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Britanniques, Marocains, Allemands : qui achète en Espagne en 2025 ?

Le visage de l’immobilier espagnol change. Les Britanniques continuent d’acheter, les Marocains s’installent, et les résidents étrangers deviennent majoritaires pour la première fois. Moins de spéculation, plus d’ancrage : l’Espagne attire toujours, mais autrement.

balcons d'un immeuble en espagne balcons d'un immeuble en espagne
Photo de Joaquin Carfagna, Pexels.
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 21 octobre 2025, mis à jour le 27 octobre 2025

Selon les dernières données du Conseil général du notariat, les étrangers continuent d’investir massivement dans la pierre espagnole. Plus de 71.000 logements ont été achetés au premier semestre 2025, soit une légère hausse de 2 % sur un an. En tête du peloton : les Britanniques, suivis des Marocains et des Allemands, toujours très présents sur le marché ibérique.

 

Moins de spéculateurs, plus d’habitants : l’immobilier espagnol change de visage

Mais derrière cette vitalité se cache une inflection. La part des étrangers dans l’ensemble des transactions immobilières recule à 19,3 %, contre 20,3 % un an plus tôt. Surtout, pour la première fois, les étrangers résidents — ceux qui vivent et travaillent en Espagne — deviennent majoritaires, représentant près de 61 % des achats. Les non-résidents, eux, tombent à 39 %, freinés par la fin des “golden visa” et par la volonté du gouvernement de ralentir la spéculation étrangère via des mesures fiscales moins favorables. 

L’Espagne attire toujours, mais différemment. Moins d’investisseurs de passage, plus de nouveaux arrivants désireux de s’y ancrer durablement.

 

Les étrangers et l'immobilier en Espagne: qui achète, où et quoi ?

 

Les Britanniques en tête, les Marocains en forte progression

Avec 5.731 logements achetés au premier semestre, les Britanniques conservent leur rang de premiers acheteurs étrangers en Espagne. Juste derrière, les Marocains (5.654 opérations) confirment leur montée en puissance, suivis des Allemands (4.756). Viennent ensuite les Italiens, Roumains, Néerlandais, Français et Belges. Au total, les acheteurs hors Union européenne représentent désormais 12 % des ventes.

Chez les résidents étrangers, le quatuor de tête se compose des Marocains, Roumains, Italiens et Britanniques. Les premiers se distinguent par une forte implantation dans des régions comme la Murcie (38,7 %), la Navarre (37 %) ou La Rioja (26,8 %) — loin des zones balnéaires surpeuplées.

Les non-résidents, eux, restent surtout britanniques, allemands ou néerlandais, concentrant leurs achats dans les territoires les plus touristiques : Baléares, Andalousie, Communauté valencienne.

Une géographie immobilière à deux vitesses se dessine : d’un côté, les nouveaux arrivants qui s’enracinent dans l’Espagne intérieure ; de l’autre, les étrangers de passage qui continuent d’alimenter le marché côtier.

 

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La Communauté valencienne, toujours la plus prisée en Espagne

Avec plus de 20.000 transactions recensées au premier semestre, la Communauté valencienne reste la destination phare des acheteurs étrangers, qu’ils soient installés sur place ou simplement séduits par le soleil et les prix. Elle devance la Catalogne, l’Andalousie et Madrid, confirmant son attractivité sur un marché devenu plus sélectif.

Certaines régions jusque-là en retrait enregistrent de fortes progressions : les Asturies bondissent de 30,8 %, la Castille-et-León de 25,9 %, témoignant d’un intérêt croissant pour l’Espagne verte et ses prix plus doux. À l’inverse, les Canaries et les Baléares, longtemps reines du marché étranger, marquent le pas, victimes d’une saturation touristique et de prix désormais parmi les plus élevés du pays.

 

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Les Américains, champions du mètre carré

Le marché espagnol n’en finit pas de grimper : le prix moyen payé par les acheteurs étrangers atteint désormais 2.417 euros le mètre carré, en hausse de 7,6 % sur un an — un record historique. Les non-résidents restent les plus dépensiers (3.126 €/m²), loin devant les résidents étrangers (1.912 €/m²) et les Espagnols eux-mêmes (1.809 €/m²).

En tête du classement, les Américains apparaissent comme les acheteurs les plus fortunés, déboursant en moyenne 3.465 euros le mètre carré. À l’autre bout du spectre, les Marocains et les Roumains investissent dans des zones plus abordables, avec des prix respectifs de 747 €/m² et 1.325 €/m². 

Deux visages d’un même marché : celui du luxe mondialisé et celui, plus discret, d’une immigration installée qui fait de l’Espagne un pays où l’on vient autant pour vivre que pour spéculer.

 

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