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Les lourdes conséquences de la sécheresse sur la navigation du Rhin

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© Trichers - Pixabay
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Publié le 22 août 2022

Depuis le début de l’été, le niveau du Rhin est l’un des plus bas de l’histoire. Si actuellement le niveau de l’eau est plus haut que durant la sécheresse historique de 2018, cette baisse intervient beaucoup plus tôt dans l’année, menaçant une économie allemande déjà mal en point.

 

Principale artère des échanges commerciaux intra-européens depuis le Moyen Âge, le Rhin traverse le long de ses 1.223 kilomètres l’une des zones les plus peuplés et les plus dynamiques du continent, l’Europe rhénane. De sa source dans le massif du Saint-Gothard, en Suisse, jusqu’au Pays-Bas où il se jette dans la mer du Nord, ce fleuve traverse six pays et alimente près de 30 millions de foyers en eau potable. Surtout, il est l’une des voies navigables les plus utilisés du monde, et l’un des piliers de l’économie allemande.

 

Les « pierres de la faim », ou le témoin de l’assèchement du Rhin

Depuis quelques jours, des images de pierre gravée inondent les réseaux sociaux et intriguent l’Europe. La baisse historique du Rhin a en effet laissé apparaître des « pierres de la faim » : des rochers émergés en temps normal, portant des inscriptions faisant état des conséquences de la sécheresse. Selon les chercheurs, certaines inscriptions sont vieilles de plusieurs siècles et signifient que l’année a été marquée par des mauvaises récoltes, des pénuries ou des famines. En République Tchèque, à Děčín, une des pierres portant le message « Wenn du mich siehst, dann weine » (Si tu me vois, alors pleure) est ainsi (ré)apparue, et est devenue un des symboles du réchauffement climatique que connaît l’Europe de l’Ouest ces dernières années. En août 2018, l’association Green Peace avait elle aussi installé une nouvelle pierre de la faim à Magdebourg en Allemagne avec l’inscription suivante « Si vous me voyez, c’est une crise climatique ». 

 

 Si tu me vois, alors pleure. 

 

Selon le rapport de juillet 2022 de l’Observatoire Européen de la Sécheresse (EDO), la vague de chaleur qui frappe l’Europe depuis le début du mois de mai a conduit 45 % des territoires de l’UE à se trouver en déficit de précipitations et de teneur en eau dans ses sols, tandis que 15 % sont dans un tel état de sécheresse que la végétation est impactée. 

Cela entraîne une disparition progressive de l’eau des sols, expliquant ainsi la baisse du niveau du Rhin. Or, c’est une situation qui risque de se prolonger : le niveau le plus bas atteint au point Kaub (point de référence), près du Haut-Rhin l’a été le 25 octobre 2018, ce qui souligne le fait qu’il reste encore plusieurs mois avant les pluies hivernales, et qu’il va donc sans doute falloir composer avec un niveau d’eau particulièrement bas encore quelque temps. De quoi faire peser un risque supplémentaire sur une économie allemande déjà malmenée par l’inflation. 

 

Une économie de plus en plus fragilisée

En effet, si le niveau n’a pas encore atteint un point critique, cette baisse affecte de manière importante le transport fluvial : pour naviguer les bateaux sont obligés de réduire leurs tirants d’eau, et de baisser la quantité de marchandise embarquée. Un phénomène qui fait exploser les coûts de transports par voie fluviale. La société allemande de transport maritime Contargo a ainsi déclaré sur son site internet que « Les niveaux d'eau toujours aussi bas sur le Rhin et ses affluents ne font qu'augmenter les besoins en cales supplémentaires et font grimper les prix jusqu'à des niveaux critiques », entrainant une hausse des prix de ses services en septembre 2022. 

Un problème d’autant plus important qu’une grande partie du transport des matières énergétiques en Allemagne s’effectue par voie fluviale : selon l’Office Fédérale de la Statistique, pour 1.000 tonnes de charbon, gaz naturel ou pétrole brut déplacé, près de 23 % le sont par voie maritime intérieur. Alors que le gouvernement a décidé début juillet de relancer ses centrales à charbon pour faire face à la crise énergétique provoquée par les coupures de gaz russes, cette situation risque donc de poser des problèmes des pénuries. Une problématique qui ne s’arrête pas à la question énergétique, la marée basse que connaît le Rhin va également perturber le trafic des quelques 150 millions de tonnes de fret qui transitent chaque année sur le fleuve, risquant ainsi d’aggraver une inflation déjà historique (+7.5 % en juillet 2022). 

 

 

Une situation qui n’échappe pas au directeur général de BNB (Association défendant les intérêts des entreprises de transport fluvial de marchandise et de passager), Jens Schwanen, qui souligne le manque d’alternative disponible pour le transport des marchandises : « Les camions ne sont pas une alternative fondamentale, car nous transportons des volumes beaucoup plus importants. Même un navire de 110 mètres peut transporter jusqu'à 3 000 tonnes ». Une problématique à laquelle les compagnies de chemin de fer ne peuvent également pas faire face précise-t-il, en raison du manque de wagon et de conducteur de train.

 

L’Allemagne se trouve donc confronté à un réel souci logistique, qui risque de s’accentuer : l’EDO a annoncé que la sécheresse allait durer au moins jusqu’au mois de septembre. En 2018, selon la Deutsche Bank Research, la sécheresse avait provoqué une baisse du PIB Allemand de près de 0,2 %.

 

 

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