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On trouve désormais plus de colocations en Espagne que de locations longue durée

La colocation a encore augmenté de 43% en un an. Dans des villes comme Madrid ou Barcelone, l'offre de chambres et d'appartements en colocation dépasse désormais la location longue durée.

ramblas barcelone ramblas barcelone
Niko Roussos flickr
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 1 juin 2024, mis à jour le 18 juin 2024

La colocation et la location de chambres est devenue pour beaucoup une nécessité, compte tenu des prix records que les loyers atteignent mois après mois et du nombre de plus en plus réduit de locations de longue durée disponibles. Autrefois réservé aux étudiantsla location d'une chambre ou le partage d'un logement est devenu pour beaucoup de jeunes -et moins jeunes, la moyenne d'âge étant 35 ans- la seule alternative possible d'émancipation à l'heure actuelle. Et le marché l'a bien compris. Dans des villes comme Madrid, Barcelone et Valence, l'offre de chambres et d'appartements en colocation dépasse désormais l'offre d'appartements "entiers".

Actuellement, l'offre de chambres disponibles est plus importante qu'il y a un an dans pratiquement toutes les capitales de province, selon une étude d'idealista. La plus forte augmentation de l'offre s'est produite à Albacete (249%), Castellón de la Plana (169%), Cordoue (132%), Alicante (123%) et Almería (102%), les seuls marchés où l'offre disponible a plus que doublé en un an.

60% de l'offre à Madrid, Barcelone et Valence

Plus de 60% des offres de chambres à louer (61%) se situent dans les villes de Madrid (31% du total), Barcelone (20%) et Valence (10%). Parmi les marchés les plus dynamiques, après Alicante, la plus forte augmentation de l'offre disponible a été enregistrée à Valence, où le stock de chambres est supérieur de 96% à ce qu'il était il y a un an. Viennent ensuite Séville (63%) et Malaga (52%), Barcelone (50%) et, en dessous de la moyenne nationale, Saint-Sébastien (40%), Palma (35%), Madrid (21%) et Bilbao (14%). 

À cela s'ajoute le fait qu'une grande partie du stock n'arrive même pas sur le marchéLe bouche à oreille entre des amis qui laissent des appartements et d'autres qui les louent directement ou des agences qui ont déjà une liste de personnes en attente d'appartements à louer signifie que beaucoup de logements n'ont même pas besoin d'être publiés.

Nombre d'annonces multiplié par neuf en presque quatre ans

Et, comme le souligne fotocasa dans son analyse du profil des colocataires, la croissance est exponentielle surtout dans les grandes villes, où ce type d'annonces est passé de 2.551 à la fin de 2020 à un total de 21.818 en avril de cette année. Jusqu'à présent, pour la seule année 2024, l'augmentation a atteint 27,7%. Plus précisément, en 2020, un total de 701 annonces de logements partagés ont été enregistrées dans la ville de Madrid, contre 2.226 l'année suivante, 4.062 en 2022, 7.893 en 2023 et 9.822 en avril de cette année, les dernières données disponibles. C'est la même chose à Barcelone, où les 1.136 appartements et chambres en colocation proposés en 2020 sont passés à 6.920 en avril dernier.

 

En ce qui concerne l'évolution de l'offre disponible et l'augmentation des prix de location, les prix ont augmenté en moyenne de "seulement" 3%. Parmi les grands marchés, les hausses les plus importantes ont été enregistrées à Alicante (17%), Barcelone (10%), Palma (10%), Valence (8%), Séville (7%), Malaga (7%), Bilbao et Madrid (5% dans les deux cas).

Louer une chambre coûte 66% de plus qu'en 2015

Selon le portail Fotocasa, la colocation en Espagne coûte en moyenne 440 euros par mois, soit 66% de plus qu'en 2015. Bien qu'il soit difficile de les quantifier, car la plupart d'entre elles ne sont pas déclarées au fisc, certaines sources estiment qu'il y a environ 250.000 chambres louées.

En avril dernier, Barcelone, avec un prix moyen de 603 euros par chambre, est à nouveau la ville la plus chère d'Espagne, tandis que Madrid (541 euros) est l'une des plus touchées par l'augmentation de l'année dernière (34%). Elles sont suivies par Palma (527 euros) et Valence (401 euros). Dans six capitales, le prix est fixé à 400 euros par mois : Santa Cruz de Tenerife, Vitoria, Gérone, Valence, Malaga et Bilbao. À Pampelune, le prix est de 364 euros. Malgré cela, le prix d'une chambre est plus abordable que celui d'un logement entier.  Si l'on prend comme référence un logement de 80 mètres carrés avec trois chambres à coucher, la rentabilité de la location dans son ensemble a atteint 6,2%, tandis que la location partagée est de 9,5%, soit une différence de 3,3 pp.

De plus en plus de demande pour une chambre

L'impact de l'augmentation significative de l'offre a été limité par une demande qui a continué, en général, à croître parallèlement, ce qui a permis aux prix de continuer à augmenter. Parmi les grands marchés, le nombre de personnes intéressées par une chambre a fortement augmenté à Bilbao (41%), tandis que l'augmentation a été plus modérée à Madrid (31%), Saint-Sébastien (13%) et Palma (2%). En revanche, il y a moins de personnes intéressées à Alicante (-39%), Valence (-31%), Barcelone (-29%), Séville (-22%) et Malaga (-8%).

Pourquoi une telle demande ?

Selon le porte-parole d'idealista, un cumul de facteurs est à l'origine d'une telle hausse. "Pour les propriétaires, louer une chambre offre une plus grande sécurité juridique". Cela leur permet aussi d'augmenter librement les prix du loyer, puisque cette formule contourne la LAU (Ley de Arrendamiento Urbano). C'est pourquoi de nombreux propriétaires préfèrent désormais louer des chambres séparément, afin de ne pas être soumis à la LAU. L'augmentation du coût de la vie et des hypothèques a également poussé certaines familles à louer une chambre afin d'arrondir les fins de mois, comme ce fut le cas en 2008, rappelle le porte-parole d'idealista au petitjournal.

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