On les dit râleurs, têtus, parfois même bourrus.... Les clichés sur les Catalans ont la dent dure. Il est cependant possible de contraster facilement ces propos, grâce à une immersion dans le monde du travail en Catalogne. Démêlons le vrai du faux.
L'Espagne est une nation de contrastes, où chaque territoire régional est soumis à des influences différentes, tant au niveau culturel, que pour le climat ou même la langue parlée. À mi-chemin entre la France et le reste de l'Espagne, la Catalogne et ses habitats entretiennent et revendiquent fièrement une culture qui leur est propre. Cette personnalité atypique leur vaut d'être affublés de nombreux stéréotypes. Qu'en est-il en entreprise ?
Les catalans sont fermés, peu accueillants
FAUX.
Voici l'un des clichés les plus répandus au sujet des Catalans. Ils seraient fermés, plutôt froids au premier abord, et il serait difficile de s'intégrer à leur groupe. Toute personne qui a pu côtoyer de près des Catalans lors d'une mission professionnelle ou d'un cursus universitaire pourra affirmer le contraire : les Catalans sont particulièrement accueillants. Il faut dire que la Catalogne est une terre d'accueil où travaillent des ressortissants de multiples nationalités, de manière permanente ou temporaire. Au 1er janvier 2020, les résidents étrangers représentaient plus de 16% de la population catalane totale, soit 1.260.619 personnes. Rappelons que Barcelone est l'une des agglomérations les plus cosmopolites d'Europe, où 28,4% des habitants sont de nationalité étrangère ! Les Catalans sont donc naturellement habitués à cohabiter et travailler avec d'autres cultures, et sont mêmes bienveillants et aimables avec les nouveaux arrivants étrangers dans leur entreprise ou équipe de travail.
En revanche il convient de préciser que pour devenir véritablement proche d'un Catalan, il faudra beaucoup plus de temps : les Catalans sont d'une nature méfiante et ils ont besoin d'un certain temps et d'un certain degré de confiance avant de faire entrer une personne dans leur cercle intime et dans leur sphère privée.
Il est possible de travailler en Catalogne sans parler le Catalan
VRAI.
La grande majorité des habitants maitrisent pleinement les deux langues officielles acceptées en Catalogne, le catalan et le castillan, et en choisissent cependant une comme langue d'usage au quotidien. En entreprise, les Catalans auront tendance à échanger naturellement en catalan, puisqu'il s'agit de leur langue de communication à l'école et dans l'administration locale. Cependant les Catalans sont habitués à travailler avec des étrangers ou des Espagnols ne parlant pas catalan. Ils n'ont alors aucun problème à utiliser l'espagnol pour faciliter la communication avec leurs collègues.
D'autre part, pour de nombreux postes de travail à Barcelone, notamment dans le secteur touristique, la maîtrise des langues étrangères sera prioritaire sur la maitrise du catalan : l'anglais, le français ou une autre langue étrangère seront indispensables alors que le catalan ne sera pas exigé.
Attention en revanche pour les aspirants à des fonctions au sein de l'administration publique catalane : la maitrise du catalan peut alors être un critère essentiel du processus de sélection, et les candidats seront soumis à un test de niveau de langue.
Des Français ayant créé leur boîte il y a moins de 5 ans dans différents secteurs de l’économie espagnole expliquent leur expérience et leur vision du marché actuel. |
Les Catalans sont détendus au travail
VRAI et FAUX.
Dans la culture d'entreprise locale, plusieurs éléments procurent une image plus conviviale et plus "cool" du monde du travail aux yeux des Français. Il y a tout d'abord le tutoiement obligatoire : le "tu" est de rigueur entre partenaires de travail, quel que soit l'âge ou le niveau hiérarchique. Les horaires de travail décalés, avec une pause déjeuner autour de 14h, ouvrent souvent la porte à des journées dites intensives le vendredi afin de pouvoir partir en week-end plus tôt. De même, les Catalans acceptent plus facilement des tenues de travail confortables et ne sont pas gênés par des tenues vestimentaires s'éloignant un peu de la rigueur et du formalisme parfois exigés en France ou dans la capitale espagnole. Attention cependant à ce que la convivialité ambiante ne vous fasse pas faire fausse route : malgré les apparences détendues, les Catalans sont très sérieux au travail. Le respect de la hiérarchie (malgré le tutoiement) et les exigences n'en sont pas moins importants. Les Catalans sont connus pour être un peuple travailleur et fiable.
Le réseau est essentiel pour pouvoir travailler en Catalogne
VRAI.
Le réseautage est la porte d'entrée dans de nombreuses entreprises locales. Le bouche à oreille est resté une manière courante de trouver du travail ou des clients. Face aux difficultés pour accéder à un poste sur un marché du travail saturé, les Catalans utilisent leur réseau. Ils n'´hésitent pas à faire passer leur curriculum à des membres de leur famille, amis, connaissances, voisins,... tous les contacts sont bons pour trouver un travail. Les Catalans préfèrent souvent rencontrer un candidat qui leur a été recommandé par un contact, plutôt que de publier des offres d'emploi sur les sites spécialisés. Cette coutume bien ancrée en Catalogne s'étend à tous les secteurs professionnels : que ce soit pour un petit boulot ou pour rechercher des partenaires pour d'importantes opérations, le réseau est un pilier qui permet de faire fructifier son entreprise ou son expérience.
Emploi : quel est le candidat idéal pour les recruteurs espagnols? Quelle est la situation actuelle de l’emploi et quelles sont les perspectives à court et moyen terme ? Enquête sur les qualifications demandées. |
L'expérience prime avant tout
VRAI.
Dans une certaine mesure. Il est évident qu'un candidat qui n'a pas la formation adéquate ne pourra pas réaliser certaines fonctions. Cependant, lorsqu'ils cherchent à recruter quelqu'un, les Catalans attacheront davantage d'importance au savoir-faire du candidat qu'à ses diplômes obtenus. Autrement dit, ils vont avant tout valoriser l'expérience acquise par la personne au cours de ses emplois précédents, avant de vérifier s'il a obtenu les diplômes correspondants. Avant, être en possession de titres universitaires était une garantie de pouvoir accéder à un emploi stable. Aujourd'hui, 89% des entreprises valorisent davantage l'expérience plutôt que la formation, selon une étude du cabinet de recrutement Hays.
Radiographie complète de la situation de l’emploi en Espagne |