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Allemagne - Israël : la posture délicate d’Olaf Scholz face au gouvernement Netanyahu

Alors que la réforme de la justice divise la population, Scholz compte sur Israël comme un allié majeur pour moderniser la Bundeswehr. Le point sur une situation embarrassante pour le chancelier.

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Olaf Scholz et Benjamin Netanyahu sont de proches partenaires diplomatiques. © Wikimedia, Olaf Kosinksy, Кабінет Міністрів України
Écrit par Laurent Offerle-Guillotin
Publié le 14 septembre 2023, mis à jour le 18 septembre 2023

Les relations diplomatiques entre l’Allemagne et Israël sont parfois difficiles à décortiquer. Tributaire d’un soutien historique et d’un devoir de mémoire assidu envers le peuple israélien, le gouvernement allemand ne s’arrête pas à des commémorations et à des cérémonies d’hommage. La coopération s’étend également aux domaines militaires et commerciaux. 

Avec une visite du président allemand Frank Walter Steinmeier prévue dans les prochains mois, les hauts fonctionnaires des deux pays poursuivent leurs échanges stratégico-diplomatiques. Quelle place pour une critique du gouvernement israélien ?

 

Un contexte épineux

En mars dernier, la venue du Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu à Berlin coïncidait avec la mise en place de sa réforme judiciaire. Largement critiquée par l’opposition et la population, celle-ci réduit la marge de manœuvre de la Cour Suprême en rendant la majorité de la Knesset toute puissante. “Bibi” et les siens empiètent encore un peu plus sur la démocratie et l’Etat de droit en Israël.

Pour autant, la réaction allemande se veut mesurée. Olaf Scholz exprime son inquiétude quant à la situation sans pour autant formuler d’autres condamnations. Seul le président Frank Walter Steinmeier exprimait clairement souhaiter l’annulation de la réforme

Face aux discours de Netanyahu rappelant sans cesse qu’Israël doit se défendre et combattre ses ennemis, la chancellerie préfère ne pas rompre le dialogue germano-israélien. Jusqu’où évalue-t-il la compatibilité entre atteinte à l’Etat de droit et soutien diplomatique ?

Depuis l’Affaire Fabian Wolff, un professeur et journaliste qui s’est révélé ne pas être juif après avoir critiqué le gouvernement Netanyahu pendant des années, la population allemande reste dubitative et sur la retenue quant à la possibilité qu’a le gouvernement de critiquer Israël en raison de sa responsabilité lors de l’Holocaust. 

 

 

La une du Spiegel ci-dessus en est un exemple éloquent. Membre de l’UE, fervent représentant de la démocratie, l’Allemagne s’interroge sur la critique qui doit être formulée ou non. 

 

Des accords et des intérêts communs 

Pour rendre l’équation encore plus difficile à résoudre qu’elle ne l’est déjà, la coopération avec Israël s’est accentuée sur le plan militaire depuis quelque mois.

Parmi les projets de son mandat, Olaf Scholz souhaite moderniser la défense allemande. Pour ce faire, il a opté pour l’acquisition d’une technologie israélienne nommée le dôme de fer. Aussi appelé Arrow-3, ce système balistique anti-aérien bloque toute tentative de bombardement aérien. Israël l’utilise par exemple pour protéger ses villes des roquettes palestiniennes. 

Mais la modernisation de la Bundeswehr possède un coût important. Récemment signé, le contrat est estimé à 3,5 milliards de dollars. L’Allemagne souhaite par ailleurs partager cette technologie avec une douzaine de pays de l’OTAN ainsi que la Finlande. La France n’en fait pas partie.

Un article du journal Ha’Aretz révèle une subtilité pertinente. Quelques jours avant la signature de l’accord concernant le système Arrow-3, le gouvernement allemand aurait dû publier un communiqué quant à l’occupation israélienne et les offensives à répétition exercées en territoire cisjordanien. Il n’en sera rien : aucune trace de ce communiqué ne sera retrouvée. 

Il semble ainsi qu’Olaf Scholz ait établi son sens des priorités. L’ex-ministre des finances refuse de trop empiéter sur les affaires intérieures du gouvernement Netanyahu. 

 

Une population revendicatrice

Du côté des citoyens allemands, la réception de Benjamin Netanyahu en mars dernier n’avait pas été appréciée. Des manifestations se sont déroulées dans les rues de la capitale. Les revendications formulaient une opposition à la venue d’un chef d’Etat compromettant l’Etat de droit dans son pays. Au même moment, les Israéliens manifestaient eux aussi dans les rues de Tel Aviv. 

Pour tenter de mieux saisir la position des Allemands sur un sujet aussi controversé, lepetitjournal.com a récolté les propos de Wilhelm, un allemand d’origine juive. Se décrivant comme contre l’action du gouvernement israélien, il avoue le formuler avec plus de facilité en raison de ses origines.

« Parce que je suis juif, je l’exprime sans problème. Mes amis qui ne sont pas juifs ne le font pas de la même manière.  »

Il regrette d’ailleurs que les médias allemands ne dénoncent pas les offensives israéliennes à Nablus, en Palestine. Wilhelm concède cependant comprendre l’augmentation du budget de la défense allemande, mais seulement dans une certaine mesure.

Dans l’attente d’une possible modulation de la réforme judiciaire, Olaf Scholz ne compte cependant pas décélérer et poursuivra ses dépenses liées à la défense et à l’armement. 

 

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