Olivier Ramadour est le nouveau Consul de France à Barcelone, où il arrive après un parcours international marqué par la coopération et le développement, notamment en Amérique latine et en Turquie ; puis une étape auprès de l'ex-maire de Bordeaux Alain Juppé (comme directeur général des relations internationales). Interview.
Qu'est-ce qui vous a motivé à postuler pour devenir consul à Barcelone ?
Le choix est en partie lié à la dimension de cette "ville monde" que représente Barcelone, que j'avais pu redécouvrir ces dernières années dans le cadre de mes fonctions à Bordeaux, pour y étudier notamment les expériences sur la ville intelligente. C'est un exemple parmi d'autres des secteurs où la France et la Catalogne ont beaucoup à partager, à travers nos expertises respectives, avec la mise en place de partenariats efficaces entre public et privé. Au delà de Barcelone, nous sommes ici dans une circonscription qui regroupe officiellement 38.000 Français, c'est à dire l'une des dix plus grandes populations de compatriotes expatriés, en plus de ceux qui ne sont pas enregistrés au consulat ou qui sont seulement de passage. C'est dire l'enjeu et le rôle important de notre consulat.
Une circonscription qui regroupe officiellement 38.000 Français, c'est à dire l'une des dix plus grandes populations de compatriotes expatriés
Comment envisagez-vous votre rôle de nouveau consul ?
Il y a bien évidemment plusieurs facettes dans cette fonction, dont deux qui me semblent prioritaires aujourd'hui, à commencer par la dimension du service public de proximité, particulièrement importante au cœur de cette crise sanitaire. La communauté française a besoin, sans doute plus qu’habituellement, d'une aide de proximité qui est déjà assurée par toutes les équipes du consulat, et que je vais m'attacher à poursuivre et renforcer.
La deuxième priorité concerne la promotion des initiatives de part et d'autre des Pyrénées pour susciter de nouveaux liens transfrontaliers ; c'est ce qui donne la vraie mesure de notre identité européenne aujourd'hui. Je parle de la dimension économique, mais aussi culturelle et éducative. Je pense qu'il y a encore beaucoup de choses à faire en matière de recherche et de coopération universitaire.
La communauté française a besoin, sans doute plus qu’habituellement, d'une aide de proximité qui est déjà assurée par toutes les équipes du consulat, et que je vais m'attacher à poursuivre et renforcer.
Quel est aujourd'hui l'impact de la crise du Covid-19 sur la communauté française ?
L'impact est différent selon les territoires de notre circonscription. Il est très fort par exemple pour la communauté française implantée aux Baléares, dont l'activité économique est très liée au tourisme. Nous avons donc affaire à des situations difficiles socialement, économiquement et humainement. C'est aussi le cas en Catalogne pour les professionnels de la restauration et l'hôtellerie. Seule notre communauté d'Aragon, dont l’économie est moins dépendante du tourisme, échappe quelque peu à ces difficultés. Mais dans tous les cas, cette crise creuse les inégalités, C'est pour cela que la France a notamment mis en place des bourses spécifiques afin de répondre aux besoins des parents dont les enfants sont scolarisés dans des établissements français. L'État français propose également une aide exceptionnelle (1) pour pallier la chute brutale des revenus et permettre de faire face aux dépenses vitales en attendant que les aides nationales soient effectives en Espagne.
Cette crise creuse les inégalités
Que répondez vous aux Français de Catalogne, comme de l’ensemble de circonscription, qui peuvent avoir eu le sentiment de ne pas avoir été assez pris en compte ?
Je ne pense pas que ce sentiment soit justifié, comme en témoignent les aides que je viens d'indiquer. Les Français de l'étranger sont d'ailleurs pleinement pris en compte dans le plan de relance de Franck Riester (2). Comparé aux autres grandes puissances, l’État français est celui qui vient le plus en aide à ses ressortissants à l'étranger. C'est aussi pour cela que nous avons multiplié les représentants élus de la communauté française et que l'on renforce les pouvoirs des conseillers consulaires qui seront élus en mai prochain. À ce titre, il est justement important que la communauté française de l'étranger soit active. C'est un message important à l’attention de ces Français qui pourraient s'estimer à tort en manque de considération : il doivent se mobiliser pour avoir des élus qui les représentent et qui légitiment toute démocratie représentative. Comme viennent de le prouver à nouveau les élections aux États-Unis, le scrutin reste le moyen le plus sûr et le plus efficace pour peser sur les décisions, pour s'impliquer dans la vie de la communauté nationale, en France comme à l'étranger.
(1) 171,10 € par mois et par ménage (+ 114,07 € par enfant à charge).
(2) Franck Riester est ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur