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Polémique autour de la nouvelle Loi sur l'Éducation en Espagne

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Jeswin Thomas
Écrit par Perrine Laffon
Publié le 23 novembre 2020, mis à jour le 24 novembre 2020

Le gouvernement espagnol a validé une réforme du système éducatif vivement critiquée par l'opposition et par certaines familles. 

 

Dimanche dernier, les rues d'une cinquantaine de villes espagnoles se sont remplies de véhicules lors d'une manifestation convoquée par la plateforme Más plurales créée pour s'opposer à la Loi Celaa sur l'Éducation, approuvée la semaine dernière. Des milliers de familles se sont rassemblées en voiture pour exprimer leur opposition à la réforme éducative, et pour défendre "leur droit d'être libre de choisir l'éducation de leurs enfants".

 

Vers d'avantage d'égalité et de laïcité pour certains


La réforme de l'Éducation lancée par la ministre de l'Éducation Isabel Celaa vise la mise en place d'un système éducatif qui "change l'élitisme pour l'égalité", selon les propres mots de la ministre. Un concept qui a du mal à passer auprès d'une partie des Espagnols. Parmi les principales mesures contemplées par la réforme, l'une d'elles concerne les centres éducatifs privés dits "concertés" : ces centres devront désormais accueillir davantage d'élèves issus de familles à faibles ressources ou d'élèves avec des besoins spécifiques, afin d'équilibrer la répartition des élèves de différents milieux entre le réseau d'éducation public et le réseau de concertés.

Dans la même lignée, l'enseignement public sera favorisé avec l'annonce de l'augmentation progressive du nombre de postes, uniquement dans le réseau d'établissements publics. D'autre part, la Loi Celaa s'efforce d'orienter le système éducatif vers un modèle plus laïc : le cours de religion ne sera plus obligatoire et sa note sera facultative. Une autre mesure très polémique est celle de l'annulation de l'espagnol comme "langue véhiculaire", ce qui signifie que l'espagnol ne serait pas nécessairement choisi comme langue principale de communication pour enseigner dans les régions où coexistent plusieurs langues officielles. 

 

Un frein à la liberté d'éduquer librement pour d'autres


La réforme a été approuvée de justesse jeudi dernier au Congrès des députés espagnols avec un seul vote de plus que la majorité nécessaire, après de vifs échanges entre groupes parlementaires. Le Partido Popular (PP), Vox et Ciudadanos se sont opposés à la réforme. Une partie de l'opposition au gouvernement socialiste, la plus conservatrice, a déjà annoncé son intention de recourir au Tribunal Constitutionnel espagnol afin de bloquer la nouvelle réforme de l'Éducation votée au Congrès. Le représentant du PP Pablo Casado a assuré le recours à la justice pour faire "abroger cette loi parce qu’elle est mauvaise pour l’avenir de nos enfants, mauvaise pour l’unité nationale et mauvaise pour la communauté éducative".

Le porte-parole de Vox a également confirmé l'intention du parti d'extrême droite de saisir le Tribunal Constitutionnel pour s'opposer à cette loi qu'il considère comme "une attaque à l'espagnol, à l'éducation concertée et à l'éducation spécialisée". Dimanche lors de la manifestation des familles lancée par Más Plurales, soutenue par l'opposition, les organisateurs ont exprimé leur rejet de ce qu'ils considèrent comme "une loi partisane et idéologique". Ils refusent que les autorités éducatives puissent "imposer la distribution des élèves dans les centres", et préfèrent laisser "aux familles plutôt qu'à l'Administration le choix du centre qu'elles considèrent le meilleur pour l'éducation de leur enfant". 
 

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