Suite à l'annulation par le Conseil constitutionnel du scrutin de juin 2017, les élections législatives pour (ré)élire un député sur la 5e circonscription des Français de l'étranger (Espagne, Portugal, Andorre, Monaco), auront lieu les 8 et 22 avril. Nous avons sollicité l'ensemble des candidats afin, sur cette courte campagne, de les présenter à notre lectorat.
A 56 ans, cet expatrié à Barcelone depuis 2008, diplômé de l’Institut des Hautes Etudes Economiques et Commerciales (Inseec), dirigeant d'une société de cosmétique, Président et fondateur du Front des Patriotes Républicains, ex-membre du Front National, se présente pour la seconde fois sur la circonscription. Nous retranscrivons ici les réponses faites par écrit par le candidat aux questions que nous lui avons envoyées par courrier.
lepetitjournal.com : Que pensez-vous de l'annulation des élections décidée par le conseil constitutionnel en février dernier ?
Ludovic Lemoues : Très sincèrement, je ne savais pas que Laurence Sailliet avait contesté l’élection de juin 2017. J’ai donc appris cette décision, comme tout le monde, en février et avec une grande surprise. En effet, même si j’ai pris note des motivations de la décision du Conseil Constitutionnel et pris note des irrégularités de François Ralle-Andreoli, je trouve cette décision un peu "violente" et injuste car la députée sortante Samantha Cazebonne, a été élue démocratiquement et avec un score sans appel ! Aussi annuler son élection pour un problème entre la candidate arrivée en troisième position (Laurence Sailliet) et celui arrivé en seconde (François Ralle-Andreoli) me parait juste "étonnant". Quant au fait que François Ralle-Andreoli se représente, alors qu’il n’a pas fait appel de la décision du Conseil constitutionnel, ce qu’aurait fait toute personne innocente des faits qui lui sont reprochés, je trouve que cela en dit long sur les valeurs qu’il défend…
On demande donc aux Français de revoter car l’élection a été annulée par une candidate qui ne se représente même pas (Laurence Sailliet) et risque de profiter à celui qui a commis des irregularités (François Ralle-Andreoli) : joli tableau démocratique…
Quelles sont les grandes lignes du projet que vous avez imaginé pour les Français de la 5e circonscription et quelles sont, selon vous, les problématiques les plus importantes à traiter ?
Aujourd’hui, tous les candidats sont dans l’immédiat et se focalisent sur des mesures "électoralistes" : demander la suppression du décret du 31.12.2017 qui instaure l’augmentation de 1,7 % des prélèvements d’assurance maladie sur les retraites des Français établis hors de France ; demander le rétablissement des 33 millions d'euros de budgets supprimés à l’AEFE et qui va entraîner 512 suppressions de postes d’enseignants dans les Lycées français… Mais arrêtons l’hypocrisie et la langue de bois : Samantha Cazebonne, députée sortante LREM, pourtant proche du gouvernement actuel, n’a rien obtenu et a même laissé faire concernant ces deux mesures et elle n’obtiendra rien de plus même avec un nouveau mandat ; François Ralle-Andreoli, si pressé de rejoindre le groupe parlementaire de la France Insoumise, promet de tout révolutionner, mais en dehors de descendre dans la rue qu’a fait Jean Luc Mélenchon depuis 10 mois pour nous défendre, nous, Français de l’étranger ? Qu’a-t-il obtenu concrètement ? Rien. Alors ce n’est pas François Ralle-Andreoli qui obtiendra grand-chose…
Les Français ont le droit de savoir ce qu’on compte faire pour eux, mais surtout comment on compte le faire. Mes priorités sont simples. Par ordre d'urgence :
• Faire annuler le décret du 30.12.2017, pour redonner du pouvoir d’achat aux retraités, mais je dis comment : en attaquant ce décret devant le Conseil d’État, car de la même façon que prélever une CSG-CRDS sur des retraités de l’étranger était un non sens, augmenter leurs prélèvements d’assurance-maladie est une injustice : or face à l’injustice, il y a les juges !
• Empêcher la mise en place d’une nouvelle formule de la CSG-CRDS actuellement en préparation à Bercy pour contourner la décision de la Cour Européenne de Justice ;
• Obtenir de nouveaux crédits pour l’AEFE, de façon à compenser les "réductions Macron" en lui donnant accès à des financements novateurs (collecte de la taxe d’apprentissage, meilleur gestion de son patrimoine immobilier…) ;
• Empêcher la privatisation des Lycées français de l’étranger, actuellement à l’étude au sein du gouvernement, qui entraînerait une explosion des frais d’écolage à la charge des familles et la suppression des bourses.
