Avocate au barreau de Barcelone, Audrey Clemenceau accompagne les francophones dans leurs projets immobiliers en Espagne. Une mission qu'elle exerce de manière éthique depuis son cabinet en plein cœur de la capitale catalane.


Fière de ses racines ch'tis et vendéennes, c'est à 19 ans qu'Audrey Clemenceau s'envole à la découverte de l'Espagne. Formée en droit espagnol à Madrid, elle poursuit son chemin en France, où elle obtient un double diplôme. Tombée amoureuse du pays, la jeune femme débute sa carrière comme avocate collaboratrice dans un cabinet local. 17 ans plus tard, et de riches expérience en poche, Audrey possède aujourd'hui son propre cabinet en droit immobilier à Barcelone.
Vous jouez un rôle majeur dans les projets d'achats et de succession des particuliers francophones en Espagne. Comment les accompagnez-vous ?
Je le fais tout simplement à la française. En France, quand on achète un bien immobilier, le notaire va participer. Ici, il n'intervient pas. Je joue ainsi son rôle pour anticiper les risques et faire en sorte qu'ils puissent s'engager en connaissance de cause. Donc, je leur traduis en français juridiquement et culturellement ce qu'il se passe pour qu'ils puissent signer en toute tranquillité et en toute éthique. Le secteur immobilier en Espagne est compliqué, tout comme en France.
"J'explique à mes clients qu'ils ne sont pas en train de se faire arnaquer"
Est-il justement plus facile de négocier un bien en Espagne ?
C'est totalement différent. Ici, juste un accord autour d'une bière ou au restaurant va être aussi engageant que des écrits ou des signatures chez nous. En France, on est beaucoup plus formels et moins flexibles. Mais on est plus rigoureux. Quand j'interviens dans des négociations, j'ai un rôle culturel pour expliquer et décrypter les différences entre les parties. Parfois, le point de blocage, ce n'est pas du juridique ni du financier, mais du culturel. Donc je leur explique que non, ils ne sont pas en train de se faire arnaquer, que c'est normal (rires).
Vous êtes aussi présente dans leurs projets buisness. Est-ce plus compliqué de créer une société sur le territoire espagnol ?
La réponse est sans appel. Il y a pas mal de démarches juridiques et administratives à faire en amont. Il faut un numéro d'identification des étrangers, un numéro d'identification fiscale mais aussi un compte bancaire espagnol. Et une fois que c'est fait, il faut prendre rendez-vous chez le notaire. Donc c'est plus long, plus complexe et plus coûteux aussi.
Vous travaillez également avec les artistes et auteurs. Y a-t-il des règles propres à l’Espagne en matière d’art ?
Sur la cession des droits d'auteur, oui. Les artistes sont très talentueux, mais tout ce qui est juridique et administratif, parfois, c'est plus difficile pour eux. C'est un volet de mon activité non rémunérée. Passionnée par la danse, j'ai été sur scène de nombreuses années. Donc j'ai une grosse communauté d'artistes et d'auteurs autour de moi qui ont des complications dans ce domaine.

Vous êtes également avocate mandataire en transactions immobilières. Vous proposez donc des biens à la vente à Barcelone ?
Depuis que j'exerce, j'ai accompagné beaucoup de clients dans l'achat. Et puis, à un moment, quand on a acheté, on veut revendre. J'avais des clients qui me rappelaient. J'ai une relation de confiance avec eux, donc certains me rappelaient en me disant bon, on veut vendre. Au début, je les renvoyais vers des agences immobilières mais ils n'étaient pas toujours satisfaits. Donc j'ai passé le diplôme, et maintenant j'ai quelques biens en vente sur mon site. Mais je ne le fais que pour mes clients.
"Beaucoup de personnes de mon entourage n'arrivent plus à se loger"
De manière générale, pourquoi vos clients français préfèrent-ils s’installer à Barcelone plutôt qu’en France ?
Il y a un peu de tout. Il y a beaucoup de gens qui sont là un peu pour voir au début. Ils sont jeunes donc ils partent à l'aventure. Et puis au final, ils tombent amoureux de la ville parce que c'est vrai qu'il y fait bon vivre. Après, il y a des gens qui sont mutés par leur entreprise. Barcelone est une grosse ville où il y a beaucoup de secteurs d'activité en demande et en croissance. Il y a des gens qui ont tout leur business et toute leur vie en France mais qui ont leur vie personnelle ici. Donc ils font pas mal d'allers-retours.
Y a-t-il une crise du logement à Barcelone ?
Totalement. Barcelone est une ville qui a toujours été un petit peu plus chère que le reste de la Catalogne. Mais ces dernières années, je vois beaucoup de personnes de mon entourage qui n'arrivent plus à se loger en longue durée. Maintenant, il y a un loyer plafonné, donc les propriétaires ne veulent plus louer sur le long terme.
Est-ce plus facile d'acheter un bien en tant qu'expatrié ?
Alors oui et non. Oui, dans le sens où on peut avoir, nous, un pouvoir d'achat un peu plus important que les locaux. Mais par contre, quand les propriétaires voient arriver des étrangers, ils demandent un peu plus de garanties. Ils vont même en abuser au niveau administratif parce que vous ne rentrez pas dans la case espagnole. Mais surtout, il y a des gens qui croient qu'en venant ici, on paie moins d'impôts et que c'est un petit paradis fiscal. Ça, c'est faux. En Espagne, on paie des impôts comme tout le monde.












