Le Döner Kebab, la délicieuse spécialité turque-allemande, va-t-elle être victime des excès de l'inflation, ou faut-il intervenir pour réguler la hausse incontrôlée des prix ? Selon plusieurs partis allemands, la question mérite d'être posée.
Depuis quelques mois, une question a priori incongrue revient sur la scène politique allemande. Die PARTEI, le parti satirique de Martin Sonneborn connu pour ses slogans excentriques, réclame un prix-plafond du Döner dans son programme électoral européen, avec une limite fixée à 3 euros “mit alles”. Il l’associe au passage, et pourquoi pas, avec une limitation du prix de la bière. Bien que cette proposition puisse sembler humoristique, elle vient souligner un problème réel : la hausse spectaculaire des prix du Döner, passé d’à peine 4 euros à 6-9 euros depuis la pandémie du Covid-19, est représentative de l'impact de la crise énergétique et de l'inflation sur la vie quotidienne des Allemands.
Le Döner Kebab s’est imposé comme la street-food préférée des Allemands, qui en consomment près de 1,3 milliard par an. Le plat très populaire s'est transformé en symbole des coûts de la vie de plus en plus élevés et se retrouve au coeur d'une réelle indignation. Cette inflation a suscité une réaction massive sur les réseaux sociaux, où les jeunes en particulier n’hésitent pas à exprimer leur colère. Interrogé à de nombreuses reprises à ce sujet sur Tik Tok, le chancelier allemand Olaf Scholz a exclu l'idée en expliquant que c’était l’équilibre de l’offre et la demande qui fixait les prix dans le pays, mais aussi l’évolution des coûts de production.
Une proposition de mesure plus sérieuse qu’elle n’en a l’air
Le parti Die Linke a repris l’idée du Dönerpreisbremse, de façon tout à fait sérieuse. Ils ont proposé un plafonnement à 4,90 euros via un système de bon - un prix plus raisonnable selon eux. La prise en charge par l’Etat de la différence, en distribuant à chacun un bon par semaine, reviendrait à une sorte de subvention publique sur un bien de première nécessité. Les étudiants pourraient, eux, bénéficier d’une formule spéciale à 2 euros 50. L’idée, qui peut paraître farfelue, n’a pas fait rire tous les autres partis. Certains soulignent l’absurdité de ce genre de mesure, mis à part Die Grüne-Jugend (jeunes Verts) qui a soutenu l’idée. Par ailleurs, die Linke ont expliqué qu’ils souhaitaient mettre en place un plafonnement général des biens alimentaires et d’hygiène de base dans les magasins. En lançant cette initiative, ils ont aussi critiqué les grandes entreprises alimentaires qu'ils accusent d’avoir augmenté leurs profits aux dépens des consommateurs.
Le débat autour du Döner met en lumière les difficultés économiques de l'Allemagne qui doit composer avec un budget particulièrement serré. Un cinquième de la population vit dans la pauvreté et l’inflation pèse de plus en plus dans les dépenses des ménages. Les prix des denrées alimentaires ont fortement augmenté ces dernières années, mais aussi l’énergie et les loyers. Bien que certains dénoncent cette idée comme étant complètement irréaliste, elle soulève des questions cruciales sur le rôle de l'État dans la régulation des prix alimentaires et sur les mesures nécessaires pour contrer l'inflation. Comment l’Allemagne, au vu de sa situation budgétaire, pourra-t-elle trouver des solutions face à la dégradation du pouvoir d’achat de nombreux citoyens ?
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