L'inflation a fait grimper l'un des meilleurs moyens pour manger pas cher au restaurant: le menu du jour. Le secteur de la restauration a commencé à répercuter sur les prix de leurs menus les hausses du coût de l'énergie et des matières premières qu'elles enregistraient depuis des mois.
Ainsi, selon une enquête réalisée par Hostelería de España, qui regroupe les cafés, bars et restaurants, et Edenred, la société qui gère le Ticket Restaurant, près de quatre restaurants sur dix ont augmenté de 5% le prix de leur menu du jour entre novembre de l'année dernière et le mois d'avril. Un autre tiers l'a augmenté de 10% et le reste l'a augmenté de 15%.
Des hausses entre 5 et 15%
Concrètement, le prix moyen d'un menu du jour en Espagne est de 12,8 euros. Une augmentation de 5% signifie qu'il a augmenté de près de 70 centimes. Une augmentation de 10%, plus d'un euro plus cher et de 15%, presque deux euros de plus. Dans des villes comme Valence, Séville, Saragosse, Murcie, Malaga, Palma et Bilbao, le menu dépasse déjà la barre des 13 euros et à Madrid et Barcelone, il est proche des 14 euros.
Il s'agit de prix moyens, qui comprennent les menus des bars et cafés, qui coûtent moins cher, ainsi que ceux des restaurants, qui offrent des options plus onéreuses. L'enquête, réalisée entre mars et avril (l'inflation a depuis lors fortement augmenté) n'inclut pas les chaînes de restauration rapide et a été menée auprès des établissements hôteliers et de restauration de toutes les communautés autonomes.
Souvent financé par les entreprises via le ticket restaurant, le menu du jour est très sensible au prix, car toute augmentation très visible dissuade les consommateurs, qui optent alors pour un seul plat ou toute autre option du menu. À cela s'ajoutent d'autres types d'inflation déguisée, comme la "réducflation" (payer la même chose pour une quantité moindre ou des plats plus petits) ou le fait de forcer le client à consommer plus (pour les boissons par exemple).
Des prix encore très bas par rapport aux coûts
L'industrie de l'hôtellerie et de la restauration fait valoir que les augmentations appliquées sont inférieures aux coûts qu'elle assume, et également inférieures aux augmentations de l'IPC. L'inflation a grimpé en flèche en juin pour atteindre 10,2%, soit le niveau le plus élevé depuis 37 ans. Les prix des activités d'hôtellerie et de restauration ont augmenté de 5,5% par rapport au même mois de l'année dernière. La facture énergétique, qui représente entre 6 et 8% des coûts de l'hôtellerie et de la restauration, a augmenté quant à elle de 20 à 40%, selon le secteur
Le coût d'une simple omelette de pomme de terre
Hormi la facture energetique, la plupart des matières premières utilisées pour préparer un menu du jour, comme les huiles, la viande, les œufs ou les pâtes, ont également augmenté. Faire une omelette aux pommes de terre, par exemple, coûte beaucoup plus cher, car l'huile a augmenté de 42% et les œufs de 23%. Le lait a augmenté de 20%, les pâtes de 29% et la viande a également augmenté de près de 10%. Le coût de tous ces produits représente environ 25% des coûts totaux dans le cas des bars et des cafés, et jusqu'à 50% dans le cas des restaurants de luxe.
Les prix des restaurants n'ont cessé d'augmenter depuis le début de l'année, comme en témoigne l'IPC sous-jascent, passant de 2,6% en janvier à 5,5% en juin. En avril, date de l'enquête, l'augmentation était de 4,2%. Les produits alimentaires et les boissons non alcoolisées sont passés de 4,8% en janvier à près de 13% en juin. Les régions qui enregistrent les plus fortes hausses de prix dans le secteur de la restauration sont la Galice (+ 7,6% en juin, selon l'INE), Castilla y León (7%), Castilla La Mancha (6,6%), les Baléares et La Rioja (6,7% dans les deux cas).
Les tickets-restaurant, 11 euros depuis 2016
Depuis 2016, date à laquelle l'exonération de l'impôt sur le revenu pour les tickets-restaurant est passée de 9 euros à 11 euros, le menu quotidien a augmenté de 9% en moyenne, même si dans des villes comme Madrid et Barcelone, il a augmenté de 13%.