La polémique autour de l'usage des langues ne cesse d'agiter les écoles et les projets éducatifs des écoliers catalans. La Generalitat a approuvé un décret pour éviter aux écoles d'être sanctionnées si elles n'incluent pas le l'espagnol dans leurs salles de classe.
Le bilinguisme, qui est habituellement considéré come un atout pour l'éducation des enfants qui en bénéficient, est devenu problématique dans les écoles catalanes. La loi prévoit la coexistence des deux langues dans les communautés autonomes espagnoles qui possèdent une langue régionale. En Catalogne, l'espagnol est reconnu comme une langue d'enseignement, et la législation exige qu'au minimum 25% des cours soient enseignés dans cette langue. Constatant que les écoles ne respectaient pas les 25% d'espagnol dans les salles de cours, certains parents ont décidé de saisir la justice. La problématique issue à l'origine d'une petite école de Canet dans la province de Gérone secoue aujourd'hui toute la sphère politique locale et nationale.
Nouveau décret de loi : Fini les quotas d'espagnol
Le Tribunal Supérieur de Justice de Catalogne (TSJC), saisi de l'affaire, avait donné jusqu'au 1er juin 2022 à l'ensemble des centres éducatifs catalans pour appliquer le seuil minimum de 25% de cours en espagnol dans leurs salles de cours. Or, un jour avant cette date limite, un nouveau rebondissement est venu raviver la polémique : le gouvernement régional catalan a sorti un as de sa manche, validant in extremis un nouveau décret de loi pour contourner la sentence du tribunal.
Le nouveau texte interdit d'appliquer des paramètres numériques ou des pourcentages pour l'usage linguistique, et définit le catalan comme langue véhiculaire dans les écoles catalanes. Selon ce nouveau texte, l'usage des autres langues officielles se fera "en fonction des besoins des élèves", sans définir de minimum, et ce seront "les projets éducatifs qui définiront l'usage de la langue".
Tensions politiques et réactions de l'opposition
Après avoir voté son décret de loi "surprise" en début de semaine, le Govern de Catalogne a expliqué, à travers sa porte-parole, donner une réponse à la sentence du TJSC sur les 25%, et "protéger ainsi les directions des centres éducatifs ainsi que le modèle d'école catalan des injonctions judiciaires". Le conseiller régional d'éducation la Generalitat, Josep González-Cambray, a quant à lui assuré que ce décret permettait de "renforcer l'école catalane, et de protéger notre modèle linguistique".
Un nouvel épisode de confits sociaux et politiques est donc à prévoir encore une fois en Catalogne
Le décret a pu être approuvé grâce au soutient des groupes politiques Junts, ERC et Podem. Le parti socialiste catalan, qui était initialement favorable à une proposition de loi sur le catalan, a en revanche rejeté ce décret que le groupe considère comme "une provocation aux tribunaux, et qui n'a pas été réalisé avec le travail conjoint des autres partis". Du côté de l'opposition, les réactions ne se sont pas faites attendre : le Partido Popular a annoncé qu'il saisirait le Tribunal Constitutionnel, précisant que le gouvernement espagnol devait garantir que la loi soit respectée. Le parti d'extrême droite Vox considère que ce décret est un "acte de rébellion" de la Generalitat, et a annoncé solliciter au Congrès des députés l'application en Catalogne de l'article 155 de la Constitution (retirant l'autonomie à une région pour des raisons exceptionnelles). Un nouvel épisode de confits sociaux et politiques est donc à prévoir encore une fois en Catalogne.