des tracts anonymes appellent à détruire le SO36 et la « consommation de merde » (Konsumscheisse) qu’il symbolise. La caisse est même volée en novembre 1979.

 

La direction change encore et les dirigeants se succèdent jusqu’en 1983, faisant de l’endroit une scène punk internationalement reconnue. Le club connaît une période faste retracée dans le film « So war das S.O.36 » (Ainsi était le SO36) sorti en 1985. La salle déborde sur le trottoir sous l’affluence de parfois plus de 1000 personnes et des tensions avec les forces de l’ordre apparaissent aux abords du club punk.

 

Le SO36 est pourtant contraint de fermer ses portes en 1983, le bâtiment étant jugé structurellement dangereux. Quelques évènements y ont ponctuellement lieu, mais ce n’est qu’en 1990 que le SO36 retrouve ce qui a fait sa gloire. Le lieu est rénové et autorisé à la réouverture, mais quelques conflits de voisinages obligent les dirigeants à faire insonoriser complètement la salle au début des années 2000. SO36 garde son ADN punk par son implication politique notamment avec la participation à plusieurs manifestations.

 

Aujourd’hui, le SO36 existe encore et de nombreuses soirées et concerts y sont organisés. Il s’agit parfois de soirées spécifiques comme la Gayhane qui permet aux lesbiennes et aux gays aux racines turques et arabes de venir faire la fête. Le Café Fatal est également un évènement traditionnel de danse au S036, tous les dimanches tout comme le Kiezbingo, présenté par les Drag Queens Gisela Sommer et Inge Borg. Enfin, le Roller Skate Disko vous replonge dans l’atmosphère des années 80, en se laissant glisser au rythme de la musique. Retrouvez le programme complet sur le site du SO36.

 

Roller Skate Disko
© LPJ_Berlin - Guillaume Tardé

 

 

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