Vivre au même rythme, mais pas au même prix. Selon l’indice annuel de Kelisto.es, Barcelone se hisse en 2025 au rang de capitale la plus chère d’Espagne, devant Palma de Majorque et Madrid. À l’inverse, Lugo conserve son statut de ville la moins onéreuse. L’étude, menée sur 52 capitales (les 50 provinces plus Ceuta et Melilla), compare 17 produits et services répartis en six catégories : logement, impôts, factures du foyer, transports public et privé, achats et loisirs. On fait le point.


Deux enseignements majeurs ressortent de l’étude Kelisto 2025. D’abord, l’écart entre les villes les plus chères et les moins chères s’élargit nettement : Barcelone, troisième en 2024 avec +10,51 % au-dessus de la moyenne, bondit à +38,13 %. Ensuite, le cliché d’une vie « plus chère au Nord qu’au Sud » ne tient plus. « Barcelone, Palma, Grenade, Malaga, Gérone, Valence et Almería tirent le classement vers le haut grâce à leur puissance touristique, leur attractivité pour les multinationales et les nomades digitaux, et de bonnes infrastructures », explique Estefanía González, directrice de la communication et des contenus chez Kelisto.
Barcelone et Palma en tête du classement des villes les plus chères d’Espagne
Pour 2025, le podium des villes les plus chères d’Espagne confirme une tendance bien ancrée : la vie au soleil a un prix. Barcelone domine le classement avec un coût de la vie 38 % supérieur à la moyenne nationale, suivie par Palma de Majorque (+24 %) et Madrid (+21 %). Saint-Sébastien, seule représentante du Nord, complète le quatuor avec +16 %.

À l’autre extrémité, Lugo, Zamora et Oviedo conservent leur statut de villes les plus abordables, affichant des coûts de la vie entre 11 % et 14 % sous la moyenne.
Petite nouveauté cette année : Las Palmas de Gran Canaria fait son entrée dans le top 10 des plus chères (+7,85 %), boostée par son dynamisme touristique et son attrait auprès des nomades technologiques.
Saint-Sébastien, Madrid, Barcelone : les reines de la pierre espagnole
Acheter un logement de 90 m² en Espagne, c’est un exercice d’équilibre entre rêve et réalité. En moyenne, il faut compter 228.527 euros, mais selon la ville, la facture peut doubler — voire tripler.
En haut du classement, Saint-Sébastien affiche des prix à faire pâlir les vitrines de la Concha : 610.560 euros, soit 2,67 fois plus élevés que la moyenne espagnole. Madrid suit avec 540.990 euros, et Barcelone, toujours aussi convoitée, atteint 457.470 euros, soit environ deux fois plus que la moyenne espagnole.
À l’inverse, Zamora et Ávila conservent des prix bien plus accessibles : 123.210 euros et 131.130 euros, soit moins de la moitié de la moyenne nationale.
Sur le marché de la location, la tendance est la même : la mensualité moyenne tourne autour de 1.053 euros, mais dépasse les 2.100 euros à Palma de Majorque, tandis qu’à Barcelone, il faut compter près de 2.000 euros. À l’autre extrémité du marché, Teruel reste à distance avec un loyer moyen de 640 euros, soit environ 40 % de moins que la moyenne. Une géographie immobilière qui, en 2025, confirme plus que jamais l’existence d’une Espagne à plusieurs vitesses.
Quelles sont les villes les plus chères pour acheter un logement en Espagne ?
Des impôts à géométrie variable
Trois taxes ont été passées au crible : l’impôt foncier (IBI), avec une moyenne nationale de 90,49 €, la taxe de circulation (61,86 €) et la redevance pour les ordures ménagères (89,54 €).
Pour l’IBI, les écarts sont frappants : à Soria, les habitants paient en moyenne 176,26 €, soit près du double de la moyenne nationale, tandis qu’à Pampelune, la facture tombe à 23,44 €, soit environ un quart seulement du montant moyen.
Côté circulation, Saint-Sébastien mène la danse avec 87,93 € par an, alors que Santa Cruz de Tenerife et Melilla affichent des tarifs bien plus légers, autour de 34 €.
Quant à la collecte des ordures, les différences sont encore plus marquées : Saint-Sébastien atteint 202,5 € par an, Gérone 170,8 € et Barcelone 156,65 € — des montants deux fois supérieurs à la moyenne nationale. À l’inverse, Soria (27,6 €) et Alicante (27,84 €) restent très en dessous, avec des factures divisées par plus de trois.
Au total, l’écart entre la ville la plus chère et la moins chère pour l’IBI atteint 652 % : un record qui illustre à lui seul l’extrême disparité fiscale du territoire espagnol.
Factures domestiques : du simple au double entre Barcelone et Bilbao
Côté assurance habitation, la moyenne nationale s’élève à 161,20 € par an. Mais à Barcelone, il faut compter 229,40 €, soit près de 40 % de plus que la moyenne. À l’inverse, Castellón de la Plana reste la plus abordable, avec 129,50 €, environ 20 % de moins que la moyenne nationale.
