Isabelle Dessureault est la nouvelle chef de poste du Bureau du Gouvernement du Québec à Barcelone. Une officine qui représente toute la péninsule Ibérique, avec des missions à la fois diplomatiques, économiques et culturelles.
lepetitjournal.com : Pourquoi le choix de Barcelone pour l'implantation du Bureau du Gouvernement du Québec ?
Montréal et Barcelone ont toujours été très proches. Ce sont deux points d’ancrage des liens historiques et culturels qui unissent le Québec et la Catalogne. Les gouvernements québécois et catalan ont d’ailleurs signé une entente officielle de coopération en 1996, avant même l'ouverture du Bureau, en 1999. Quand il a été décidé d'ouvrir cette délégation diplomatique en Espagne il y a 20 ans, le choix de Barcelone a donc été tout naturel. La capitale catalane a également cette énergie économique et culturelle qui nous ressemble, avec sa dimension d'innovation, de ville agile et créative. Bien sûr, nous ne négligeons ni Madrid ni les autres régions d'Espagne, mais nous ressentons en Catalogne ce sentiment de compréhension et d'empathie.
Quel est votre parcours ?
J'ai toujours travaillé dans le secteur privé, dans des entreprises de référence au Québec. De fait, avant d'arriver ici en novembre dernier, j'avais passé un an à Mumbai dans un incubateur de start-up et nouvelles technologies ; un projet particulièrement dédié aux femmes, car "l'empowerment" féminin est l'une des causes qui me tiennent à cœur. J'ai ensuite reçu cette proposition de représenter le Gouvernement du Québec à Barcelone, car notre Premier Ministre souhaite impliquer la communauté des affaires dans cette mission. Cela s'inscrit aussi dans une logique de diplomatie économique, c'est-à-dire de représenter les intérêts du Québec et favoriser les interactions avec la Catalogne et le reste de la péninsule Ibérique. Il faut savoir que les échanges commerciaux entre le Québec et l'Espagne représentent environ 1 milliard de dollars canadiens de chaque côté, en moyenne depuis trois ans. Et le traité commercial qui vient d'être signé entre le Canada et l'Union européenne (1) peut ouvrir de nouvelles opportunités pour le Québec, comme pour l'Espagne et la Catalogne.
Quelles sont vos missions à Barcelone ?
C'est d'abord de faire rayonner les valeurs, la culture et la langue du Québec. Cela passe par exemple par la promotion des industries créatives, une grande spécialité du Québec dont nous sommes très fiers, mais aussi les arts numériques, la culture digitale... Nous devons également de trouver des maillages à tous les niveaux, entre les entreprises, les universités et les chercheurs, pour faire émerger des projets mixtes. Il s'agit en somme d'intensifier les échanges que nous entretenons depuis plus de vingt ans. Cela peut être sur le plan scientifique à travers des problématiques communes telles que le changement climatique, ou encore d'un point de vue culturel, administratif ou social, pour un échange de meilleures pratiques, comme par exemple sur la prévention des violences faites aux femmes ou en matière d'intelligence artificielle. Je veux aussi avancer sur le thème du tourisme intelligent, dans la perspective d'un nouveau mode de voyager, un "tourisme 4.0" en quelque sorte.
Quelles sont vos relations avec la communauté francophone de Barcelone ?
La francophonie tient évidemment une place importante. À ce titre, nous soutenons le festival de cinéma Ohlalà ! le festival de théâtre « oui ». Nous allons être actifs en mars dans le cadre du mois de la francophonie, et même au delà avec les célébrations du 50e anniversaire de L'Organisation internationale de la Francophonie, très importante pour le Québec. Je pense que nous portons aussi mettre en place des choses intéressantes d’avec le nouveau directeur à l'Institut français de Barcelone, car nos visions se rejoignent. Sans oublier les échanges entre les établissements scolaires catalans qui enseignent le français et le Québec, où nous avons deux universités qui enseignent le catalan, à Laval et Montréal. Même si nous ne sommes pas ici en pays francophone, cette dimension linguistique résonne positivement en Catalogne ; car Au Québec, nous vivons dans un bain d'à peu près 400 millions d'anglophones tous les jours, donc nous sommes des battants et il ne faut pas baisser les bras. Et quand on a des artistes comme Robert Lepage ou Denis Villeneuve, il faut pas baisser les bras ! Les Catalans le comprennent parfaitement.
(1) Accord économique et commercial global (AECG) ou Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA)