Selon une étude de The European House – Ambrosetti, l’Espagne a attiré 304 milliards d’euros d’IDE entre 2015 et 2024, contre 191 milliards pour l’Italie. Le rapport, soutenu par Amazon et IE University, identifie cinq réformes pour consolider cette avance.


Avec 304 milliards d’euros d’investissements directs étrangers (IDE) sur la dernière décennie, l’Espagne s’impose comme le principal moteur économique du bassin méditerranéen, selon le rapport « Investir en Méditerranée » publié par The European House – Ambrosetti (TEHA Group) en collaboration avec Amazon et sous la direction académique de l’IE University.
Présenté le 9 octobre à Madrid, le document analyse les flux d’investissement entre l’Espagne et l’Italie et formule une série de propositions pour renforcer la compétitivité des deux pays.
Cinq leviers pour renforcer la compétitivité espagnole
Le comité scientifique, présidé par Enrico Letta, doyen de l’IE University et président de l’Institut Jacques Delors, identifie cinq réformes structurantes pour consolider l’attractivité espagnole.
Au premier rang figure la digitalisation de l’administration publique, destinée à simplifier les démarches pour les entreprises et harmoniser les procédures entre régions. S’y ajoutent la coordination renforcée entre les différents niveaux de gouvernance, la simplification du cadre réglementaire, le soutien accru à l’innovation – notamment dans l’intelligence artificielle, les technologies vertes et la fabrication avancée – et enfin des politiques actives d’attraction de talents internationaux.
« L’Espagne et l’Italie présentent une forte complémentarité économique. Une coopération accrue entre les deux pays pourrait renforcer la compétitivité de l’ensemble du bassin méditerranéen », estime Enrico Letta.
Une décennie de flux record et de créations d’emplois
Sur la période 2015-2024, 856 projets d’investissement “greenfield” – c’est-à-dire des projets créés à partir de zéro, sans rachat d’infrastructures existantes – ont été réalisés en Espagne, générant plus de 72.000 emplois, contre 40.000 en Italie pour 303 projets. Une différence notable entre deux économies comparables en taille et en culture d’affaires.
« Depuis notre arrivée en Espagne, nous avons investi plus de 20 milliards d’euros dans nos infrastructures et opérations », rappelle Ruth Díaz, directrice générale d’Amazon Espagne. « La digitalisation est un levier essentiel pour attirer les investisseurs, mais elle doit s’accompagner d’un cadre réglementaire stable et prévisible.»
Amazon, qui exploite une quarantaine de centres logistiques dans le pays et deux centres d’innovation à Madrid et Barcelone, souligne que l’Espagne dispose désormais d’atouts majeurs pour s’imposer parmi les destinations européennes les plus dynamiques.
Les écarts structurels entre l’Espagne et l’Italie
Malgré des profils économiques similaires, plusieurs indicateurs clés expliquent la performance espagnole. La productivité du travail y a progressé de 3,2 % sur dix ans, tandis qu’elle a reculé de 2,6 % en Italie. Les coûts énergétiques demeurent plus compétitifs en Espagne (166,6 €/MWh contre 252,9 €/MWh), grâce à un mix énergétique plus diversifié, où le gaz ne représente que 22,5 % de la production d’électricité, contre 45 % en Italie.
Le pays se distingue aussi par une infrastructure numérique plus performante et une politique migratoire plus ouverte, avec 18,6 % de la population née à l’étranger, contre 12,2 % en Italie. Cette dynamique migratoire est perçue comme un levier de compétitivité et de renouvellement démographique.
« Attirer et retenir les capitaux internationaux suppose une approche systémique », souligne Valerio De Molli, PDG de TEHA Group. « La digitalisation et l’harmonisation réglementaire ne sont pas des concepts théoriques : elles ont un effet direct sur la capacité d’un pays à séduire les investisseurs. »
L’étude a été dirigée par l’IE University, dont la mission est de promouvoir le changement positif à travers l’éducation, la recherche et l’innovation. Avec plus de 2.000 enseignants et une communauté de 84.000 anciens élèves dans 185 pays, l’établissement madrilène s’impose comme un acteur majeur de la réflexion économique et politique européenne.
Le rapport « Investir en Méditerranée » met ainsi en lumière une Espagne désormais solidement positionnée parmi les destinations les plus attractives d’Europe pour les investisseurs étrangers, portée par une administration en voie de digitalisation, un cadre réglementaire plus prévisible et un écosystème d’innovation en pleine expansion.
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