Pour l’assurance automobile, la tendance se répète : Melilla détient le record avec 338 € par an, soit presque le double de la moyenne espagnole, tandis que Guadalajara et Castellón plafonnent à 150 €, soit environ 15 % de moins.
Les écarts se creusent aussi sur les factures d’énergie. Pour l’électricité, certaines capitales — parmi lesquelles Barcelone, Valencia ou Palma de Majorque — atteignent jusqu’à 794,55 € par an, soit près d’un quart de plus que la moyenne nationale. À l’autre bout de la carte, La Corogne, Bilbao, Lugo, Oviedo, Pontevedra, Saint-Sébastien et Santander s’en sortent avec 423,29 € par an, soit légèrement en dessous de la moyenne.
Le gaz suit le même schéma : dans 26 capitales, dont Madrid, Pampelune ou Valladolid, la facture grimpe à 816,91 € par an, soit près de 20 % au-dessus de la moyenne nationale. À l’inverse, les villes du nord comme La Corogne, Bilbao ou Oviedo restent nettement plus avantageuses, autour de 360,67 € par an, soit presque la moitié du coût moyen.
Panier de courses : Palma, la plus chère
Le panier « type » des ménages espagnols s’établit à 489,67 € par mois. Mais, là encore, tout dépend de l’endroit où l’on remplit son caddie.
À Palma de Majorque, les courses coûtent en moyenne 518,44 €, soit près de 6 % de plus que la moyenne nationale — un surcoût qui confirme que vivre sur une île a un prix. À l’inverse, Jaén reste plus douce pour le porte-monnaie, avec 468,80 € par mois, soit environ 4 % de moins que la moyenne.
Dans le détail, les écarts se jouent parfois à la décimale : le lait atteint 1,12 € le litre à Alicante (près de 12 % au-dessus de la moyenne) contre 0,66 € à Ceuta, soit un tiers de moins. Quant à la baguette, elle se négocie à 1,80 € à Las Palmas de Gran Canaria, alors qu’à Huelva, elle ne dépasse pas 0,50 €.
France vs Espagne : qui gagne la bataille du panier de courses ?
Bus, taxi, essence : le coût du transport s’envole dans les grandes villes
Prendre les transports en Espagne peut vite peser sur le budget, surtout dans les grandes villes. Le ticket de bus simple, fixé en moyenne à 1,29 €, atteint 2,65 € à Barcelone — soit plus du double de la moyenne nationale — et 2 € à Palma de Majorque. À l’opposé, Lugo affiche un tarif plancher à 0,64 €, tandis que Ceuta et Ourense restent abordables avec 0,85 € le trajet.
Côté taxis, les écarts sont tout aussi marqués : le kilomètre en journée coûte en moyenne 1,37 €, mais grimpe à 3 € à Huelva et 2,33 € à Barcelone ou Castellón, soit près du double du tarif moyen. Les courses les plus avantageuses se trouvent à Huesca (0,50 € le kilomètre) et Ourense (0,75 €).
Enfin, pour faire le plein de 50 litres d’essence 95, les automobilistes déboursent en moyenne 73,98 €. Mais le ticket grimpe à 79,8 € à Palma de Majorque et 78,91 € à Barcelone, tandis qu’il tombe à 55,31 € à Santa Cruz de Tenerife et 57,08 € à Las Palmas de Gran Canaria.
Sortir en Espagne : de Barcelone à Cáceres, la note change tout
Même les petits plaisirs du quotidien n’échappent pas aux disparités régionales. Une place de cinéma coûte en moyenne 8,03 € en Espagne, mais grimpe à 10 € à Barcelone et Madrid, soit un quart de plus que la moyenne nationale. À Ségovie, en revanche, on peut encore s’offrir une séance pour 6,25 €.
Côté bière, même scénario : la traditionnelle pinte de 0,5 litre revient à 4 € à Barcelone et Palma de Majorque, contre 1,5 € à Cáceres.
Les meilleurs clubs de Barcelone : où sortir pour une nuit inoubliable
Revenus et dépenses : le grand écart espagnol
Les villes les plus chères concentrent souvent les meilleurs revenus — mais pas toujours. Cinq des dix capitales les plus coûteuses figurent aussi dans le top 10 des revenus par ménage, preuve qu’un certain équilibre subsiste dans les grandes métropoles. Barcelone illustre bien ce duo : troisième au classement des revenus, elle combine salaires élevés et coût de la vie soutenu.
À l’opposé, Zamora reste abordable avec des dépenses 12 % sous la moyenne nationale, mais ses habitants gagnent environ 15 % de moins que la moyenne espagnole. Plus inquiétant encore, Grenade, Malaga et Almería cumulent un coût de la vie élevé et des revenus faibles, un décalage qui met en lumière les tensions économiques d’une partie du sud du pays.
Tout n’est toutefois pas figé : si l’on ne peut pas agir sur le prix des loyers ou des taxes locales, changer de fournisseurs d’énergie, d’assurance ou de télécoms peut offrir une vraie marge de manœuvre. Selon l’étude, les ménages espagnols pourraient économiser en moyenne 1.420 € par an, et jusqu’à 3.400 € pour ceux qui quittent les offres les plus onéreuses du marché.
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