Puis dans un second temps :
• Lancer un grand plan école pour créer de nouveaux Lycées français dans notre circonscription, comme cela a été fait avec succès en Angleterre, et permettre ainsi d’accueillir plus d’enfants, tant Français qu’étrangers ;
• Mettre en place un système d’assistance sociale novateur et permettre à tous les Français de la circonscription de continuer à bénéficier de la sécurité sociale française grâce à la télé-médecine, qui se développe de plus en plus et qui permet de consulter via Internet un médecin français, remboursé par la sécurité sociale française. On pourrait même imaginer de mettre en place dans les consulats et les ambassades des cabines de télémédecine, qui permettraient de faire des diagnostics avec un médecin qui soit à distance ;
• Continuer à simplifier les formalités consulaires en développant les formalités en ligne ;
• Rétablir le vote en ligne pour les scrutins électoraux ;
• Aider les Français de l’étranger à bénéficier d’une solidarité dans leur pays d’accueil, grâce à une réorientation des missions des consulats et des ambassades, qui devraient offrir des services plus dynamiques : aide à l’implantation des jeunes entrepreneurs, aide aux familles entrantes pour les formalités à accomplir à leur arrivée…
• Créer un pôle emploi des Français de la circonscription, pour faciliter la recherche d’emploi des Français dans leurs pays d’accueil.
Si vous êtes élu, de quelle façon allez-vous vous organiser pour être présent et accessible auprès des Français de la circonscription ?
Je vis à Barcelone, ma famille vit à Barcelone, mon fils va à l’école à Barcelone, donc naturellement j’installerais ma permanence à Barcelone, et continuerais à faire comme je le fais actuellement dans le cadre de mon activité professionnelle : des allers-retours sur Paris, en l’occurrence pour siéger à l’Assemblée, puis retour dans la circonscription… Toutefois, afin de tenir compte de tous les Français de la circonscription, je mettrais en ligne un calendrier de mes permanences tournantes, en particulier sur Madrid et Lisbonne, où je m’engage à aller chaque mois pour être à l’écoute des Français de la circonscription. Cette proximité me paraît en effet essentielle pour prétendre être un bon député.
Quel est votre lien avec le Front National et en quoi le Front des Patriotes Républicains se distingue de cette formation ?
Mon lien avec le FN figure dans ma bio, je suis donc transparent, c’est en ligne sur mon site de campagne. J’ai découvert la politique grâce au FN, j’y ai milité et j’y ai eu quelques responsabilités, et ce durant 2 ans environ (2014-2016). Mais pour diverses raisons et en particulier programmatiques, j’ai préféré en partir pour pouvoir créer mon propre parti, et exprimer ainsi mes idées et mes différences. Aujourd’hui mes idées sont très proches du projet porté par Nicolas Sarkozy en 2017 et je regrette que ce ne soit pas sa candidature qui ait triomphé lors de la primaire des LR. Le FPR est un parti profondément attaché à l’Europe et à l’Union européenne, même si nous pensons qu’il y a dans son fonctionnement et ses missions des changements importants à apporter. Le FPR est profondément attaché à la zone Euro. Le FPR n’est pas contre l’immigration, ce qui serait d’ailleurs un non sens puisqu’en tant que Français de l’étranger nous sommes nous-mêmes des migrants… Et personnellement je suis reconnaissant à l’Espagne et à la Catalogne de nous accueillir si bien. Par contre au FPR, nous sommes attachés à une immigration contrôlée et sélective, nous voulons que les migrants dont les dossiers sont rejetés soient renvoyés dans leurs pays d’origine plutôt que laissés sur le territoire français, sans statut…
Que peut-t-on dire à nos lecteurs pour les inciter à aller voter les 8 et 22 avril ?
Tout dans cette élection a été fait pour décourager les Français d’aller voter ! Entre la publication de la décision du Conseil constitutionnel et la date du vote, le délai a été très court, la campagne électorale tombe en pleines vacances scolaires, les délais fixés pour activer le vote par correspondance ont été très courts. De plus, très sûrs d’eux, les deux candidats du second tour de juin 2017, la députée sortante Samantha Cazebonne (LREM) et le candidat soutenu par les communistes et l’extrême gauche (France Insoumise), François Ralle-Andreoli, ne dialoguent qu’entre eux. Or on a d’une part une député qui n’a rien fait pendant 10 mois, et d’autre part un candidat qui n'a pas respecté les règles électorales ! Il faut donc que les Français se mobilisent, car demain c’est la personne qu’ils décideront d’élire en avril, qui les représentera pour encore 4 ans à l’Assemblée nationale. Les Français d’Espagne, du Portugal, d’Andorre et de Monaco, méritent mieux que le duo du second tour de juin 2017 !